Notes relevées sur les registres paroissiaux de Concoret tenus par l'abbé Guillotin lors de la Révolution

 

Le présent registre de l'abbé Guillotin est une histoire vécue, remplie de faits intéressants. Il comble une lacune, que sait-on en effet de la période révolutionnaire dans le Morbihan ? Rien ou presque rien. Pourtant l'histoire générale se compose de détails, de faits minuscules qui s'enchaînent, se rassemblent et forment la vie d'une période ou d'un peuple. S'en tenir à quelques catastrophes isolées c'est se condamner à ne presque rien savoir sur ce peuple ou cette période.

Voici, en quelques termes, l'auteur se présente à nous dans les feuilles consacrées par lui à la généalogie de sa famille :

Pierre Paul GUILLOTIN fils de François et de Mathurine PATIER, né à Concoret au Vaubossard, en la maison de la Gaudais, le 24 juillet 1750. Ordonné prêtre en 1774 il fut d'abord chapelain de Telhouët, en 1776, curé de Baulon et en 1778, curé de Saint-Servan. Expulsé par les révolutionnaires il revint à Concoret où il remplit pendant une année les fonctions de chapelain de Beuves, les autres prêtres étant passés en Angleterre, il resta caché au pays pour y exercer secrètement le ministère ecclésiastique tant à Concoret que dans les environs.

Il mourut en janvier 1814 après un mois de maladie, le recueil des décès mentionne ses obsèques auxquelles assistait un nombreux clergé.

"Malgré toutes mes recherches, dit Monsieur JARNO, ancien vicaire de Concoret et recteur actuel de Camoel, je n'ai presque rien appris touchant le caractère et la personne de l'Abbé Guillotin. Il fut certainement la providence de Concoret pendant la révolution et sa présence empêcha beaucoup de mal. Il était semble-t-il d'une taille fort élevée (six pieds, deux pouces selon quelques-uns uns). On ajoute qu'il ne connaissait pas la peur. Un vieillard me raconta que les patriotes du camp de Gaillarde le craignaient à cause de sa haute influence sur ses compatriotes, d'autres m'ont affirmé que le commandant de ce poste défendait à ses hommes de lui faire aucun mal et que le prêtre allait pendant la nuit jusqu'aux abords du cantonnement, baptiser les enfants et assister les malades. Son devoir accompli, il ne s'attardait jamais malgré les invitations les plus pressantes. Le chef de camp ne l'ignorait pas, mais laissait faire par politique, car en cas de mort de Monsieur Guillotin, malheur serait arrivé à toute la garnison de Gaillarde."

L'abbé habitait un peu partout selon le hasard des circonstances et des dangers. Lorsque la région devenait plus calme, il rentrait secrètement à la maison paternelle du Vaubossard où Madame Guillotin se faisait son infatigable complice. Il se retirait ensuite à la moindre alerte vers la forêt de Paimpont, les vallées voisines obstruées d'impénétrables taillis ou les rochers de Lambrun.

Les patriotes y regardaient à deux fois avant de le poursuivre dans ses retraites, ce pays de Concoret se prête si bien aux embuscades ! Sans doute derrière chaque arbre de l'antique Brocéliande craignaient-ils un canon de fusil royaliste, puis on ne se mesure pas impunément avec un colosse de deux mètres. Enfin, dans une région respectueuse à l'excès des légendes, il n'est point présomptueux de croire que les ombres de Merlin, de Viviane et d'Eon de l'Etoile protégeait encore le proscrit après tant de siècles.

 

1791 -1792

PEAMBULE

L'assemblée soi-disant nationale, séant à Paris depuis avril 1789, ne cesse de porter des lois tendant à renverser le gouvernement et à détruire la religion, elle obtient la sanction du roi, par violence. Du nombre de ces lois est une constitution civile du clergé, condamnée par Rome et réprouvée par les évêques et qui renferme plusieurs erreurs contraires à la sainte doctrine. Pour briser cette résistance du clergé, l'assemblée exige que les évêques et les prêtres fassent serment de maintenir de tous leurs pouvoirs ces lois nouvelles, à défaut de quoi ils seront chassés de France. Les impies et les gens égarés demandent avec fureur l'extermination ou l'exil de tous les ecclésiastiques fidèles qu'ils appellent réfractaires fanatiques, séducteurs, qu'ils accusent de se coaliser avec les nobles pour empêcher les effets d'une heureuse révolution. Depuis 18 mois, on chasse les prêtres de leur place et on les substitue de prêtres sermenteurs, à la messe duquel on force les fidèles d'assister. Les vrais chrétiens sont dans la consternation.

1791 - Dès avant mon arrivée au mois de février 1791, le district de Ploërmel, par l'organe de ses administrateurs, se plaint en ces termes des ministres fidèles à leur religion :

"Le fanatisme de nos prêtres avait persuadé au peuple que les décrets de l'assemblée nationale étaient contraires à la religion. Comme ils ont eu précédemment la précaution d'excommunier tous ceux qui liraient ou entendraient de pareils écrits, ils croyaient pouvoir avancer imprudemment cette imposture."

La plus grande partie de nos municipalités étant gouvernées par des prêtres, nous vous serions obligés, Messieurs, de nous faire un second envoi de ces décrets afin qu'on puisse les faire circuler dans le public qui s'en rendra compte par lui-même.

Le 27 janvier 1791, la municipalité de Concoret a organisé un corps de garde pour la monter toutes les nuits afin de préserver les biens des habitants et les ornements de l'église.

Le 15 février, les officiers municipaux exposent au district que la situation de leur commune, voisine de la forêt de Paimpont et des bois de Comper, l'expose plus que toute autre aux incursions des insoumis. En conséquence, ils demandent qu'on leur procure des fusils en places des vieilles hallebardes dont se sert le corps de garde.

