Notes relevées sur les registres paroissiaux de Concoret tenus par l'abbé Guillotin lors de la Révolution (suite)

 

 

 

 

1795

Baptêmes

Désiré ROLLAND, fils de Mathurin et de Perrine MORFOUESSE, né à Gaillarde le 5 janvier 1795. Parrain Alexis GORTAIS. Marraine Marie ROLLAND.

Marie Jeanne ROLLAND, fille légitime de Pierre ROLLAND et de Marie CLAUDE, née à Gaillarde le lundi 26 janvier 1795 et baptisée le lendemain. Parrain Mathurin HUET. Marraine Michelle CLAUDE

Dominique ROLLAND, fils de Guillaume et de Sébastienne JALLU né en la Cabane en Paimpont le mardi 27 janvier 1795. Parrain Jean BERSON Marraine Barbe GUILLOMARD

Jean Marie ROLLAND, fils de Mathurin et de Marguerite DUNO né à Comper au lieu dit Rezel le dimanche 25octobre 1795. Parrain Mathurin ROLLAND. Marraine Jeanne SIMON.

Ces enfants ont été baptisés secrètement par moi en raison de la persécution.

En 1795 il y a eu 140 baptêmes et 26 mariages

 

Mariages

Yves ROLLAND fils de Joseph et de feue Michelle MENUE et Anne MACHART, fille de Jean Baptiste et de Marie URIEN, tous deux natifs de Paimpont, ayant été dispensés des trois bans canoniques ont reçu la bénédiction nuptiale par mon ministère le 10 octobre 1795.

 

11 janvier 1795 - Un détachement de soldats passe par le bourg de Concoret, étant à la poursuite d'environ 600 royalistes commandés par BOULAINVILLIERS et qui persécutent les patriotes vers Guilliers et Loyat. Ces soldats ont fait des fouilles et ont pris 2 fusils à Haligan et au Bran.

Depuis la toussaint 1794, la persécution contre la religion s'est un peu calmée. L'avocat ROBERPIERRE impie et sanguinaire, après avoir fait couper les meilleures têtes de France, a été lui même guillotiné vers la fin de juillet par ceux qui l'avaient aidé dans sa barbarie. On paraît voir aujourd'hui la nécessité d'épargner le sang. On ne guillotinera plus les prêtres mais qu'on les garderait en prison ou dans des maisons de détention. A ceux qui dénonceraient les prêtres, on ne les paierait plus, alors que jusqu'à présent on payait les dénonciateurs 60 francs et souvent plus. Au commencement de 1795 on permet même aux prêtres catholiques de sortir de prison.

5 mars 1795 - Pendant la nuit, le chêne de la liberté planté l'an dernier à la place de la croix au cimetière de Concoret pour signifier l'abolition de la religion chrétienne a été coupé et abattu.

Mardi 24 mars, après-midi - Attendu les arrêtés du district de Ploërmel qui semblent donner la liberté aux prêtres catholiques dit "réfractaires", les habitants de Concoret se sont mis tout à coup à réparer l'église et a y remplacer les statues des saints et tout ce qu'on avait pu sauver. Ils ont travaillé beaucoup et, le soir, le maire Jean GUYOMARD et quelques autres viennent m'engager à y faire la messe le lendemain. J'ai hésité longtemps, craignant d'attirer des troubles pour les habitants ou d'être blâmé par mes supérieurs ecclésiastiques. Mais pressé par les habitants j'ai béni l'église le jour de l'Annonciation 25 mars et j'ai chanté la messe qui a été répondue par Monsieur EMERY, prêtre de Langourlas, caché à Concoret depuis un an. J'en ai aussitôt prévenu Monseigneur ROZY notre grand diacre, sorti depuis peu de temps de prison du Mont Saint Michel. J'apprends que dans beaucoup d'églises voisines des prêtres ont aussi chanté la messe.

Dimanche de Pâques, 3 avril 1795 - Est arrivé à l'église, Monsieur REGNARD prêtre de Concoret qu'on croyait en Angleterre et qui, en effet y était allé mais en était revenu quelques jours après et s'était caché depuis à la Dorbelais, chez lui. Pendant les fêtes de Pâques paraissent au bourg de Concoret, publiquement, quelques particuliers portant cocarde blanche et se disent soldats de l'armée catholique. On les nomme "chouans". Ils s'attroupent, prennent les fusils des patriotes et coupent les cheveux aux dénonciateurs.

En avril 1795 - Il s'est tenu à Rennes, entre les gens de Paris et les royalistes de Bretagne cantonnés à la Prévalaye, un congrès qui a été sans succès. Il a été rompu le 24 avril, les républicains ayant fini par trahir les royalistes.

Nuit du 1er mai 1795 - Un détachement de républicains allant de St Méen à Plélan prend, près de la Dorbelais, Jean CLEMENT, GUERITTE pour les conduire à la Rue es Renards où sont où sont postés plusieurs particuliers qui s'imaginent avoir affaire à des chouans et qui font une décharge. Un soldat est blessé à mort et Jean CLEMENT est blessé de plusieurs grains de plomb.

Lundi 11 mai - Vers 7h1/2 du soir, par ciel serein, on entend à Concoret et environs, un bruit en l'air, comme deux coups de canon, et on voit en l'air un globe de feu. On ignore ce qu'est ce phénomène

En avril-mai 1795 - Des loups enragés ont mordu dans la forêt de Paimpont un grand nombre de vaches qui ont enragé et sont crevées. Les loups ne faisaient aucun mal aux personnes qui les rencontraient.

6 juin 1795 - Un e troupe de royalistes est allé désarmer les citoyens de Gaël et a enlevé chez Monsieur MICHEL régisseur de Comper deux couleuvrines qu'il avait enlevées au château de Comper avant l'incendie de 1790.

18 juin 1795 - Au point du jour, arrivent à Concoret 120 soldats républicains à la recherche des royalistes. Ils ont bu et mangé chez divers particuliers et sont retournés à Plélan. En juin 1795 est mort en prison à la tour du Temple à Paris Louis Charles le fils unique de Louis XVI. Il avait 10 ans. On dit qu'il a été empoisonné, d'autres croient qu'il est mort de chagrin. Cet enfant de douleur a vu mourir sur l'échafaud son père et une tante et a été traité avec toutes sortes de cruautés par l'insolent cordonnier qui est son gardien et par d'autres gens inhumains.

Dimanche matin 21 juin 1795 - Arrive à Concoret un détachement de 100 soldats de la nation venant de Ploërmel . Ils ont pris au Rox et au Tertre 6 charrettes de grain et ont obligé les gens de l'endroit à les emmener. Je n'ai osé dire la messe qu'après leur départ.

Fin juin 1795 - On parle d'un débarquement d'émigrés à Carnac et Quiberon. Par les grands chemins voisins passent des troupes de la république qui vont s'opposer au débarquement. Elles pillent tout partout le long des routes. Les royalistes se remuent, ils ont un camp à Ménéac. La nuit du 4 juillet ils sont venus à Concoret enlever deux bœufs à Paul MACE, deux bœufs et un cheval à VIALLET aîné, à cause qu'ils sont acquéreurs de biens nationaux. Les habitants de Gaillarde et la Ville Danet tiennent un fort, corps de garde à la Rue es Renard pour se défendre des royalistes. Il y en a un autre à Beauvais, un au bourg de St Malon, un à Muel et un à Bléruais

9 juillet 1795 au matin - Arrivent à Comper 120 soldats républicains venant de St Malon pour chercher les royalistes. Ils ont pillé au Moulin St Marc, à la prise et sont allé à Telhouët.

Dimanche 30 août 1795 - Deux particuliers de gaillarde et trois de Plélan se sont présentés au bourg de Concoret armés de fusils à l'issue de la dernière messe et ont menacé et insulté plusieurs personnes. Ils sont revenus au commencement des vêpres, l'un d'eux est entré dans l'église tout armé et sans se découvrir, frappait sur le pavé avec le canon de son fusil, contrefaisait le prêtre qui faisait la cérémonie et chantait et tachait de troubler le service divin. Au sortir de l'église, ils ont dit bien haut que les prêtres ne diront pas longtemps la messe et que si j'avais prié pour le roi, ils m'eussent fusillé dans l'église.

Vers 7 heures du soir ce même jour, les particuliers assistés de quelques autres du cantonnement de Gaillarde, ont passé par le Pertuis du Faou et la Croix des Garennes et sont allés à la Jeannette. Ces gens armés et ivres pour la plupart ont enfoncé la porte de Julien FILY qu'ils ont fort maltraité et de Julien JOSSE dont la fille a été cruellement battue parce qu'elle avait reconnu deux hommes et les avait appelés par leur nom. De là ils sont allés aux Liordais et à la Gourichais et ont entouré la maison de la veuve GUILLOU DESVALLEES. Pierre LECOMTE de Comper, qui se trouvait chez elle pour arranger son mariage avec la fille de la dite veuve, a voulu s'évader par la porte de derrière mais il a été saisi par ces malfaiteurs. Ils l'ont traîné proche Rochalou où ils l'ont massacré à coups de baïonnettes. Puis par réjouissance ils ont fait une décharge de coups de fusils. Le cadavre est resté jusqu'au mardi vers 10 heures. Le juge de paix de Néant ayant refusé de faire les formalités usitées. L'infection a obligé de l'enterrer.

