NOTES D’UN ANCIEN CONCORET EN 1880

Par Monsieur Le Chanoine MAUNY

Né à Concoret en 1875

 

 

 

Faut de tout pour faire un monde, huchait dernièrement une laveuse à la Planche Bouvier. Et en l’entendant, moi je réfléchissais : dans une paroisse, il n’y a pas que les jeunes, il y a encore ceux du "Moyen Age", il y a les vieux qui doivent bien compter pour quelque chose eux aussi, bien qu'ils s'intéressent moins aux matchs et aux sports, car c'était des mots qui n'existaient pas de leur temps. Voilà pourquoi, à la demande de Monsieur le Recteur, un vieux de Concoret entreprend aujourd'hui dans le bulletin de Saint-Laurent une série d'articles qui, dans sa pensée, plairont à tous les âges et rendront ces pages, de ce fait, attrayantes aux yeux de leurs lecteurs.

Nous nous plairont à retourner 70 ans en arrière et à voir ce qu'était Concoret en 1880. Nous ferons d'abord la description du bourg. Vous y verrez qu'il a considérablement changé depuis cette époque et qu'il s'est vraiment embelli. Ensuite nous décrirons dans tous ses détails la vieille église démolie en 1901 à l'âge de 457 ans. Elle était bien vieille notre église mais ceux qui l'ont connue estiment à juste titre qu'elle avait, dans sa vieillesse, conservé de grandes beautés. Nous parlerons du vieux cimetière qui l'entourait et fut démoli en 1891 pour faire la place actuelle. Nous parlerons des routes, chemins et sentiers pittoresques par lesquels les gens des villages arrivaient au bourg. Nous essaierons de faire revivre certaines figures célèbres à Concoret qui paraissent tombées dans l'oubli : le Suc, José Cheret, Limero, la bonne vierge du Vaugriot, Totaine, Mignonne, Mistonnette Calabra, la Papillonne, Jeanne Lou, Julien Denis, la Grande Servante, Joubiniaux, Tampon, Bahit et tant d'autres qui marquèrent leur vie terrestre soit par des actes de bienveillance, soit par des actes religieux, soit par une certaine originalité et encore des cloutiers qui avaient de nombreuses forges à Concoret, illustrées par les habitants et nous sommes sûrs, d'avance, que même les jeunes s'attacheront à cette lecture qui sera d'ailleurs parsemée d'anecdotes toujours pittoresques et amusantes.

Oui notre beau Concoret a un beau passé qu'il ne serait pas convenable d'enterrer sous un présent que nous ne comprenons guère et un avenir qui peut avoir du bon mais qui nous est complètement inconnu.

 

LE BOURG DE CONCORET EN 1880

Deux prêtres assurent le service religieux, Monsieur l'Abbé Félix NOBLET né à Ruffiac en 1818 et Monsieur l'Abbé JARNOT né à Ploërmel en 1847. Le Maire Monsieur LAMY habite le bourg avec son fils et sa fille Antoinette qui devait mourir en 1888.

Quand on arrive de Mauron, à partir de ce lieu qu'on appelle la "Détournée" la route est bien droite jusqu'à l'entrée du bourg. La grande prairie à gauche appartenant à Monsieur BERHAUT FOULON, était bordée de jeunes peupliers sur une longueur de 3 à 400 mètres. J'ai toujours regretté que les propriétaires des champs et prairies en bordure de la route n'aient pas imité Monsieur BERHAUT, quelle splendide avenue nous aurions admirée depuis la Détournée, avenue digne de l'entrée de la ville.

A gauche en arrivant dans le bourg, une croix de bois que l'on appelait la "Croix de l'Orme" du même nom que le terrain vague d'à côté sur lequel l'église avait été bâtie en 1444, terrain appelé en fait le "Pâtis de l'Orme" ou encore le "Pâtis Vert".

A gauche de la Croix de l'Orme, une petite route de village récemment construite, la route de Brangelin. A gauche de la route de Brangelin, un jardinet appartenant à Marie PACHEU, aubergiste décédée vers 1890, ensuite une maison d'habitation avec grande cour et qui devait porter plus tard le nom de "Maison à Paderame", surnom donné à un nommé JUMEL, venu l'habiter avec sa famille. En 1880 elle est habitée par Jean DESBOIS, sabotier venu de Mauron.