Le 11 avril, Pierre THOMAS et Julien GUILLOTIN, membres de la municipalité de Néant dénoncent à Monsieur GAILLARD de la Touche, procureur syndic du district, ex-commissaire du Rox et Lieutenant de la sénéchaussée, Messire Alexis NOBLAIRE, vicaire et BLANCHE, tous deux prêtres de cette paroisse, comme n'ayant pas prêté serment. La municipalité de Concoret lui adresse la lettre suivante : "Nous, soussignés, officiers municipaux de la commune de Concoret, certifions que Monsieur Guillaume BETAUX, notre recteur et Félix POTIER, notre curé, ont déclaré ce qui suit, relativement à l'ordonnance de la prestation du serment civique.

"Je, soussigné, recteur de Concoret, déclare et jure de veiller avec soin sur les fidèles, confiés à ma garde, d'être fidèle à la nation, à la nation, au Roi et de maintenir de tout mon pouvoir la constitution du royaume décrétée par l'assemblée, sanctionnée par le Roi en ce qui concerne seulement le civil, le temporel et le politique réservant formellement tout ce qui regarde la puissance spirituelle, et tous les objets qui dépendent de la religion catholique et protestant expressément contre tout ce qui pourrait être contraire à la loi de Dieu et de l'Eglise. On me demande un serment pur et simple, je ne puis le prêter, ma conscience s'y oppose. Si on me proposait cet acte pour ce qui concerne le civil et le temporel, mettant à part les objets spirituels je le prêterais volontiers et j'en fais l'offre dès à présent.

Signé : Guillaume BETAUX, PATIER, GUYOMARD, maire, MORFOUESSE, BRIAND, GUILLOTIN, DESBOIS, LAMY, REDOT, MORFOUESSE, MORICE, GUILLOTIN, notables."

Nous autres, prêtres réfractaires, par leur présence dans les campagnes, causent la plus grande fermentation en ce pays. Il n'y a point d'idées fanatiques qu'ils ne soient venus à bout d'insinuer dans la tête des habitants. Ils sont presque les seuls à confesser ; il se trouve tous les jours autour d'eux et surtout les dimanches et fêtes un concours immense de personnes.

Nous savons que ces prêtres tiennent les propos les plus séditieux. Il n'y a aucun baptême aux paroisses, ils se font tous dans les maisons, quelques ordonnances que nous ayons rendues à ce sujet. Enfin, tant que ces hommes seront ici, nous ne pouvons espérer aucun retour aux principes que l'Assemblée a décrétés.

Les prêtres ont tourné la tête des femmes et du peuple au point de leur faire désirer le retour à l'ordre ancien ou plutôt a la servitude.

Le 5 juin 1791 Contraint d'abandonner la cure de Saint-Servan, je reviens à Concoret, mon pays natal (village du Vaubossard) et je suis pendant un an chapelain de Beuve.

Le 10 juillet 1791, les habitants de Concoret ont procédé à l'élection de la garde nationale et les dignitaires ont été nommés comme suit :

Le sieur VALLET, major, colonel

PATIER, capitaine

DANDIN,

Jean RENARD

LE COMTE

Malon FOULON, lieutenant,

Michel REDO

Mathurin PONGERARD

SALMONT

La garde nationale ainsi élue a décidé de se rendre à Ploërmel pour élire à son tour les délégués qui devront se rendre à Vannes pour la fédération des gardes nationales, laquelle doit avoir lieu dans cette ville.

Dans ce même mois de juillet, certains habitants de Concoret se dirigent vers le château du Rox dans le dessein de le mettre au pillage. Ils tentent de dévaster et de briser tout ce qui leur tombe sous la main, la municipalité, avertie se transporte sur les lieux et met tout en œuvre pour arrêter ces excès. Elle réussit enfin à repousser les envahisseurs.

20 septembre 1792 - Publication est faite à Concoret du décret ordonnant à tout prêtre non sermenteur de sortir de France dans les 8 jours sous peine d'être traité comme rebelle et perturbateur. Arrêté du département du Morbihan ordonnant la déportation de tout ecclésiastique non assermenté.

23 septembre 1792 - Monsieur Guillaume BERTAUX, 75 ans, recteur de Concoret, sort de son presbytère, des prêtres, Joseph HOUSSU, Julien DESBOIS et Mathurin REGNARD, natifs de Concoret et Monsieur Jean Baptiste SALMON, diacre. Avant de partir, Monsieur BERTAUX m'a béni une pierre sacrée, m'a recommandé sa paroisse et m'a permis d'y administrer mes sacrements tant que je pouvais y rester. Monsieur François POTTIER, prêtre de Merdrignac, vicaire de Concoret, quitte le pays et s'embarque à Saint-Brieuc pour passer en Angleterre.

Dimanche 30 septembre 1792 - Je célèbre la grand-messe de Concoret, j'annonce que désormais il n'y aurait plus de grand-messe puisque les pasteurs sont en exil. Je dis ce qu'il faut faire en l'absence de prêtre pour les naissances et pour les mourants, pour la sanctification du dimanche et pour l'instruction des enfants. Les gens pleuraient.