20 septembre 1795 - On a fermé l'église et cessé d'y célébrer l'office divin à cause d'un décret du 6 courant, rendu contre les prêtres.

Samedi matin 26 septembre 1795 - Deux cavaliers armés, se disant royalistes, ayant des chapelets à leurs boutonnières, postés dans le Lohit vers la Dorbelais, arrêtent deux patriotes de Paimpont qui allaient au marché de St Méen , leur prennent une jument, leur montre et leur argent.

Samedi 5 octobre 1795 - Durant la nuit des particuliers viennent aux Fossettes où ils ont pris une vache et une génisse au patriote Pelé MORFOUESSE. Chez Paul MACE, acquéreur du Tertre, ils ont pris quelques boisseaux de froment. On présume que ce sont des royalistes.

Septembre et octobre 1795 - Des particuliers inconnus, postés sue les chemins, prennent le blé aux blatiers venant de Mauron et du Bois de la Roche. Ils prennent aussi les marchandises à plusieurs habitants de Paimpont.

Fin de septembre 1795 - On parle d'une descente d'Anglais et d'émigrés vers Nantes. Les soldats qui s'y rendent par les grandes route de Gaël et de Plélan font beaucoup de pillages.

Commencement d'octobre 1795 - Beaucoup de personnes de Concoret sont appelées à Ploërmel pour témoigner pour le meurtre de Pierre LECOMTE mais il n'y a eu aucune suite attendu que les coupables sont patriotes.

Mi-octobre 1795 - Les royalistes viennent en détachement par Concoret, établissent des corps de garde, menacent le cantonnement de Gaillarde, prennent du grain chez les acquéreurs de biens nationaux et en donnent quittance.

Lundi 19 octobre 1795 - Avant le jour, un détachement de soldats républicains accompagné de gens de Gaillarde, est venu à la Dorbelais chez Monsieur REONARD dont ils ont maltraité le père et la sœur et à la Haie, chez Jacques ROSSELIN où, étant couché, Monsieur PEBIN, prêtre de Guer qu'ils n'ont pu trouver et dont ils ont pris le chapeau, la montre et tout ce qui se trouvait dans ses poches. Jacques ROSSELIN et son domestique ont été emmenés à Gaillarde mais renvoyés peu de temps après. Le même jour d'autres soldats sont venus fouiller chez Robert DANDIN à la Rue Eon et à la Haye chez Pierre DUROX à qui ils ont volé 18 écus d'argent.

24 octobre 1795 - Les royalistes ayant sommé l'acquéreur du Tertre, Paul MACE, de déguerpir, il est allé se réfugier à Plélan avec sa famille et ses effets, accompagné par un détachement de soldats qui ont beaucoup pillé aux environs.

28 octobre 1795 - Jour de foire de Mauron, une troupe de patriotes armés, de Beauvais et de Gaillarde, postés au bas de la lande de Lambrun, le long du chemin jusqu'au Rox, a fait plusieurs décharges de fusils et a emmené à Plélan, Mathurin JOUBINEAU de Vaubossard, déserteur des armées de la République.

Vendredi 30 octobre 1795 - Arrive à Concoret un détachement de 80 soldats républicains qui y séjournent jusqu'au 2 novembre. Ils ont couché 8 nuits dans l'église où ils avaient mis de la paille. Ils y ont fait des danses, des jeux, de toutes sortes d'impiétés, ont dégondé et abattu la porte de la sacristie, pris les rideaux des confessionnaux, les accompagnements des statues de sainte Anne et autres saints, ont brûlé tous les escabeaux de l'église, ont brisé les portes du presbytère pour y entrer, ont volé un peu partout dans la paroisse, des canes, des poules etc... et sont retournés à Ploërmel avec 4 charretées de blé prises au Rox et à Tuboeuf.

11 novembre 1795 - Vers midi, Jean DUPRE de la Ville Danet et un fils de Thomas PATIER de Telhouët qui abattaient du bois acheté d'avec l'acquéreur révolutionnaire, ont été fusillés par les royalistes à la Prise-Motin dépendant de la maison des forges de Telhouêt.

16 novembre 1795 - Une trentaine de soldats de la garnison est venue prendre de la farine du moulin de Tuboeuf et ont pillé à la Chauvelaie

Mardi matin 17 novembre 1795 - Avant le jour, une centaine de gens armés, tant soldats de Plélan que patriotes de Gaillarde sont venus à St Marc chez SAILLARD à Comper chez la veuve Louis GUYOMARD et Louis LECOMTE, au bourg Chez Maurice JALLU et puis ils sont allé à Rénihal, le Rocher, le Bran, Haligan et ont rejoint la forêt. Dans cette incursion, ils ont beaucoup pillé et ont emmené jusqu'à Rénihal, deux des GUYOMARD de Comper, enchaînés. Là, ils les ont renvoyés, ne trouvant pas de quoi les accuser.

Dans la nuit du 19 au 20 novembre 1795 Les royalistes ont saisi et fait mourir à St Malon le nommé HAMON, capitaine républicain du lieu qui, les jours précédents était allé persécuter les aristocrates de Muel et de St Malon.

Fin novembre 1795 - Les royalistes vont au bourg de Gaël inquiéter les acquéreurs de bien nationaux. Le 29 novembre, un dimanche de l'avent, combat proche du frêne de Néant vers midi entre royalistes et républicains à l'occasion d'Ambroise ALIX que les républicains conduisaient en prison à Ploërmel. Postés dans un champ, les royalistes font une décharge sur les républicains qui perdront une quinzaine des leurs, un royaliste de St Gouelo est tué. Le soir les républicains rencontrent sur les lieux 2 hommes de Néant et un colporteur de toile, ils les tuent.

2 décembre 1795 - Mathurin NOGUES, curé constitutionnel de Muel est tué par les royalistes. Les royalistes marchent vers la Basse-Bretagne.

Jour et nuit de Noël 1795 - Les royalistes vont chez les jeunes gens au dessus de 25 ans qui n'avaient pris aucun parti et les obligent à une contribution de 6, 12 ou 24 francs selon leur moyens. Ils vont aussi chez les acquéreurs de chapelainies et leur en font payer le revenu.

L'acquéreur du tertre, Paul MACE, vient de Plélan avec le reste de ses effets, il conduit à Concoret les soldats de Plélan et les patriotes de Paimpont. Les gens ont fait toute sortes de cruautés et de brigandages dans la paroisse. Ils ont été à la Grée chez PAITRENION dont ils ont enfoncé la porte, pour voler. A St Marc chez SAILLARD, ils ont volé 50 francs d'argent et donné à SAILLARD un coup de baïonnette à l'épaule. Ils ont volé à la Jeannette, à la Gourichais, à Fontaine-Bouse où ils ont maltraité Mathurin ROSSELIN et pris tout son argent. Ils ont tiré 3 coups de fusil sue Monsieur REGNARD prêtre mais ils l'ont manqué. Aux Fossettes ils ont pillé chez la veuve PATIER, puis chez monsieur HOUSSIN aux Chênots, puis au bourg chez la veuve FILY, la veuve VIALET, MORICE et autres à Brandeseul, ils ont pillé chez la veuve GUILLOTIN et DUNO à la Chauvelaie , au Vaubossard ils ont pillé aussi, ils ont pillé surtout chez ma mère ou ils ont installé une espèce de corps de garde, menaçant toujours de fusiller ceux qui leur faisaient quelques représentations. Le soir, ils s'en sont retournés, chargés de leurs vols. Il y avait un horloger occupé à raccommoder l'horloge de Concoret, il logeait aux Chênots, ils l'ont emmené avec eux, l'ont tué et ont laissé son cadavre nu entre l'abbaye de Paimpont et La Forge, sans autre motif que pour avoir son argent et les montres que les gens lui avaient données à raccommoder.

La Bretagne est actuellement livrée à toutes les horreurs de la guerre civile par les pillages, massacres et combats journaliers entre royalistes et républicains.

Le 25 mars réouverture des église.

Le 20septembre on referme les églises

 

 

 

1796

Année bissextile 1796

Baptêmes

Reine JOSSE, fille de jean, boulanger et de Reine GUILLOTIN, née à la Roche le 7 avril 1796 et baptisée secrètement par moi. Parrain Jean JOSSE. Marraine Anne JOSSE.

 

Sépultures

Marie HOUSSU, âgée de 10ans1/2 fille de Hyacinthe HOUSSU, sieur de la Touche et de Marie CHARDEVEL, décédée aux Chênots le 14 février 1796, aïant reçu les sacrements avec beaucoup de piété.