Ensuite, le vieux chemin de Lolard qui, autrefois, conduisait au village du Rocher. Entre le chemin de Lolard et la route de Brangelin, la maison de Monsieur JOSSE qui, à la mort de celui ci, fut habitée par Marie-Sainte JOSSE, sa nièce. Celle-ci se maria à Eugène QUEDILLAC, jeune, le 7 novembre 1882, lequel y installa sa forge de maréchal-ferrant.

A droite de la route, la maison QUEDILLAC-PATTIER et sa forge, puis un terrain vague qui faisait encoignure des deux routes Mauron-Brangelin. Victor ROLLAND, à qui appartenait ce terrain y bâtit vers 1888 une grande maison habitée actuellement par Joseph Guillotin. Sur ce terrain vague, chaque année à l'occasion du concours agricole, était placé le mât de cocagne. En octobre 1879 P.D. avait le grand désir d'y monter mais il ne voulait pas salir ses habits du dimanche. Pas pris pour si peu, il eut vite fait d'aller demander à un ami, L.M. une vieille culotte de "mi-laine" qui lui fut aussitôt prêtée. Alors il se prépare à grimper le long du mât, il arrive presque au sommet, prêt à décrocher l'objet convoité et suspendu au cercle. Lorsque…. Devinez ce qui arriva….

Ce qui arriva et que vous avez sans doute deviné, c'est que P.D. n'ayant pas assez solidement attaché sa culotte, et la sentant s'en aller vers…. le pays-bas, il se vit obligé de la retenir de la main gauche et conséquemment de s'immobiliser, car, avec le seul bras droit, il ne pouvait continuer à grimper. Donc une conclusion s'imposait : il n'avait plus qu'à dégringoler en vitesse, ce qu'il fit à l'hilarité générale. Mais pensez : quel guignon, n'avoir qu'à élever la main pour décrocher la timbale et la rater ; à quoi tient parfois la déveine ? (Manque d'un point, Martin perdit son âne). Ouvert de confusion P.D. n'osa recommencer et piteusement s'en alla reporter sa culotte de mi-laine.

Continuons notre excursion à travers le bourg. La maison GUILLOTIN-GOUELLEU n'existait pas. Elle ne fut élevée que vers 1888/1889 et sitôt bâtie, elle devait avoir comme premier locataire Francis SERGENT, récemment marié à une jeune fille de Telhouët qui y installa auberge et bureau de tabac en attendant que la sienne ne fut construite route de Mauron, au-dessus de la Croix de l'Orme.

Ensuite apparaît une très vieille et très haute cheminée et restée debout, je ne sais pourquoi, en tout cas, demeurant comme une preuve évidente qu'une grande maison avait existé au bord de la route. Cette cheminée ne devait être abattue qu'en 1884. A la place, on construisit un petit mur pour séparer la propriété de Monsieur BERHAULT de celle de Victor ROLLAND. En quelle année avait été démolie la vieille maison du bord de la route ? Je l'ignore, mais je suis porté à croire que ce fut vers 1862 : Monsieur BERHAUT étant maire à cette époque, et il n'y avait comme mairie que des salles d'emprunt. Monsieur BERHAUT décida de construire une maison neuve pour servir de mairie et d'école de filles et de l'établir derrière la vieille maison qui ne valait sans doute pas le peine d'être relevée. Et à la place de celle-ci on aurait dans ce plan une cour de récréation pour les fillettes.

La nouvelle maison fut construite en 1863, date inscrite lisiblement au-dessus de la porte de la cave. Et aussitôt elle fût louée à la commune qui y installa la mairie dans la grande pièce du rez-de-chaussée à gauche et l'école des filles dans la pièce de droite. Mademoiselle LEROUGE, institutrice, logeait au-dessus de l'école et Julienne PRESSE au-dessus de la mairie. Les choses restèrent en cet état jusqu'à la construction, aux Chenots, de la nouvelle mairie et des écoles en 1872 sous la magistrature de Monsieur LAMY père.