Lundi 1er octobre 1792 - La municipalité de Concoret écrit à Ploërmel que tous les prêtres sont partis sauf un qui n'est pas fonctionnaire public. Monsieur BETAUX, natif de Lancieux, professeur de philosophie à Dinan, recteur de Concoret en 1756. Monsieur BETAUX devint fou par le chagrin d'avoir quitté ses paroissiens et mourut fou à Jersey vers la fin de 1797. Ploërmel répond que ce prêtre peut rester tranquille jusqu'à nouvel ordre, moyennant qu'il agisse avec circonspection. En conséquence je me décide à dire la messe et à faire du ministère à Concoret mais avec beaucoup de précautions, toujours craignant la trahison des ennemis de la religion. ,Je n'ose plus coucher chez moi. Après le départ des prêtres j'ai caché, dans un mur, le petit calice d'argent. Vincente PATIER, ma tante, est seule à en avoir connaissance. On a cru que le calice avait été emporté par les prêtres déportés en Angleterre.

Décembre 1792 - Je reçois du grand vicaire de Monseigneur l'évêque de Saint-Malo des pouvoirs très étendus pour tout le diocèse de Saint-Malo.

 

 

1792

Baptêmes

Félix Mathurin DESNOS, fils légitime, jumeau premier, né de Philippe DESNOS, charpentier, et de Mathurine DAVID, né à la Haute Gourichais le 17 décembre 1792 et baptisé par moi le même jour dans cette église. Parrain : Félix GUILLON. Marraine : Marie DUCHESNES, femme de Joseph GUILLOTIN, cousine de l'enfant.

Marie-Jeanne Mathurine DESNOS, jumelle dernière, née de Philippe DESNOS, charpentier, et de Mathurine DAVID, né à la Haute Gourichais le 17 décembre 1792 et baptisé par moi le même jour dans cette église. Parrain : Mathurin ROSSELIN. Marraine : Marie-Jeanne DUCHESNES, cousine de l'enfant.

Anne-Marie Placide ROBILLARD, fille légitime de Joseph ROBILLARD, marchand, et de Vincente SAILLARD, tous deux de Concoret, née au bourg le 5 décembre 1792, baptisée le jour même par moi dans cette église. Parrain Joseph RENAULT cousin de la mère. Marraine Anne DANDIN, femme de Jean JOSSE de Brangelin.

Jean Baptiste François DESBOIS, fils légitime de Mathurin DESBOIS, marchand, et de Marie Reine BIGOT, né au bourg le 3 décembre 1792 a été baptisé par moi le lendemain. Parrain Jean-Baptiste DESBOIS des Rues Desnoes, cousin du père. Marraine Thérèse Gabrielle DUNO du Bran

Marie Reine Françoise BONAMY, fille légitime de Mathurin BONAMY, laboureur, natif de Mauron et de Marie Reine THOMAS de Concoret, née à Haligan, au lieu de cogus le 22 novembre 1792, a été baptisée par moi le lendemain. Parrain Joachim BONAMY, frère du père. Marraine Reine MORFOUESSE de la Noë Reculard, cousine de la mère.

 

Mariages

Mathurin HAUPAS, jardinier, âgé de 37 ans, fils de feu Mathurin et de feue Anne JOSSE, natif de Concoret et Guillemette Marguerite JALLU, âgée de 41 ans fille de feu Mathurin et de Marguerite ROLLAND, native et domiciliée à Concoret, ont reçu la bénédiction nuptiale par mon ministère le 19 décembre 1792.

 

Décès

Jean-Baptiste DANDIN, âgé de 4 ans et 3 mois, fils de Mathurin et de Mathurine GUILLOTIN, décédé à Brangelin le 19 décembre 1792, a reçu le lendemain la sépulture en présence de son père et de Vincent DANDIN son frère.

Jean ROSSELIN, âgé de 7 ans 1/2, fils de Joseph ROSSELIN et de Thérèse MINIER, décédé à la Basse Gourichais presque subitement le 13 décembre 1792, a reçu le lendemain la sépulture en présence de son père et de Thérèse ROSSELIN sa sœur.

Félix-Mathurin et Marie-Jeanne Mathurine DESNOS enfants jumeaux de Philippe DESNOS et de Mathurine DAVID, décédés à la Haute Gourichais, le 19 décembre, ont reçu la sépulture en présence du père, de Marie DUCHESNES et autres.

Anne JOSSE, âgée d'environ 10 ans, fille de Mathurin et de Julienne DERLANOË

Julien LE HIR, âgé de 5 ans, fils de feu Pierre et de Marie LEGAL, décédé à la maison du Roc à Comper le 28 décembre 1792, a reçu le lendemain la sépulture en présence de sa mère et d'Alexandre DANET.

 

1793

 

Baptêmes

Françoise, fille illégitime de Marie GUILLON, née à la Gourichais le 4 mers 1793 et baptisée par moi le lendemain. Parrain : Charles GUILLON, frère de la mère. Marraine : Françoise CIVAY de la Métairie.

Félix François, fils illégitime de Marie RIGOLLE, né dans le bourg le 10 mars 1793 a été baptisé par moi le même jour. Parrain Félix GUILLOTIN, chirurgien. Marraine Françoise GUYOMARD (mort à 6ans1/2).

Jean-Baptiste DESBOIS, fils légitime de Yves DESBOIS, laboureur et de Mathurine PONGERARD né à Haligan au lieu de Pontroquet vers minuit entre le 29 et le 30 juillet 1793 a été baptisé le jour même par moi dans une maison particulière à cause de la persécution. Parrain Etienne GUILLOTEL. Marraine Reine GUILLOTIN de Haligan (mort à l'âge de 1 an)

Julien Mathurin JOSSE, fils de Mathurin, laboureur et de Marguerite ROLLAND, né au Liordais le 11 janvier 1793 a été baptisé secrètement à cause de la persécution. Parrain Julien ROLLAND de la Noë Reculard, frère de la mère. Marraine Mathurin CLEMENT de la Gourichais.