Jean HERVOT, natif de Concoret, fils de Jean et de Raoulette CHAUVEL, est fusillé à Gaël, par les patriotes le 27 février 1796.

Mathurin MINIER, natif de Concoret, âgé de 20 ans, fils de feu Jean et de Mathurine BRIAND est fusillé à Trébran par les patriotes du camp de Gaillarde, le samedi de Pâques 26 mars 1796

Julien SILLY, laboureur, âgé de 50 ans, natif de Plélan, époux de Louise MOISAN, a été tué à sa porte au village de la Jeannette par les patriotes du camp de Gaël la nuit entre le21 et 22 mars 1796 et a été inhumé le jeudi saint 24 du dit mois.

Mathurin GLOCHON, laboureur, âgé de 29 ans, fils de Christophe et de Marie CARILLARD, époux de Claire GUILLOTIN a été fusillé par les patriotes du camp de Gaillarde entre Paimpont et la forge le 7 avril 1796 vers 11 h du matin et Claire GUILLOTIN son épouse, âgée de 36 ans, fille de Joseph et Jeanne THOMAS, épouse de Mathurin GLOCHON, a été tuée avec son mari.

Anne GUILLON âgée de 12 ans, fille fort pieuse et bien instruite est décédée à la Métairie le 16 avril 1796 munie des sacrements.

Mathurin MORICE, âgée de 26 ans 5 mois, fils de feu Jacques et de Marguerite PATTIER du Coty, époux d'Angélique GUILLOTIN a été tué par un détachement de soldats républicains proche du bourg de Gaël le mardi au soir 19 avril 1796

Mathurin MOTTAIS, âgé de 20 ans, natif de Concoret, fils de Mathurin et de feue Marie DESBOIS, a été fusillé par les patriotes du camp de Gaillarde le samedi 30 avril 1796 dans le bois du champ proche le château de Comper

Noëlle HERVOT, âgé de 26 ans, fils de feu Jean et de Georgine SIMON, fermière de Brandeseuc, a été fusillé au chêne Crête en Gaël, par des soldats républicains le 11 mai 1796

Joseph François ROSSELIN, âgé de 19ans1/2, fils de feu Joseph et de Jeanne MINIER, natif de Concoret, a été fusillé sur le Pâtis de la Noë Reculard par la garnison du camp de Gaillarde le 25 mars 1796

Charles AMET, âgé de 20 ans, natif de Gaël, fils de feu Julien et de Noëlle BOSCHET a été fusillé sur le Pâtis de la Noë Reculard par la garnison du camp de Gaillarde le 25 mars 1796

Félix GUILLON, âgé de 30 ans, natif de Concoret, fils de feu Jean et de Marie ROSSELIN époux de Mathurine JOSSE a été fusillé par la garnison du camp de Gaillarde dans le bois de Comper, près de l'étang du Pré le jeudi 9 juin 1796

Le 4 mars Jean Marie THOMAS de Rofneuf et Joseph TIENNOT du Clio, royalistes, pris chez eux par les gens de Paimpont et conduits à Rennes y ont été fusillés.

 

 

Notes sur l'année 1796

Cette année commence par de nouvelles poursuites contre les prêtres catholiques, un nouvel acharnement de guerre civile. On n'entend plus parler que de meurtres et brigandages. Les routes sont impraticables, le commerce tout à fait interrompu, les haines et les vengeances sont continuelles. Chacun tremble cher soi, la nuit et le jour.

Le 8 janvier 1796 au matin - 150 soldats républicains accompagnés de quelques particuliers de Gaillarde ont fait un affreux pillage à Renihal et au bourg de Concoret, notamment chez Mathurin MORICE, marchand, chez Vincent PATIER et Marie GUILLOTIN et puis à La Roche et à La Haye.

Le 22 janvier 1796 au matin - Combat à Plumaugat où les Républicains sont battus par les Royalistes et perdent une vingtaine d'hommes. Le soir, les soldats de Broons viennent s'en venger sur les habitants paisibles de l'endroit dont plusieurs sont massacrés, parmi lesquels Monsieur du FREDOT du Planty et son fils, Guy GAULTIER, ESBOLLARD et autres.

Le 22 janvier 1796 au soir, je me mets en route pour me rendre à St-Servan. Malgré tous les dangers des chemins, je parviens jusqu'à St-Maden ou j'apprends que St-Servan étant en état de siège est presque impénétrable. Le 2 février, jour où je devais tenter la route, un combat a lieu à la Houssard entre les Républicains et les Royalistes, ce qui m'oblige de revenir à Concoret où j'arrive le 6 février.

En février 1796 parait un décret de l'Assemblée de Paris qui renouvelle toutes les peines portées contre les prêtres catholiques du temps de la plus rude persécution de Robespierre, hormis cependant la peine de mort il est ordonné de les conduire aux prisons de Rochefort et de Bordeaux pour être déportés en de mauvais climats de l'Amérique. En Bretagne ils sont presque tous massacrés dés qu'ils sont pris sous prétexte qu'ils favorisent les Royalistes.

En février 1796, les Royalistes et les Républicains se font une guerre continuelle sur le terrain de Concoret qui, étant censé favoriser les Royalistes, est dévasté par les autres, surtout le bourg, le Tertre, Brandeseul, la Chauvelaie, Le Vaubossard, La Roche et La Haye. Le nouvel acquéreur du Tertre fait conduire plus de 30 charretées de ses effets à Plélan par corvées des gens de Concoret.

Le 4 mars 1796, trois soldats armés de la garnison de Gaillarde, étant au village de La Jeannette, sont arrêtés par les Royalistes qui les désarment et les conduisent en la lande de la Croix au Blanc où ils en ont fusillé un.

Le 5 mars 1796, la garnison de Gaillarde accompagnée de quelques particuliers de l'endroit, cherchant par Concoret les trois soldats arrêtés le jour précédent s'est saisie de Léry THOMAS chez SAILLART à Comper, à cause que ses fils sont royalistes, et l'a fait mourir de six coups de fusils dans la pâture de la Juglanne son cadavre y est resté jusqu'au 8 au soir depuis le 5 au matin. Les gens du Pertuis du Faou l'ont apporté au cimetière de Concoret.

Le 4 mars 1796, Jean Marie THOMAS de Rofneuf et Joseph TIENNO du Clio, royalistes, pris chez eux par les gens de Paimpont et conduits à Rennes, y ont été fusillés.

Le 13 mars 1796 dimanche de la passion, environ 150 royalistes armés ont passé par la Rue Eon, Roche Gruel, le Moulin à papier et se sont rendus à Gaillarde où ils ont fusillé le commandant de la garnison, Yves COURTET, Etienne MOTTAY et Etienne PROVOST, et de là ont pris la route de Thélouët et de St-Malon.

Le 7 mars 1796, des gens armés ont pris nuitamment Julien ETETIN du village de Comper et l'ont conduit dans les avenues de Blesruais où ils l'ont fusillé. On dit que ce sont des royalistes qu'il avait dû dénoncer à la garnison de Gaillarde.

Le samedi de Pâques 26 mars 1796, Mathurin MINIER, fils Jean de Trebran, y a été fusillé par la garnison de Gaillarde, parce qu'il s'en était couru en la voyant arriver.

La nuit entre le 21 et 22 mars 1796, la garnison de Gaillarde a pris Julien FILLY de la Jeannette dans son lit et l'a fusillé à sa porte, parce que les Royalistes avaient arrêté chez lui trois soldats de la dite garnison.

Le 6 avril 1796, la garnison de Gaillarde a arrêté aux fossettes Mathurin GLOCHON à son travail et la fusillé le lendemain vers 11 heures du matin dans le Bois de la Forge en le conduisant à Plélan. Claire GUILLOTIN sa femme, qui suivait volontairement son mari en demandant sa grâce et qui jeta de grands cris en le voyant mourir, est massacrée au même endroit par ces gens effrénés. Les deux cadavres restèrent deux jours exposés dans le chemin.

Le 6 avril 1796, la garnison de Gaillarde, conduite par Pierre MORFOUESSE, s'est fait ouvrir l'église de Concoret, a pris à la sacristie linges, cierges, etc : a forcé toutes les clavures, a pris dans le clocher le drapeau tricolore que Monsieur VIALLET avait acheté en 1794 aux frais de la fabrique pour placer sur la chaire et l'a transporté sur la maison du camp de Gaillarde.

Le samedi 30 avril 1796, la garnison de Gaillarde, conduite par Jean MACÉ, a arrêté au bourg de Concoret, Jean Marie BERSON et Mathurin MOTTAY, royalistes armés et les a conduits dans le bois du champ proche le château de Comper où ils ont été fusillés. Leurs cadavres, qui y sont demeurés exposés deux jours, ont été enterrés à Paimpont.