Jean François MORFOUESSE, fils de Joseph, boulanger, et de Jeanne DESBOIS de la Roche le 2 mars 1793, Parrain Jean Marie JOSSE. Marraine Françoise PONGERARD

Joachim JOSSE, fils de Joachim, boulanger et de Reine MAIGRET né à Esquegal le 19 juillet 1793 Parrain Mathurin JARNO. Marraine Jeanne PONGERARD

Marie Jeanne QUEDILLAC, fille légitime de Robert QUEDILLAC, chaussayeur et de Jeanne COSNIER, née au Vaubossard, au lieu du Rostel, le 12 septembre 1793 a été baptisé par moi le même jour dans une maison particulière à cause de la persécution, Parrain Pierre BOUESNARD. Marraine Marie LAGUILLEE (morte à 3ans1/2)

Mathurin ROLLAND, fils légitime de Mathurin et de Marguerite DUNO, né à Rezel près de Comper, le 23 septembre 1793 a été baptisé le jouir même par moi, dans une maison ^particulière à cause de la persécution. Parrain Mathurin SAILLARD. Marraine Anne ROLLAND.

François Pierre GUILLOTIN, fils légitime de François GUILLOTIN, laboureur et de Françoise DESBOIS né au Vaubossard au lieu dit Rues Beslé le dimanche 24 novembre 1793 a été baptisé secrètement par moi le lendemain dans une maison particulière à cause de la persécution. Parrain François DESBOIS, frère de la mère. Marraine Marie GUILLOTIN sœur de père (mort à 3ans1/2)

Anne Marie JOSSE, fille légitime de Jean JOSSE et de Reine GUILLOTIN, né à la Roche le lundi au soir 23 décembre 1793 a été baptisé le lendemain, veille de Noël par moi, oncle de l'enfant, dans une maison particulière à cause de la persécution. Parrain Paul GUILLOTIN frère de l'enfant. Marraine Renée ROLLAND, épouse de Philippe JOSSE, frère du père.

 

 

Mariages

Mathurin ROLLAND, laboureur, âgé de 29 ans, fils de feu Guillaume ROLLAND et de Suzanne FOULON, natif et domicilié à Concoret et de Marguerite DUNO âgée de 29 ans fille de René et de Guillemette MORIN, domiciliée à Concoret, ayant été dispensée des trois bans canoniques à cause de la persécution, ont reçu la bénédiction nuptiale par mon ministère en l'église de Concoret le15 janvier 1793.

Jean JOSSE, boulanger, âgé de 41 ans, fils de Pierre et de feue Marie ALIX et Reine GUILLOTIN âgée de 24 ans fille de feu François et de Mathurine PATIER, tous deux natifs et domiciliés à Concoret, ayant été dispensés des trois bans en raison de la persécution, ont reçu la bénédiction nuptiale en l'église de Concoret le 12 février 1793 de consentement du père de l'époux et de la mère de l'épouse en présence de François et Paul GUILLOTIN frères de l'épouse et de Philippe JOSSE frère de l'époux.

Joseph ROLLAND, laboureur, âgé de 30 ans, fils de Joseph et de Agathe DELAPORTE, natif du Louyat en Gaël et Marguerite BOUESNARD âgée de 26 ans, fille de Mathurin et de Gabrielle BERNARD du Bretin en Muel le 30 mai 1793.

Décès

Félix Marie GUILLOTIN, Médecin en chirurgie et maire de Concoret, âgé de 47 ans, natif de Concoret, fils de feu Yves et de Catherine JOUBAUD, veuf de Mademoiselle Barbe DUVERGER, décédé au bourg le dimanche des rameaux à 10 heures du matin. le 27 mars1793, muni du sacrement de pénitence, a été inhumé le lendemain sous le chapiteau en présence d'une affluence extraordinaire de parents et d'amis.

Anne ROLLAND âgée de 33 ans, née à Concoret, fille de Guillaume et de Suzanne FOULON morte à Telhouët le 19 mai 1793

Noël ROLLAND, laboureur, âgé de 61 ans, natif de Concoret, fils de feu Jean et de Roberte ETELIN, époux de Mathurine BOSCHERIE est décédé au lieu de la Croix proche de la Noë Reculard le 11 août 1793 ayant été confessé

 

En cette année, l'abbé GUILLOTIN baptisa 67 enfants, bénit 40 mariages, assista un grand nombre de mourants.

Le 8 avril 1793 Jean GUYOMARD est réélu maire en remplacement de Félix GUILLOTIN décédé

 

Notes sur l'année 1793

La révolution prend de jour en jour un caractère plus fâcheux. La convention met partout la terreur et le désordre. Le roi qui avait voulu s'enfuir est tenu captif et on lui fait son procès. On vend les biens de l'Eglise et ceux des émigrés. On persécute les prêtres catholiques. On paraît vouloir abolir tout à fait la religion. Je continue à dire la messe à l'église, tantôt à une heure, tantôt à une autre. On y vient de 3 à 4 lieues, attendu qu'ailleurs les prêtres catholiques n'osent plus paraître. Seul Monsieur DUCLOS de Saint-Léry célèbre encore publiquement la messe. Tous les habitants tiennent mon parti : ceux de Paimpont, Plélan, Muel et Saint-Malon qui sont révolutionnaires ne sont pas mes ennemis.

21 Janvier 1793 - A 10heures du matin est mort sur l'échafaud Louis XVI, condamné à mort par la convention nationale comme coupable de parjure, il était prisonnier à la cour du Temple depuis le 10 août dernier.

4 février 1793 - Les administrateurs du district de Ploërmel ayant fait sommation sous peine de garnison, d'avoir à envoyer l'argenterie de l'Eglise au district, la municipalité de Concoret s'assemble le 10 février et nomme les personnes qui le 11 février portent au district, la croix, l'encensoir, la navette, la lampe et le bénitier d'argent de l'église.