Le 30 avril 1796, le sieur Julien FOULON âgé d'environ 75 ans, natif de Paimpont ci devant fermier général de Comper, époux en dernières noces de Mathurine GUILLOTIN, chassé de sa maison de l'Eustacherie pour cause de la royauté et de la religion, est mort à Guilliers chez Monsieur Augustin FOULON son frère recteur du dit lieu.

Le 11 mai 1796, la garnison de Gaillarde a fusillé au Chêne Cresté en Gaël, Noël HERVET et Yves DE LA TOUCHE fils de la fermière de Brandeseuc. Ces deux jeunes gens royalistes étant à travailler dans un champ à Lanroc et ayant fuis à l'aspect du détachement, coururent jusqu'au chêne Cresté où ils furent assaillis par d'autres soldats qui les massacrèrent.

Le mercredi 8 juin 1796, la garnison de Gaillarde, conduite par Pierre MORFOUESSE, a arrêté Félix GUILLON chez Julien JOSSE son beau père à La Jeannette et l'a conduit dans le bois de Comper où il a été fusillé et son cadavre jeté dans l'étang du pré où il a été plusieurs jours et ensuite enterré à Paimpont.

Le 21 et 22 juin 1796, deux particuliers dont l'un se nomme LA TOUR, qui ont été tantôt royalistes, tantôt républicains, sont venus au château du Rox, ont enfoncé les armoires et pris beaucoup de linge et des habits de Monsieur de BEGASSON.

Sur la fin de juin 1796, les Royalistes de toute la Bretagne ont déposé leurs armes aux chefs lieux de département, par accord fait entre les chefs de deux partis.

En juillet, août et septembre, une affreuse dysenterie règne à Concoret et dans les paroisses voisines et enlève un nombre extraordinaire d'enfants et de vieillards.

Le 29 juillet 1796, Auguste † évêque de Tréguier écrit de St-Helier, île de Jersey, que les pouvoirs des prêtres non assermentés qui ont le bonheur et le courage de rester en France, subsistent et subsisteront jusqu'à la fin de la Révolution. On assure que le souverain pontife a depuis peu manifesté là dessus ses intentions d'une manière positive et formelle.

Le 24 Septembre 1796, j'ai quitté Concoret pour me rendre à ma cure de St-Servan où je suis arrivé le 28, avec beaucoup de difficulté.

Le mercredi 11 mai 1796, un détachement de cent Républicains, venant de Ploërmel et conduit par

CHOCHON et GUILLOU de Mauron et la femme CHARY acquéreur de la métairie du Tertre, est venu à Concoret et s'est fait payer de suite la somme de 100 francs pour ce que les Royalistes ont pris à la dite métairie. Les administrateurs de Concoret ont levé cette somme sur 20 ou 30 particuliers de l'endroit selon leur caprice. Ces soldats, conduits par un chef protestant, ont couché dans l'église et l'ont réduite dans le plus triste état, brûlant les statues des saints, niches, ornements, bouquets et tout ce qui a rapport au culte divin, dansant, chantant et faisant toute sorte de dérision et de blasphèmes contre la religion.

Le 25 mai, la garnison de Gaillarde a cerné la maison de La Rangée où Joseph ROSSELIN et Charles AMET avaient été vus entrer avec des armes et leur ayant protesté qu'il ne leur arriverait aucun mal en sortant et remettant leurs armes, on les a néanmoins fusillés sur le pâti de La Noë Reculant et leurs cadavres y sont restés jusqu'au lendemain.

 

1797

Baptêmes

Louis ROLLAND, fils de Pierre et de Marie CLAUDE de Gaillarde, né le 23 février 1797, baptisé secrètement par moi. Parrain Louis CARO. Marraine Marie DOUBLET

Honorée ROLLAND, fille de mathurin et de Perrine MORFOUESSE née à Gaillarde le 27 juin 1797 et baptisée secrètement par moi. Parrain Philippe JOSSE. Marraine Mathurine ROLLAND

Mathurine JOSSE, fille de Mathurin et de Marguerite ROLLAND née au Liordais le 30 octobre 1797. Parrain Joseph PIRAULT. Marraine Mathurine MOURAULT

Mariages

Jean ROLLAND, cloutier, âgé de 27 ans, fils de feu Mathurin et de Reine Marie PlAIGNET et Mathurine JALLU, âgée de 23 ans, fille de feu Pierre et de Marie REGNARD, tous deux de Paimpont, ayant été dispensés des trois bans canoniques, ont reçu la bénédiction nuptiale par mon ministère le 22 septembre 1797

Pour 1797 57 baptêmes. 15 mariages

 

Notes sur l'année 1797

Le 29 janvier 1797, je suis revenu de St-Servan où j'ai passé environ six mois. L'église et ses ministres jouissent actuellement d'une certaine tranquillité.

Le 8 mars 1797, j'ai retourné à ma cure de St-Servan, Mr REGNARD restant à Concoret.

En mars et avril 1797, les prêtres catholiques ont recommencé à dire la messe dans les églises de Gaël, Mauron, Beignon et quelques autres. Les patriotes les y engagent et même les y contraignent par menaces.

Le 5 mai 1797, je suis revenu de St-Servan, Concoret étant resté sans prêtre Mr REGNARD étant allé à Val Gaillac.

Le dimanche de la très sainte trinité, 11 juin 1797, en conséquence d'une lettre de Monsieur ROZY, grand vicaire de Mgr. l'évêque de St-Malo qui me dit de faire, quant à l'exercice du culte, ce que les circonstances paraissent exiger, j'ai célébré la messe à voix basse en l'église de Concoret à l'autel St-Julien ne le pouvant au grand autel à cause du triste état où il est réduit. J'ai trouvé l'église remplie des débris des autels et de toutes les choses servant au service divin, les statues des saints réduites en charbon etc : Attendu que le culte public pour le présent n'est pas conforme à l'avis de nos évêques et que notre église est si dévastée, je refusais d'y dire la messe quoiqu'on la disait dans les paroisses voisines. Mais Mr VIALLET le jeune ,commissaire national, ayant ordonné que je l'y célébrasse où que je sortisse de la paroisse, j'ai cru conformément à l'avis de Monsieur ROZY que les circonstances alors exigeaient que je fusse à l'église, de peur de trouble dans l'endroit et de laisser la paroisse sans prêtre.

Le dimanche 18 juin 1797, un particulier qui avait ramassé la croix de bois du cimetière, l'a rapportée et replantée et j'ai ramassé dans les fonts les débris de la croix de pierres du cimetière qui y étaient restés depuis qu'elle fut brisée par les Républicains.

Le dimanche 2 juillet 1797, après vêpres, j'ai béni en présence de la plupart des habitants du Vaubossard, les croix des Pâti de Pérotin et du bas des Placieux, lesquelles avaient été brisées par les patriotes. La première avait été plantée en 1736 par Me Mathurin SEBILLOT du Rostel et la seconde par Jean HERVÉ du Vaubossard en 1766.

Le dimanche 9 juillet 1797, le grand autel ayant été retiré et réparé, j'y ai célébré la messe et renfermé le St Sacrement.

Le 18 juillet 1797, a paru à l'église de Concoret Mr Vincent GUILLOTIN, prêtre natif de l'endroit, recteur de St-Maden, revenu depuis quelques jours de son exil en Angleterre où il avait été déporté en 1792 pour cause de serment. Plusieurs autres prêtres de diocèse de St-Malo sont aussi revenus depuis peu sur ce qu'ils ont appris qu'on jouit présentement en France d'une certaine tranquillité.

Le dimanche 30 juillet 1797, j'ai béni un ciboire, un ostensoir et un bénitier de fer-blanc qui nous ont été envoyés de Rennes par Monsieur de BEGASSON du Rox.

Le 17 août 1797, j'ai renouvelé les fonts baptismaux suivant le rituel romain, n'ayant pu le faire plutôt à cause que tout y était dérangé et brisé.

Le 4 Septembre 1797, est arrivé à Paris une sédition dans laquelle les terroristes ont eu le dessus et ont incarcéré ou expulsé plusieurs membres de l'Assemblée qu'on accusait de favoriser le clergé et le royalisme. Ils ont fait porter un décret qui défend 1° la rentrée des prêtres exilés et ordonne à ceux qui sont rentrés de sortir de France sous quinzaine, 2° qui défend aux prêtres restés en France de faire aucune fonction de leur ministère, à moins qu'ils n'aient prêté le serment de haine à la royauté et d'inviolable soumission aux lois de la République.

Le 14 Septembre 1797, fête de l'exaltation de la Ste Croix, j'ai cessé de célébrer la messe à l'église. On l'a désorné et on en a fermé les portes.

Le dimanche 3 Septembre 1797, j'avais béni une croix de cuivre achetée 15 # à Rennes et payée sur le produit de la quête.

Le samedi matin 23 Septembre 1797 je suis parti pour St-Servan. A cet époque les prêtres catholiques sont obligés de se cacher très soigneusement et ne peuvent exercer leur ministère qu'avec une très grande circonspection. On prend contre eux à l'Assemblée de Paris les mesures les plus rigoureuses qui sont de faire mourir ceux qui sont sur la liste des émigrés, et pour ceux qui n'y sont pas d'incarcérer les vieillards et de déporter les autres aux îles barbares de l'Afrique.

Depuis quelques mois il se tient à Paris sous le nom de concile national, une assemblée de 60 tant évêques que prêtres assermentés pour prendre les moyens d'affermir leur secte qui parait protégée et soldée par le gouvernement actuel, quoiqu'il fasse profession de ne reconnaître aucun culte.

Le 11 Novembre 1797, je reviens de St-Servan à Concoret.

Le samedi 16 Octobre 1797, des soldats et gendarmes sont venus à Concoret pour chercher les prêtres catholiques et enlever les armes. Depuis quelques semaines, on fait dans les environs la fouille chez les prêtres et on en a pris plusieurs.

 

 

 

 

1798

Baptêmes

Pierre ROLLAND (triplé) fils de Mathurin, laboureur, et de Marguerite DUNO, né à Rezel le 30 janvier 1798 a été baptisé secrètement par moi (mort le 2 février). Ses deux frères ont vécu une heure.

Pierre ROLLAND, fils de Joseph et de Mathurine JALLU de Gaillarde né le 8 juin 1798 baptisé secrètement par moi, Parrain Pierre ROLLAND. Marraine Julienne JALLU

Mariages

Pierre JALLU, laboureur, âgé de 22 ans, fils de Julien et de feue Mathurine ROLLAND, et Jeanne GORTAIS, âgée de 32 ans, fille de feu Pierre et de Anne GORTAIS, domiciliés à Concoret, ont reçu la bénédiction nuptiale par mon ministère le lundi 22 janvier 1798.

Jean JOSSE, cordonnier, 26 ans, fils de Julien et de Roberte DUCHESNE et Jeanne GUILLON, 27ans1/2, tous deux de Concoret, le 22 mai 1798

Mathurin GOUELLEU Tisserand, âgé de 30 ans, fils de Joseph et de Anne ROUAUD et Marie Madeleine ROSSELIN, âgée de 22 ans, fille de feu Joseph et de feue Jeanne MINIER, tous deux de Concoret, ont reçu la bénédiction nuptiale par mon ministère, le 12 juin 1798 en présence des père et mère de l'époux et de Pierre GOUELLEU son frère et d'Etienne MINIER, frère de l'épouse et de Sébastienne ROSSELIN

Mathurin JALLU, tisserand, âgé de 49 ans, fils de feu Mathurin et de Marguerite ROLLAND, veuf de Perrine CHARDIVEL et d'Anne LEFEUVRE de Concoret et Anne JAN, âgée de 41 ans, ont reçu la bénédiction nuptiale par mon ministère le mercredi 22 août 1798

Julien JOSSE, laboureur, 37 ans, fils de Julien et de Roberte DUCHESNE de Concoret et Louise CLAUDE de Paimpont ayant été dispensés des 3 bans canoniques ainsi que du temps de l'avent, à cause de la persécution, le 18 décembre 1798.

 

Sépultures

Anne ROLLAND, née à Concoret, âgée de 33 ans, fille de Guillaume et de Suzanne FOULON, morte à Télhouët le 19 mai 1798

Julien JOSSE, 54 ans, mort à Concoret le 2 juillet 1798, fils de Jean et de Peronelle MORFOUESSE.

Mathurin ROLLAND, laboureur, âgé de 71 ans 4 mois fils de Jean et de Roberte ETELIN, époux de Françoise BOSCHERIE, est mort à la Noë Reculard, à sa maison de la Croix le jeudi 11 octobre 1798, muni des sacrements de l'Eglise.

Marie GOUELLEU, âgée de71 ans, fille de Pierre et de Marie PONGERARD, est morte au château du Rox le dimanche 16 décembre 1798

Pierre PERRET âgé de 47 ans, natif de Concoret, fils de Jacques et Mathurine PATTIER à été tué à Gaël en 1798. Pierre PERRET, marié à Jeanne BRIAND de Brangelin, grand-père des PERRET actuels ainsi que Christine PERRET sa sœur, mariée aussi à Brangelin et une autre PERRET mariée à Pierre PONGERARD du Costi, étaient natifs de Beauvais en Paimpont.

Notes sur l'année 1798

Au commencement de l'année la persécution continue contre les ministres de la religion catholique.

Le 24 janvier, Mrs VIALLET, juge de paix et commissaire national, ont fait planter deux chênes de la liberté dans le cimetière.

Le mercredi 30 janvier, Marguerite DUNO, épouse de Mathurin ROLLAND de Rezel, a accouché de trois enfants dont deux sont morts une heure après leur naissance et leur baptême par la sage femme, et le troisième a été baptisé par moi solennellement.

Le 15 février, le général Alexandre BERTHIER, entrant à Rome avec une armée de républicains français, ordonne au Pape de sortir de la ville et lui propose une pension et une cocarde. Suit la réponse de St Père Pie VI. " Je ne connais qu'un uniforme, celui dont m'a décoré l'église. Vous tenez à votre disposition la vie de mon corps ; mais celle de mon âme, non. Je ne puis reconnaître la main d'où part le fléau qui châtie les ouailles et afflige le pasteur pour les fautes du troupeau. Je me soumets à sa suprême volonté. Je n'ai pas besoin de pension. Une houlette et une panetière suffisent à qui doit finir ses jours sous le cilice et sur la cendre. Volez, saccagez, incendiez selon votre bon plaisir, détruisez les monuments. Mais pour le culte il durera après vous comme avant. Il subsistera jusqu'à

la consommation des siècles.

Le 20 février 1798, le Pape quoiqu'âgé de 81 ans, a été obligé de sortir de Rome et a pris la route de Florence. Plusieurs cardinaux ont été emprisonnés.

Le 27 février 1798, le Pape est arrivé et s'est fixé à Sienne en Toscane.

En mars 1798, on transfère à Rochefort, pour les déporter en Amérique, les prêtres catholiques incarcérés à Rennes, Vannes, St-Brieuc &c : On les lie deux et deux. On laisse prisonniers ceux qui sont âgés de plus de 60 ans. Les dénonciations sont fréquentes. On invente tout ce qu'on peut pour les rendre les prêtres odieux.

Vers la mi-mars 1798, les Républicains français profanent les églises de Rome, emprisonnent ou exilent les cardinaux et prélats, voulant les obliger à renoncer à la prêtrise.

En avril 1798, parait un décret du Directoire de Paris qui, pour mettre en exécution la loi impie de la décade, défend d'avoir désormais aucun égard aux dimanches et fêtes et de remettre au lendemain les foires qui arrivent ces jours là, qui ordonne de congédier des ateliers les ouvriers qui ne veulent pas travailler le dimanche afin de faire disparaître toutes les maximes de la religion chrétienne.

En mai 1798, des patriotes se disant prêtres catholiques revenant d'exil se servent de toute sorte de ruses pour tromper les gens de campagne, afin de prendre ou massacrer les prêtres.

Le dimanche matin 17 juin 1798, sept hommes habillés de gris, armés de fusils à 2 coups, soi disant royalistes, ont passé par le Rocher, le Vaugriot, Tubœuf et, s'étant arrêtés à boire à Crozon, ont demandé la route de Ploërmel. Ayant passé le Rox, ils ont pris le chemin de Paimpont par le moulin à papier et au milieu de la Ville Danet ils sont entrés dans la forêt et sont allés dîner à Beauvais. Le jour précédent ils avaient passé par Iffendic, St-Malon et Muel et étaient revenus coucher à Gaël où ils ont conféré à l'auberge avec FORESTIER, commissaire du pouvoir exécutif, lequel a fait tirer vers eux quelques coups de fusils de très loin après leur départ. Ils s'informaient beaucoup des prêtres. On a appris que ce sont des patriotes déguisés qui jouent ce rôle pour faire des découvertes et pour donner un prétexte aux fouilles.

Le même jour après midi arrive à Concoret un détachement de la garnison de Mauron, feignant de poursuivre ces prétendus royalistes. Il a déclamé contre les prêtres en leur imputant ces désordres. Il a fait des fouilles surtout au Bran.

En mai 1798, le Pape a été obligé de quitter Sienne et s'est retiré à la Chartreuse proche Florence.

En juillet 1798, la persécution est très violente contre la religion et contre ses ministres, contre la cour de Rome. Grandes mesures que prennent l'Assemblée de Paris et ses agents pour l'établissement de la décade et l'abolition du dimanche. On défend de se servir de l'ancien calendrier même dans les lettres. On déclare nuls tous actes dans lesquels le nouveau n'est pas employé. Depuis un mois on dérange les jours où les foires et marchés avaient coutume de se faire. Dans plusieurs bourgs voisins on les a fixés de cinq jours en cinq jours afin qu'ils se tiennent le dimanche lorsqu'ils échoiront et qu'on n'ait d'égard qu'à la décade. On vient d'ordonner une fouille générale par toute la France pour la poursuite principalement des prêtres catholiques romains qu'on traite de scélérat.