Dimanche 10 mars 1793 - Le district de Ploërmel envoie à Concoret Monsieur CHEVALEUX de Peillac, comme curé constitutionnel. Le mardi suivant, la municipalité de Concoret fait savoir au district que la paroisse ne veut pas de prêtre.

1er Mai 1793 - La fureur révolutionnaire augmente toujours, j'ai cessé d'assister aux enterrements et de faire des baptêmes à l'église.

Dimanche 5 mai 1793 - On cesse de sonner les cloches, même pour l'angélus (arrêté du département). On en tira les battants

Mai 1793 - A cause du même arrêté, on descend la cloche de la chapelle du Rox et on la met en terre. On désorne l'autel.

27 mai 1793 - Ordre du district aux domestiques de Monsieur BERTAUX, recteur, d'avoir à quitter le presbytère. Il fut fermé le 28 mai et banni en affermage. Maurice le pousse à 50 francs pour le céder à Hyacinthe GUILLOMARD, homme de confiance du recteur.

Dimanche 21 juillet 1793 - Les habitants de Néant, Concoret, Tréhorenteuc s'assemblent en l'église de Néant et prennent un arrêté pour demander la religion catholique et la liberté du culte. Il a été donné à la France une nouvelle constitution par un nommé ROBESPIERRE, homme sanguinaire et impie qui ne veut aucune religion.

Dimanche 25 août 1793 - Ordre du département de faire sonner les cloches. On en remet les battants et on les fit sonner. Sur la fin d'août on apprend que la fonction de ROBESPIERRE l'emporte sur les autres. On sévit contre ceux qui ont signés en faveur du culte. On met en service une machine inventée par un médecin de Paris nommé GUILLOTIN : avec cette machine on coupe le cou aux prêtres, aux nobles, aux savants et aux autres gens suspects.

11 septembre 1793 - On enlève du grand autel les panneaux de vitres où étaient imprimés les armoiries de Monsieur de MONTIGNY, seigneur de Comper et de Monsieur BEGASSON seigneur du Rox.

Dimanche 14 septembre 1799 J'ai célébré pour la première fois la messe en l'église de Concoret parce que le département a menacé la municipalité de poursuites et de garnison. Je l'y ai dite une semaine jusqu'au 27 septembre, j'ai alors purifié le saint ciboire et fus sommé de le remettre à la municipalité ainsi que le second calice. Dès le 22 septembre on m'avait obligé de donner l'ostensoir, lors du soulèvement de certaines paroisses.

Dimanche 6 octobre 1793 - Je fus dénoncé comme agent officier dans l'église de Paimpont. On décide d'envoyer des gendarmes de Plélan et 200 gardes nationaux de Paimpont pour me prendre. Le mercredi, 4 gendarmes vinrent fouiller au Vaubossard et couchèrent au Rox. Les familiers de Paimpont fouillèrent chez mes parents, au bourg, à la chauvelaie, à la Rue Eon, mais j'avais été averti et je passai cette nuit-là sur la lande de Renchal avec Monsieur CLOUET curé du Bran.

Mercredi 16 octobre 1793 - Meurt sur l'échafaud, Marie Antoinette, reine de France, après avoir été détenue pendant plus d'un an.

Mardi 28 octobre 1793 - Monsieur VIALLET assisté de quelques particuliers de l'endroit, tourna et enfonça en terre les pierres tombales de l'église, fit rayer quelques structures d'armes seigneuriales sur le mur, abattit un pommier du cimetière pour chauffer le corps de garde séant dans l'auditoire du Rox.

Novembre 1793 Monsieur VIALLET, commissaire pour le recrutement national achète pour 305 francs en assignats le verger du presbytère de Concoret. Sur la fin de l'année les prisons sont remplies de victimes, tous les religieux et religieuses sont chassés, toutes les églises sont fermées. Il y a un calendrier nouveau qui commence au 22 septembre 1792, défense de se servir de l'ancien. Plus mentions de dimanches, de jours de fête, ni de saints, ni de jeûne ni d'abstinence. Le nom des jours a changé et celui des mois aussi. On veut faire donner aux enfants des noms de païens ou des noms de fleurs, de légumes.

 

 

1794

 

Baptêmes

Angélique Vincente GUILLOTIN, fille légitime de François GUILLOTIN, marchand et de Marie Jeanne DANDIN, née au Vaubossard le samedi 22 février 1794 a été baptisée secrètement par moi, oncle de l'enfant. PARRAIN Vincent GUILLOTIN. Marraine Angélique GUILLOTIN

Pierre Marie BRIAND, fils de légitime de Julien BRIAND, laboureur et d'Anne Marie GUILLOTIN, né au Vaubossard au lieu dit Rues Beslé, le dimanche des Rameaux 13 avril 1794 a été baptisé secrètement par moi le jour même. Parrain Julien ROLLAND, filleul du père. Marraine Mathurine BRIAND cousine du père.

Anne Marie BONAMY, fille légitime de Mathurin BONAMY, laboureur, et de Marie Reine THOMAS de Haligan aux rues Cogus le mercredi de la semaine sainte le 16 avril 1794 a été baptisée secrètement le même jour par moi. Parrain Joseph THOMAS. Marraine Catherine REDO

Anne Marie DELAPORTE fille légitime de Joachim DELAPORTE et de Perrine HERVE née à Lesnée en Gaël le 4 avril 1794 a été baptisée secrètement par moi le 16 avril suivant, mercredi de la semaine sainte. Parrain Joseph DELAPORTE frère du père, Marraine Perrine GUILLOTIN épouse de Joachim DEALPORTE, demi-frère de l'enfant.

Marie Reine ROLLAND, fille de Joseph et de Marguerite BOUESNARD née au Brétin le 13 mai 1794. Parrain Eugène BRIAND. Marraine Reine BOUESNARD.

Joseph PIRAULT fils de Joseph PIRAULT et d'olive FEVRIER né à la Métairie depuis le 4 juillet 1794 a été baptisée secrètement par moi le jour de Ste Anne, le 26 juillet 1794. Parrain Toussaint BINARD. Marraine Anne PIETAIS

Anne Marie Mathurine CLOUET, fille légitime de Jean CLOUET, laboureur, et de Marie BRIAND, née de la Rivière le lundi 17 septembre 1794 et a été baptisée secrètement par moi le même jour. Parrain Jacques JOUBARD, beau-frère du père. Marraine Mathurine BIGOT du Pertuis du Faou.

Joseph PIRAULT, fils légitime de Thomas PIRAULT et de Julienne DELATOUCHE, né à Clémélin en Gaël le 13 octobre 1794 a été baptisée secrètement par moi le jour de Ste Anne le 26 octobre 1794. Parrain joseph CLEMENT de la Ville au Feuvre en Concoret. Marraine Jeanne CHOLLET de Clémelin

Marie JOSSE fille légitime de Mathurin JOSSE, laboureur et de Marguerite ROLLAND née au Liordais le samedi 22 novembre 1794 Parrain Hyacinthe HAUPAS. Marraine Marie ROLLAND.

 

Mariages

Mathurin ROLLAND, marchand cloutier âgé de 24 ans fils de <Pierre et de Georgine ROLLAND de Vignouse et Perrine MORFOUESSE âgée de 23 ans tous deux natifs et domiciliés à Paimpont, le 26 février 1794

 

Décès

Mathurin ROLLAND dit "Pertin", âgé de 63 ans fermier de Lancron en Gaël, dépendant de Comper, décédé le 30 mai 1794

Julienne Luce COSNIER âgée de 27 ans, fille de Vincent COSNIER et de Mathurine LELIEVRE, épouse de Julien ROLLAND de la Noë Reculard est décédée chez son frère au Vaubossard le dimanche au soir 3 août 1794 à la suite d'un accouchement de 2 enfants qui sont morts et munie des sacrements par mon ministère.

Les deux enfants de la même couche de Marie ROSSELIN femme de Joachim COSNIER, frère de Julienne Luce âgés d'un jour sont morts le lundi 22 octobre 1794

 

En 1794 l'abbé GUILLOTIN baptisa secrètement 136 enfants, bénit 32 mariages. Dans le registre des décès il faut noter celui de Monsieur Julien BLOUER, prêtre mort le 31 mars 1794, administré par l'abbé GUILLOTIN et enterré le surlendemain à minuit dans la chapelle du Rosaire de l'église de Concoret.

 

Notes sur l'année 1794

Jeudi 9 janvier 1794 - En conséquence des décrets abolissant tout culte on fit descendre les 2 cloches de l'église de Concoret ainsi que celles de Comper et du Rox et on les fait conduire à Ploërmel avec les ornements, nappes, chandeliers, bouquets, bannières, calices… tout ce qui servait au culte.

Ordre de 8 harnais de Concoret d'aller chercher du foin dans l'église de Carnes à Ploërmel pour la conduire à Rennes dans l'église de Bonne-Nouvelle. Pour préserver la chapelle du Rox contre le ravage des impies, on a tiré la pierre sacrée et la croix du dessus de la chapelle.

18 janvier 1794 - On met sous séquestre le château du Rox, sur la nouvelle que Monsieur de BEGASSON a émigré avec son épouse.

15 janvier 1794 - On tire les pierres sacrées et un désorne les autels de l'église de Concoret

25 janvier 1794 - Ordre à Concoret d'envoyer 12 harnais chargés de foin à Rennes, aux ordres du département

24 février 1794 - Ordre de 15 harnais de Concoret d'aller chercher du foin dans l'église de Plélan pour le conduire dans les églises de Rennes

27 février 1794 - Tous les garçons de Concoret de 18 à 25 ans ont ordre de se rendre à Ploërmel, on en garde 18 qu'on enrôle dans les troupes nationales.

14 mars 1794 - Ordre de 12 harnais de Concoret de charger du grain et du foin dans l'église de Plélan pour le conduire dans celles de Rennes

8 avril 1794 - La municipalité de Concoret fait déraciner un chêne près du Tertre et le plante en grande cérémonie près du cimetière, ils disent que c'est le chêne de la liberté, ils mettent un bonnet rouge dans le haut

22 mars 1794 - On déracine un autre chêne au Rox et on le plante dans le cimetière de Concoret à la place de la croix qui était mise à l'endroit où étaient réinhumés les ossements des défunts

24 mars 1794 - Tous les garçons de Concoret de 18 à 25 ans ont ordre de se rendre à Ploërmel et de s'enrégimenter pour défendre le nouvelle constitution.

3 avril 1794 - 15 harnais de Concoret ont ordre de charger en l'église de Plélan convertie en magasin du grain et du foin pour le conduire dans les églises de Rennes.

4 avril 1794 - Monsieur ….. ci-devant achète le presbytère pour 1200 francs en assignats

7 avril 1794 - On établit à Concoret un comité de surveillance.

13 avril 1794 - Marchant sur ordre de Ploërmel, la municipalité de Concoret ordonne à tous les habitants de déposer tous les fusils à la sacristie

14 avril 1794 - Comme les troupes nationales ravagent les églises et que les districts envoient des hommes pour renverser statues, chaires, confessionnaux, autels, tableaux comme les églises de Plélan, Beignon, St Malon, Gaël etc. viennent d'être profanées avec la plus grande fureur, la municipalité de Concoret ainsi que le comité de surveillance a jugé de descendre les tableaux et statues de l'église et de les cacher (ce qui n'empêcha pas que la statue de Notre-Dame de la Concorde fut brûlée par les révolutionnaires.