Le général BUONAPARTE, natif de l'île de Corse, qui s'est distingué pour la conquête de l'Italie, s'est emparé le mois dernier de l'île de Malte et depuis est allé en Egypte.

En juillet 1798, Monsieur FORESTIER de Gaël, dit Rüe aux Moines, commence à faire découvrir et dépaver la chapelle du Loüyat qu'il a achetée d'avec les agents de la République.

Le dimanche 12 août 1798, jour où l'on célébrait la fête de St-Laurent patron de la paroisse, neuf soldats de la garnison de Mauron sont venus à Concoret et y ont fait des patrouilles de nuit.

Le dimanche 2 Septembre 1798, j'ai béni une maison neuve que Jean JOSSE, maréchal, et Anne DANDIN, son épouse, ont fait bâtir cette année au village de Brangelin avec un cellier au levant.

En Septembre 1798, un maréchal de Rennes a acheté et enlevé les belles balustrades de fer du chœur de l'église de Paimpont et la porte de fer du jardin de l'abbaye dudit lieu. On tient qu'elles avaient été faites et placées par Benoît VIALLET Me serrurier demeurant au Canez en 1674.

Le 20 Septembre 1798 et jours suivants, des gendarmes déguisées sont venus chercher les prêtres catholiques par Concoret et Paimpont.

Une sécheresse extraordinaire a régné cette année depuis le printemps jusqu'à la fin d'octobre. Pas de blé noir, grand embarras pour abreuver les bestiaux et pour moudre le grain. Les moulins de Comper n'avaient plus d'eau dès la mi-août, ce qui est cause que les patriotes du pays et d'alentour ont tant la nuit que le jour et même à main armée dépeuplé de poissons les étangs de Comper, Thelouet etc…

Le mardi 16 octobre 1798, Deux commissaires nationaux viennent à Concoret pour recevoir les déclarations de ceux qui se plaignent d'avoir été volés par les Royalistes.

Le 19 Octobre 1798, j'ai béni au Vaubossard au lieu de Pérotin une petite maison à laquelle Anne HERVÉ a fait faire une cheminée pour y demeurer, laquelle maison couverte en paille avait été bâtie pour étable en 1760 par Jean HERVÉ, grand-père de la dite Anne.

Le dimanche 25 Novembre 1798, j'ai béni une croix plantée proche La Feuvraie, dite la Croix Grandpierre, laquelle avait été ci-devant brisée par les patriotes, dont le croiset est neuf et donné par Joseph JOSSE de Brangelin.

Le 28 Novembre 1798, j'ai béni à Trebran une maison servant ci-devant d'étable, à laquelle Jean BESNARD et Julienne BOUESNARD, son épouse, ont fait faire une cheminée pour y demeurer. J'y ai dit la messe.

En Octobre et Novembre, les héritiers des prêtres de Concoret, pour conserver leurs biens, prennent main levée au département de Vannes, attendu que, suivant les lois de la République, les prêtres qui n'ont pas fait le serment sont regardés comme morts civilement.

Le 4 Décembre 1798, j'ai béni au Vaubossard une maison que Pierre LE FEUVRE, tailleur, et Gabrielle MINIER ont fait bâtir en une matière appartenant ci-devant aux PONGERARD : j'y ai dit la messe.

En Décembre 1798, parait un décret de l'Assemblée de Paris qui porte que les prêtres catholiques romains aient à prendre un passeport pour se rendre à Rochefort lieu où doit s'effectuer leur déportation pour l'Amérique et que, si après cet époque ils sont trouvés sur le territoire français, ils subiront la peine de mort. On en excepte les sexagénaires qui pourront rester sous la surveillance des administrations républicaines. Les journaux approuvés de l'Assemblée sont remplis des traits les plus odieux et des plus affreuses calomnies contre les ministres de la religion.

 

 

1799

Baptêmes

Marguerite ROLLAND fille de Pierre ROLLAND et de Marie CLAUDE, née à Gaillarde le 10 février 1799 a été baptisée secrètement par moi le 19 du dit mois. Parrain Alexis GORTAIS. Marraine Marguerite ROLLAND.

Françoise ROLLAND, fille de Guillaume, cloutier et Sébastienne JALLU née à la Cabane le 22 Janvier 1799 Parrain René BERSON Marraine Mathurine CARIO

Françoise Marie Madeleine GOUELLEU fille légitime de Mathurin, tisserand, et de Madeleine ROSSELIN née à Trébran le 11 avril 1799 a été baptisée secrètement par moi le même jour Parrain Pierre GOUELLEU, frère du père Marraine Françoise ROSSELIN

Thomasse ROLLAND, fille de Mathurin et de Marie MORIN de Télhouët, née le 30 avril 1799 Parrain Julien BERHAULT marraine Thomasse POTTIER

Anne Jeanne JOSSE fille de Jean Cordonnier et de Jeanne GUILLON née à la Gourichais le 28 juin 1799 Parrain Louis GUYOMARD Marraine Anne GUYOMARD

Marie Ange JOSSE, fille de Julien, boulanger, et de Marie RUELLAND du Canné, née le 6 août 1799 Parrain René BERSON, Marraine Françoise GROSSE

Anne JOSSE, fille de julien et de Louise CLAUDE de la Ville Danet en Paimpont née le 28 août 1799 Parrain Joseph PROVOS Marraine Anne JOSSE

Mariages

Mathurin ROLLAND, ouvrier de forge, 22 ans, fils de Yves et de Anne TREMO de Thélouët et Thérèse GUILLON 29 ans de COIBOIT en Paimpont

Jean ROLLAND, laboureur, âgé de 26 ans, fils de feu Mathurin et de Marie BOSCHET de Lancron et Anne DESBOIS âgée de 18 ans, fille de Jean et de Jeanne JOSSE de Comper, aïant été dispensés des trois bans canoniques à cause de la persécution, ont reçu la bénédiction nuptiale par mon ministère le dimanche 27 janvier 1799 en présence de la mère de l'épouse et Jean JOSSE son grand-père.

Sépultures

Philippe JOSSE, boulanger, 40 ans Fils de Pierre et de Marie ALIX et époux de Renée ROLLANDd'Isaugouët le 25 mars 1799, 2ème fête de Pâques

Guillaume JOSSE, jardinier 70ans, natif de Mauron, mort à Trébran le 10 septembre 1799

Marie JOSSE fille de Jean et de Peronnelle MORFOUESSE 57 ans est morte au bourg le 17 septembre 1799

Notes sur l'année 1799

Au commencement de l'année la persécution est très violente contre la religion et ses ministres. On prend des mesures rigoureuses pour l'observation de la décade et l'abolition du dimanche. Suit à ce sujet une circulaire secrète de Monsieur ROZY vicaire général du diocèse de St-Malo. " On permet aux catholiques d'ouvrir leurs boutiques les dimanches et fêtes mais on les exhorte à ne vendre que le moins possible, à ne jamais faire charour des marchandises à leur compte et a bien faire connaître leur attachement à l'église, bien entendu qu'ils sont obligés de vaquer aux exercices de piété.

Depuis peu, a paru une loi républicaine qui porte que les mariages ne se feront qu'aux jours et lieux de décade et avec certaines cérémonies antichrétiennes.

Parait aussi une circulaire secrète de Monsieur ROZY, vicaire général du diocèse de St-Malo, qui défend aux catholiques de se présenter pour les mariages, les jours de décades dans les cas ci-après :

" 1° lorsque c'est dans une maison désignée où préparée sous le nom d'église ou de temple.

" 2° lorsqu'il y a une table élevée en façon d'autel, sur laquelle ou près de laquelle sont des statues ou idoles de la raison, de la liberté ou autres de ce genre.

" 3° quand on y fait des fracas d'armes où symphonie avec des chansons respirant le faux amour de la patrie et de la liberté.

" 4° quand on y fait des lectures, discours, ou motions contraires aux bonnes mœurs de la religion.

" Dans ces circonstances le seul parti qui reste aux catholiques est de se faire marier par un prêtre en présence de quatre témoins et de leurs principaux parents... Au défaut de prêtre, ils pourront se marier devant quatre témoins catholiques avec l'intention de renouveler leur consentement dans un temps favorable en face d'église. Quant à l'acte, il faut qu'il soit rapporté et gardé soigneusement. S'il vient des enfants de semblables mariages, le père pourra se servir de la loi de l'adoption.

Les armées républicaines ravagent actuellement l'Italie où elles font une cruelle guerre à la religion chrétienne, pillent les églises, persécutent les prêtres et détrônent les souverains.

Toute la France, et en particulier ce pays ci est livré, à la tyrannie et aux concussions des administrateurs, à la fureur des troupes, au brigandage et aux dénonciations contre les prêtres et les gens paisibles.

Le château de Comper et la maison du Roc qui en dépend, ne seront bientôt plus qu'un monceau de pierres, attendu la mauvaise administration de Mr MICHEL, régisseur de la dite terre, lequel n'y fait aucune réparation et même a fait tirer l'ancienne et belle porte de fer du château, les barres de fer des fenêtres, plusieurs belles boisures, plafonds, pierres de grain etc: Mr MACÉ, nouvel acquéreur du Tertre, en fait abattre toutes les avenues qui n'étaient pas à mi-croissance afin de payer le prix de son acquêt.

Le 10 janvier, je me suis cassé le bras droit la nuit sur la glace et j'ai été plus d'un mois sans pouvoir m'en servir.

Le vendredi 25 janvier, vers les quatre heures du matin, on a ressorti à Concoret un violent tremblement de terre qui d'abord a causé une secousse en l'air et puis un bercement qui a ébranlé les maisons de façon que des cheminées et des ardoises de dessus les toits en sont tombées. Ce tremblement parait avoir été général en France, suivant les papiers publiés.

Le mardi 29 janvier, jour de décade républicaine, la municipalité de Concoret, accompagnée de quatre gendarmes de Mauron, a planté deux chênes de la liberté proche le cimetière au couchant. Le même jour et la nuit suivante, danse au bourg, barrique de cidre et repas chez Monsieur VIALLET au dépens de la paroisse.

Le lundi 11 février, un détachement de soldats venant de Monfort par Gaël, St-Léry et le Bran, a fouillé au château du Rox sous prétexte d'y trouver des royalistes, a couché au bourg et en est sortit le lendemain matin.

Le 12 février, Monsieur ROBLAIRE curé d'office de Néant est arrêté proche le Fresne par les gendarmes de Mauron et conduit aux prisons de Ploërmel et de Vannes.

Depuis peu, le sieur CARISSAN, natif de St-Méen, marié depuis plusieurs années à la veuve du Rocher de Gaël, a divorcé et s'est remarié à Anne MACÉ, sa cousine germaine, fille de Paul et d'Anne BROUXAIS, nouveaux acquéreurs du Tertre, lequel divorce s'est opéré par les municipalités de Concoret et de Néant.

Le mardi 19 février, un détachement de soldats venant de Plélan a fouillé et volé au château du Rox sous prétexte d'y trouver des royalistes, a passé par le bourg, a fouillé au château de Comper et est allé à St-Malon.

Le samedi 23 février, Mr JOUAN, prêtre du Bran, est pris au bourg de St-Léry par les gendarmes de Mauron et conduit quoique malade aux prisons de Ploërmel et de Vannes.

Le même jour, une troupe de soldats, venant de Paimpont avec des gendarmes, a fait la fouille à La Roche, à La Rivière, à La Dorbelais, au bourg, à Brangelin, au Rocher et au Rox et est allée à Mauron, partie par les croix Richeux et partie par le Pongérard. Ils ont beaucoup invectivé contre les prêtres.

Le jeudi 28 février, le sieur PERROT, contrôleur à Mauron, accompagné du sieur PACHEU, est venu prendre un état des armoires, confessionnaux et autres effets restés en l'église de Concoret.

En 1799, l'hiver a été tel qu'on avait guère vu de plus dur par les neiges, glaces, pluies, grêles, vents et tempêtes affreuses qui se sont succédés depuis avant Noël jusqu'à la fin du Carême.

Le Jeudi Saint 21 mars, se font les élections républicaines dans les divers cantons. Les catholiques s'en éloignent à cause du serment impie qu'on exige et des outrages qu'on fait aux gens modérés.

Le jeudi 18 avril, une troupe de soldats venant de Gaël renverse la croix Bastien située proche Trebran et s'avance vers Plélan.

Au printemps de 1799, grande disette de fourrage et grande mortalité de bestiaux, surtout de moutons.

Depuis le 25 avril, des détachements de soldats, qu'on nomme colonnes mobiles, sont venus à Concoret dix jours consécutifs, tantôt de Ploërmel, tantôt de Mauron, tantôt de Gaël, tantôt par Paimpont. Ces troupes effrénées ont fouillé au Rox, volé en diverses maisons, abattu les croix et invectivé contre les prêtres.

Le dimanche 5 mai, le commandant de la troupe introduit en l'église quelques soldats qu'il fouille d'une manière fort obscène pour leur trouver des choses volées.

Le samedi 18 mai, un détachement de soldats venant de St-Méen nuitamment, renverse la croix Grandpierre proche la Ferrace, est allé au bourg et delà au Rox où ils sont volé du bois et puis, s'en retournant par Trebran, ont abattu la croix du Prait.

En juin, juillet et août, la petite vérole règne à Concoret et enlève un grand nombre d'enfants.

Depuis quelques mois, le Souverain pontife est amené prisonnier par les Républicains au château de Briançon en Dauphiné. L'Angleterre, l'Autriche et la Russie forment une coalition contre la République française qui éprouve plusieurs défaites en Italie et sur le Rhin. L'Assemblée de Paris déplace trois membres du Directoire ainsi que la plupart des ministres. Le désordre devient plus grand dans l'intérieur. Les impôts et les vexations de tout genre augmentent. La fureur s'accroît encore contre les ministres de la religion. On emprisonne de tout part.

Le 24 juin, le Pape est transféré du château de Briançon aux prisons de Valence... Les Autrichiens et les Russes chassent les Républicains français de la ville de Turin… L'Assemblée de Paris ordonne l'emprisonnement de ceux qui donneront asile aux prêtres catholiques.

Le 14 juillet, Mr LE MOINE, recteur de Mauron, est pris par les soldats chez CONDÉ à la Ville Martin et conduit aux prisons de Ploërmel et de Vannes.

Le 19 juillet, l'église du Bran est enfoncée et dévastée par les Républicains.

Le 3 août, Jean HOUSSAIS de Beauvais, acquéreur de biens nationaux, est tué d'un coup de fusil par un inconnu sur le grand chemin de Campénéac à Ploërmel.

Le 17 août, les gendarmes et soldats de Mauron emportent de Concoret tous les fusils, de peur qu'ils ne soient pris par les Royalistes qui se soulèvent de toute part et qui en Bretagne prennent le nom de mécontents.

Le lundi 26 août, Mr l'avocat MACÉ juge de paix de Plélan, Jacques PONGERARD dit Levairé et Yves ROULÉ, sont fusillés au Canez, par un détachement de royalistes.

Mr FORESTIER de Gaël, dit Rue aux Moines, forme chez lui une garnison de soldats et de quelques jeunes gens du pays, qui font de fréquentes incursions et brigandages sur Concoret et lieux voisins.

Le 9 août, les Napolitains réunis aux Russes ont chassé les Républicains français de la ville de Rome occupée par eux depuis deux ans et le Roi de Naples est rétabli sur son trône.

Le 29 août, est mort en prison, à Valence en Dauphiné, le Pape Jean Ange BRASELIN, dit en

religion Pie VI, né à Césenne le 27 Xbre 1717, élu pape le 15 février 1775. Depuis 2 ans, il est traîné de prison en prison par les Républicains français. Il a été partout accompagné et assisté à la mort par l'archevêque de Corinthe, le prélat Caraciollo, un secrétaire, un médecin et l'ambassadeur d'Espagne. Sa mort nous est annoncé par un mandement de Mr ROZY, vic: gen: de l'évêché de St-Malo, dont la teneur suit : " Nous ne pouvons plus douter, nos très chers confrères, de l'événement qui plonge l'Eglise et ses enfants fidèles dans un deuil général… Pie VI, chéri de Dieu et des hommes, Pie VI ce souverain pontife si digne des premiers siècles de l'Eglise a terminé sa longue et honorable carrière où ? Dans une prison… à Valence… chez les Français… le 12 du mois qu'ils appellent fructidor.

" Cette circonstance seule et isolée d'une foule de traits que caractérise le pontificat de ce grand pape, devrait nous rendre sa mémoire bien précieuse.

Mourir dans la captivité et dans les fers pour la cause de la religion, c'est mourir en martyr. Quel exemple pour nous ! et qu'il est donc propre à ranimer le courage et à soutenir la constance ! Les membres auraient-ils lieu de se plaindre, en voyant ce qu'à souffert leur chef !