On a abattu sans la casser la belle croix en pierre du cimetière. On a tiré le Christ t les bras du calvaire planté sur les rochers des Closiaux comme croix de la mission. Le 2 février monsieur … a fait abattre une croix avec CHRIST que sa mère femme très pieuse avait fait planter en 1770 sur le Pâtis de l'Orme. Des commissaires nationaux allant de Paimpont à Gaël ont abattu la croix du Lohit, sur le bord du chemin de Paimpont à St Méen.

Avril 1794 - Pendant ce mois d'avril, Ploërmel fait recenser les blés, charrettes, charrues, bœufs, chevaux, vaches, cochons, moutons. Le jour de Pâques. 20 avril, le maire fait sonner la cloche pour le maintien de la constitution. Monsieur … est élu président et quelques jours après est nommé administrateur du district de Ploërmel par PRIEUR de la Marne.

3 mars 1794 - Un détachement de 800 vendéens armés venant du côté de Guer, Guignen, Plélan, paimpont, Montfort, est attaqué dans la lande de Beignon par une troupe de patriotes qui est mise en fuite. Parmi les morts on trouve le curé constitutionnel de Montauban et le juge de paix.

4 mai 1794 - Le détachement de vendéens arrive au moulin à papier, arrive aux 3 Roches près de Trébran et s'y arrête pour dîner. Monsieur de PUISSAYE, le commandant envoie prendre les fusils de la sacristie de Concoret (52 fusils) et les pistolets de Monsieur VIALLET. Les hommes qu'ils avaient envoyés abattent les deux chênes de la liberté, crient "Vive le roi", et s'en retournent aux 3 Roches vers 3 heures de l'après-midi, ils partent en chantant les vêpres, allant vers St Malon. Plusieurs habitants les suivent jusqu'à la Croix-au-Blanc. Cette troupe paie tout ce qu'elle prend, n'insulte personne, montre beaucoup de piété, n'attaque pas la première et dit qu'elle marche pour la religion et pour le roi. Deux vendéens sont arrêtés par des habitants de la Ville Danet qui les conduisent à Plélan pour être fusillés. Monsieur de PUISAYE fait fusiller près de St Malon un nommé POLLET qui refuse de dire : "Vive le roi".

5 mai 1794 - 17 cavaliers armés venant de Ploërmel passent à Concoret pour aller à la proximité des royalistes. Ils ne furent que jusqu'à Comper où ils trouvèrent un nommé MARTIN de Telhouët qui, étant ivre a crié par erreur : "Vive le roi" à leur aspect. Ils le traînèrent à la queue des chevaux et il a été fusillé à Beignon.

6 mars 1794 - L'après-midi, arrivent à Concoret 100 dragons et 200 soldats poursuivant la troupe royaliste. Ils étaient commandés par le général LACOMBE. Leur guide était un homme de Gaillarde qui fit au commandant toutes sortes de mauvais rapports contre les gens de Concoret en sorte que la municipalité fut sur le point d'être fusillée. La troupe coucha dans l'église, au presbytère et chez les particuliers du bourg et des villages. Elle acheva de dévaster l'église, brisa le tabernacle. Les confessionnaux, mit en pièce la belle croix de granit du cimetière (qu'on avait négligé de mettre en terre) déracina la croix des Chênots et la fendit pour faire du feu, brûla les livres de Monsieur le Recteur déposés chez Mathurin GUILLOTIN du bourg, fit des blasphèmes sans nombre contre Dieu, contre les prêtres, contre l'Eglise, la Croix, les images. Elle s'en fut déraciner un chêne au Rox, le planta au cimetière et fit une danse autour. Elle fit rechercher dans la paroisse des jeunes gens qui avaient déserté ou qui n'étaient pas partis. Le commandant fit prendre 20 bouteilles de vin au château du Rox. La troupe partit le lendemain vers Ploërmel en emmenant prisonniers les parents de quelques garçons déserteurs. Une partie des dragons fut jusqu'à St Malon, s'informer des royalistes qu'on apprit avoir couché à la Châsse le dimanche soir et le lundi au château St Gilles PEROUET à Romillé.

Ordre de mener les chevaux à Ploërmel pour qu'on en choisisse pour les harnais de la nation. Aucun de ceux de Concoret n'a été trouvé assez fort.

14 mai 1794 - Les habitants de Concoret sont forcés de mener à Ploërmel 50 quintaux de blé, 10 d'avoine et 2 milliers de foin.

15 mai 1794 - Le tribunal révolutionnaire de Rennes venant de Montfort par Trébran a renversé et brisé la croix du Prêt à la Noë Reculard, a vomi toute sorte de blasphèmes contre la religion. Il est entré dans l'église de Concoret pour voir s'il n'y trouvait pas quelques vestiges de religion et est parti le même jour pour Plélan.