" Mais ajoutons à cette circonstance si pénible et si humiliante aux yeux de notre faible nature, mais si glorieuse aux yeux de la foi, ajoutons, dis-je une suite d'œuvres saintes qui font de Pie VI un des plus grands papes qui aient occupés la chaire de St-Pierre. Ses écrits, vous le savez, nous le peignent bien au naturel. On y voit à chaque page l'esprit le plus pur de la religion, l'amour le plus sincère de l'Eglise, le zèle le plus éclairé pour la défense de ses dogmes et de sa discipline, une sagesse consommée jointe à des lumières supérieures, enfin la science des saints, la prudence et une modération à toute épreuve. Dans ses

dernières années quelle patience héroï que dans ses peines les plus amères et quelle charité pour ceux qui s'étaient faits ses ennemis. Seigneur Dieu des vertus, vous les avez toutes répandues dans la personne de ce saint pontife que vous aviez élevé sur le siège de votre Eglise pour donner au monde de grands exemples. "

" Nous ne pouvons rendre que dans le secret ce que nous devons par religion et par reconnaissance à la mémoire de notre S.P. le Pape Pie VI. Mais que disje, avons-nous d'autres devoirs à remplir que celui de la plus profonde vénération pour ses éminentes vertus ! Ne serait-ce point faire injure à un martyr que de prier pour lui. Pie VI jouit déjà sans doute de la gloire que le seigneur rend à ses saints du haut du ciel. Il voit les maux dont est encore affligée l'Eglise et dont il a lui même fait l'épreuve. Sa charité pendant sa vie les lui rendait si présents et si sensibles. Quel degré d'activité n'a-t-elle pas acquis dans sa consommation ? Ah n'en doutons point, elle a cette sainte Eglise un nouveau protecteur dans le ciel qui s'interroge pour ses enfants ; et que ne pensent ils pas en attendre ? "

" Nous ne devons pas néanmoins anticiper sur le jugement de l'Eglise. Jusque là, il nous est encore permis de prier pour N. S. P. le Pape Pie VI et c'est un devoir pour tous les fidèles. Offrons pour lui à Dieu nos prières et le St Sacrifice. Le fruit n'en est jamais perdu. Réservé dans le trésors de l'Eglise, l'application en est faite selon les besoins. "

" En conséquence, nos très chers confrères, nous vous invitons à réciter une fois en particulier l'office entier des défunts, la veille, autant qu'il se pourra, d'une fête simple ou semi-double, à célébrer le lendemain une messe de requiem et un service à la manière qu'il se peut… à célébrer deux autres messes aux jours qui vous conviendront le mieux à l'intention ci-dessus. Engageons les fidèles à y joindre le secours de leurs prières, de leurs communions et de leurs aumônes. "

" Ce premier devoir rempli, occupons nous d'un autre non moins important. On sait que les cardinaux sont rassemblés pour donner un successeur à Pie VI. L'intérêt de l'Eglise en général, celui de l'Eglise de France en particulier, nous sollicite vivement à demander à Dieu par d'instantes prières un pontife selon son cœur et digne imitateur des vertus de celui

dont nous honorons la mémoire à cet effet. Nous vous invitons encore à ajouter à toutes les messes aux oraisons ordinaires, servatis tamen rubricis, la collecte pro eligendo summo pontifice, jusqu'à ce que la nouvelle de l'exécution nous soit parvenue. "

Le lundi 21 8bre, des soldats de la garde de forestier de Gaël, allant à Paimpont, renversent la croix de Trebran et brise à coups de pierres celle du Lohic.

En 9bre, on apprend que les Royalistes entrent en plusieurs villes de Bretagne et qu'ils y enlèvent des armes et munitions de guerre.

Le 9 9bre, Mr GALBOIS, prêtre sermenteur de Paimpont et acquéreur du prieuré de St-Barthélemy, est blessé par les Royalistes d'un coup de fusil à l'épaule. On le transporte à Rennes. La messe des constitutionnels est interrompu à Paimpont et Plélan.

Le 17 9bre, on transporte à Rennes les armes des garnisons de Gaillarde, Paimpont, Beauvais, Plélan &c: Les riches patriotes se réfugient dans les villes et y emportent leurs effets.

Le 20 9bre, environ 300 Royalistes arrivent au bourg de Plélan, y abattent le chêne de la liberté, brisent les barrières et prennent du grain chez les acquéreurs de biens d'église ou d'émigrés.

Le 26 9bre au soir, 500 ou 600 Royalistes ou mécontents viennent coucher à la Roche en Concoret et le lendemain vont enlever les grains de Mr Jean MACÉ de Gaillarde et de Mr BONVALLET de Thelouet, acquéreur de biens nationaux. Ils emmènent avec eux Pierre MORFOUESSE, patriote.

Le 30 9bre ils ramènent au Gué, le marché que les patriotes avaient transféré au bourg de Plélan.

En Xbre, il se fait des débarquements d'armes et de munitions de guerre en divers endroits sur les côtes de Bretagne pour les mécontents qui s'établissent à St-Méen, Beignon, Guer, La Gacilly et autres gros bourgs.

En Xbre, les généraux républicains et les chefs des mécontents concluent entr'eux une suspension d'armes.

En Xbre, parait une nouvelle constitution qui est la 5e depuis la Révolution. Suivant celle-ci, le

gouvernement français sera composé de trois consuls, 80 sénateurs, cent tribuns et 300 législateurs. Elle défend la rentrée des émigrés, autorise la vente de leurs biens et de tous ceux de l'Eglise gallicane et l'exclusion du trône de la maison Bourbon. On exige encore le serment des prêtres. Le général Bonaparte, revenu depuis peu d'Egypte, est à le tête du gouvernement en qualité de 1er consul.

 

 

1800

Baptêmes

Jean Marie PIRAULT, fils légitime de Joachim PIRAULT, boulanger et de Anne Marie DUCHESNES né à Isaugouët le vendredi 28 février 1800 a été baptisée secrètement par moi Parrain Jean GUILLARD dit "Gratis" Marraine Ludivine PIRAULT

Sébastien ROLLAND, Fils de Jean ROLLAND, laboureur, et de Jeanne DESBOIS, né à Comper le 1er mars 1800, à été baptisé secrètement par moi. Parrain Sébastien ROLLAND Marraine Mathurine MORICE.

Pierre ROLLAND, jumeau 1er né, fils de Mathurin, Laboureur, et de Marguerite DUNO de Rezel le 15 avril 1800 Parrain Jean ROLLAND Marraine Placide JOSSE

Rosalie ROLLAND, jumelle, fille de Mathurin, marchand cloutier, et de Pérrine MORFOUESSE, née à Gaillarde le mardi 11 mars 1800. Parrain Jean ROLLAND. Marraine Julienne ROLLAND

 

Notes sur l'année 1800

Au commencement de l'année, les prêtres sont un peu plus tranquilles, non que les lois leur soient plus favorables, mais parce que les gendarmes et patriotes sont réfugiés dans les villes de peur des mécontents et qu'il ne se trouve plus guère de troupes en Bretagne.

Le 11 janvier, les jeunes gens de Concoret et paroisses voisines sont sommés d'aller prendre des armes en certains endroits, de la part des chefs des mécontents.

Le 24 janvier, environ 600 soldats et réfugiés patriotes parmi lesquels 78 cavaliers, passent par Plélan, Paimpont, la Ville d' Anet, le Moulin à papier et vont coucher au Bois de la Roche où l'un d'eux se tue en enfonçant une porte. Ils ont affreusement pillé le long de leur route. Deux d'entr'eux sont venus au Rostel.

Le samedi en février, environ 200 soldats et patriotes réfugiés à Ploërmel sont venus à Mauron où ils ont enlevé blés et bestiaux et fusillés trois jeunes gens prévenus de royalisme, savoir Victor GUYOMART de Concoret, Besnard et Thebault de Mauron.

La nuit du 4 février, environ 80 soldats et patriotes réfugiés de la forge de Paimpont, font un affreux pillage de linge et bestiaux chez SAILLART et la veuve GUYOMART de Comper.

Le samedi 8 février et jours suivants, environs 40 jeunes gens de Concoret qui avaient pris les armes pour la royauté sont allés les déposer aux cantonnements de Paimpont, Mauron et St-Méen, en vertu d'un armistice entre les chefs des deux partis.

Le 17 février, la troupe cantonnée à Mauron vient à Haligan prendre des bestiaux chez la mère d'un royaliste.

En février, on fait à Concoret pour la République une levée de souliers, grains et foin.

Sur la fin de février, les prêtres constitutionnels recommencent à dire la messe à Paimpont et Plélan.

Le 1er mars, Mrs. LE MOINE de Mauron, ROBLAIRE curé de Néant et JOUAN prêtre du Bran, reviennent de l'île de Rhé où ils avaient été déportés.

Le 15 mars, je me suis mis en route pour retourner à St-Servan et Concoret est resté sans prêtre. Mr PERUCHOT prêtre du Bran a promis de s'y rendre utile autant qu'il le pourrait.

En mai, Mr BIGARÉ prêtre de Mauron vient à Concoret faire les fonctions curiales avec l'approbation de Mr ROZY vicaire général du diocèse de St-Malo.

Le 15 Mars 1800, l'Abbé GUILLOTIN clôt son registre pour ce qui touche la période révolutionnaire.

 

 

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