10 au 15 mai 1794 - 400 ou 500 hommes se rassemblent à Illifaut et demandent la religion et un roi. Ils s'emparent de 200 fusils et de munitions de guerre déposés à Merdrignac. Monsieur de LOYNES, curé sermenteur de Brignac et RISSEL fermier de Grenedan sont tués dans cette émeute. A cette occasion, une troupe de patriotes de St Méen et de Gaël se lève, dévaste l'église du Loscouët etc…

18 au 20 mai 1791 - Le comité et la municipalité de Concoret font une enquête pour savoir si quelqu'un de l'endroit n'a pas pris le parti de l'armée royaliste qui passa à Concoret le 4 mai dernier. Ces vendéens sont appelés brigands ou chouans par les patriotes. Personne n'a été convaincu d'avoir pris leur parti ou de les avoir suivis, mais le 19 mai, Mathurine GUILLOTIN épouse de Julien FOULON de Gaillarde ayant été dénoncée par ses voisins pour avoir dit du bien des royalistes est conduite à Paimpont et de là à Montfort en prison. En mai 1794 Julien MUNOT, jardinier du Rox a tiré les statues de la chapelle et les a cachées. Des patriotes venant de Mauron par le Bran ont renversé avec fureur la Croix du Four Etienne au Vaugriot. Un commissaire de Ploërmel vient à Concoret mettre sous séquestre au profit de la république les meubles de tous les prêtres de Concoret à cause des refus de serments à la constitution anti-chrétienne de France et qui ont préféré l'exil, la prison, la perte de leurs biens et même la mort. On fait remarquer au commissaire que les prêtres avaient tout vendu leur mobilier avant leur départ du pays. Le commissaire n'a fait aucun séquestré.

4 et 6 juin 1794 - Il y a depuis 3 semaines des soldats de cachés dans l'abbaye de Paimpont. Ils viennent à Concoret chercher les garçons déserteurs et ont fait connaître contre moi beaucoup d'invectives. C'est un aubergiste de Paimpont qui les conduisait.

8 juin 1794 - Fête de la Pentecôte. Les conseillers municipaux de Concoret ont été obligés de se rendre à Ploërmel pour célébrer la 1ère décase républicaine consacré à l'être suprême et à la nature. Le même jour on a fait au bourg de Concoret un feu de joie par crainte plus que par amour de la nouvelle religion.

29 juin 1794 au matin. - 15 soldats sont venus tenir garnison à Concoret pour chercher les prêtres catholiques et les garçons déserteurs à l'armée. Concoret a été en effet dénoncé par les patriotes de Paimpont comme un refuge de déserteurs et de prêtres réfractaires. Ces soldats ont fait des recherches étonnantes dans les villages de la Rivière, de la Roche, le Vaubossard, le Rox, la Chauvelaie. Ils ont enfoncé les portes brisé les meubles, percé les couettes à coup de sabres, volé argent, linge et tout ce qu'ils pouvaient emporter. Dans la grange du Gave au Vaubossard, ils ont trouvé un paquet caché, dans lequel &tait un vieil ornement pour célébrer la messe, une vieille écharpe un rochet, quelques hardes à usage des prêtres et une caisse qui contenait plusieurs corporaux et purificatoires. Ils se sont habillés dans ces ornements et le long du chemin depuis le Vaubossard jusqu'au bourg, ils ont fait toute sorte de dérisions contre la sainte messe et contre les prêtres. Mathurine LAGUILLEE leur ayant assuré que c'était elle qui avait caché le paquet quand les prêtres partirent, a été mise en prison 2 jours. C'est moi qui lui avais donné ce paquet à garder.

2 juillet 1794 - Les 15 soldats de Concoret sont appelés à Ploërmel pour une autre expédition et partent à la hâte. Le maire et un autre notable accompagnent cette troupe par politique. Ces soldats ont brisé la Croix du Pâtis de Pérotin.

Samedi matin 26 juillet 1794 - Arrivent à Concoret cent et quelques soldats en garnison à Plélan, ils ont invectivé contre la religion et les prêtres, ont lancé des pierres sur l'église pour en démolir les vitres et la toiture et pillé dans le bourg chez plusieurs particuliers. Le midi ils sont partis pour Mauron et de là à Gaël. Ces soldats sont les mêmes qui ont tué dernièrement Monsieur MONERAIS, prêtre de Guer et conduit au supplice à Rennes Monsieur TOTIVINT prêtre de Landujan avec Monsieur et Madame BEDEE du Moulin Tison. Ils ont renversé sur leur chemin de Tournemine pour la deuxième fois la Croix de Lamballe. En août j'ai béni deux maisons neuves.

Lundi 15 septembre 1794 - Après avoir fait publier, le district de Ploërmel met en affinage à éteinte de bougies les terres ayant appartenues aux prêtres oui à la commune de Concoret. Plusieurs de leur parents pour ne pas laisser détériorer les dits biens par des fermiers sans conscience se sont rendus à Ploërmel pour les affermer. Le mien réclamé par ma mère pour rassette du bien qu'elle a vendu, n'a pas été affermé.

15 septembre 1794 - Un drapeau tricolore, avec dessus l'empreinte du bonnet de la liberté et acheté aux frais de la paroisse, a été placé sur la chaire à prêcher de l'église de Concoret.

14 octobre 1794 - Au mois d'octobre le sieur DUBOIS chanoine régulier natif d'Angers, prieur, recteur de Paimpont et zélé révolutionnaire a fait vendre à son profit, tous les membres de l'abbaye d'avec le district de Montfort.

Novembre 1794 - Ploërmel ordonne à Concoret de fournir de la cendre pour les manufactures de salpêtre qu'on a installées dans les églises de Gaël, St Malon, Plélan et autres qu'on a totalement dévortées en creusant, brisant, brûlant… Le but de toutes ces piocheries dans les églises est de voir si les prêtres n'ont pas caché quelque argenterie sous les pavés de l'église. La chapelle de St Jouan des Landes vient aussi d'être profanée et pillée par quelques habitants de St Malon. En novembre j'ai béni deux maisons neuves. Mathurin QUEDILLAC du Vaubossard est nommé à Concoret pour abattre les bois et fossés sur les bords des grands chemins à cause des vols et assassinats qui se commettent de toutes parts. En l'année 1794 je fis beaucoup de baptêmes.

 

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