 

JULIENNE PRESSE

Sous la grande cheminée, vers 1880, se tenait en permanence, les jours d'été, une bonne vieille rebouteuse du nom de Julienne PRESSE. Elle était née en 1833 dans la région de Questembert et vint avec sa famille vers 1845à Concoret. Son frère Paul était meunier à Tuboeuf. Tout en tricotant des bas et des gilets de laine, elle surveillait les enfants du bas du bourg, trop petits pour aller à l'école et rendait ainsi un grand service à beaucoup de mamans. Elle mourut le 8 juillet 1883 à l'âge de 50 ans. La bonne vieille rebouteuse qui "remettait les côtes chaites et les baisses du cœur tombées", la bonne d'enfants que nous aimions et vénérions disparut et sa mort causa un grand deuil dans la paroisse.

La maison de 1863, au départ de la mairie et de l'école, fut louée par Monsieur BERHAUT à plusieurs locataires. Nous y avons vu un ménage LOUDEAC qui y tint auberge et boucherie. Le 4ème dimanche de carême, le 24 mars 1885, eut lieu la vente mobilière des LOUDEAC. Un jeune homme de 24 ans, venant de Bléruais nommé Constant JEHANIN, qui devait se marier à Marie-Rose MORIN de Saint-Malon le 7 juillet suivant, avait loué la maison de 1863 pour succéder aux LOUDEAC. Il était présent à la vente et y fit beaucoup d'acquisitions. Il installa sa boucherie et son auberge dès le 1er avril et c'est dans la cour spacieuse de sa maison qu'eu lieu son repas nuptial le 7 juillet comme avait eu lieu celui de Louis MAUNY le 26 octobre 1874 et beaucoup d'autres encore.

Marie-Rose MORIN mourut le 19 juillet 1901. Constant JEHANIN se remaria à Laurence HELE et alla avec sa belle petite famille, habiter la maison de Madame HELE. Il fut remplacé par Henri DUNO qui devait y mourir le 27 avril 1907. Plus tard, monsieur JOSSE ancien maître d'école y passa plusieurs années en retraite et enfin à l'extinction de la famille BERHAUT, cette maison fut vendue. Eugène BERSON en fit l'acquisition.

 

LA MAISON DE MADAME FILY

La maison qui continue la rangée porte, dans nos archives personnelles, le nom de "Maison de Madame FILLY". C'est sur cette maison, l'une des plus vieilles de Concoret, que fut alignée, de toute évidence, la maison de 1863.

D'après un renseignement que nous tenons de Marie LUCAS, femme ROLLAND de Rezel (son mari dit "Loriette") cette maison, pendant la révolution et longtemps après, fut habitée par une dame FILY que Marie LUCAS avait connu dès son enfance. Qu'est-ce que cette dame FILY ? Nous n'avons aucun détail sur sa vie. Son nom nous incite à croire qu'elle n'était pas originaire de Concoret mais elle ne devait pas être de bien loin. A cette époque rares étaient ceux qui allaient à Paris ou dans une autre ville. Le nom de FILY est un nom bien breton, il y avait même une famille FILY aux Griots en Concoret, mais ce qui fait penser qu'elle avait été en ville, c'est qu'on l'appelait "Madame". A cette époque parmi les paysans il n'y avait ni "Dames" ni "Messieurs", du moins ils étaient très rares. Nous en concluons qu'après la révolution il y avait un gars de la région, nommé FILY qui était allé chercher fortune à Paris ou à.. Tombouctou, qu'entre temps il se maria et, fortune faite, il revint dans son pays de Concoret, y acheta une maison, y installa son épouse et mourut, car Marie LUCAS ne parlait jamais de Monsieur FILY. En quelle année mourut Madame FILY ? Nous l'ignorons, ce fut Vraisemblablement Monsieur MACE de la Robinais époux de mademoiselle FOULON, laquelle deviendra plus tard Madame BERHAUT qui acheta cette maison aux environs de 1830/1840 car en 1880 elle appartenait aux BERHAUT depuis longtemps.

En 1880 la maison de Madame FILY était habitée par Louis MAUNY marié le 26 octobre 1874 à Eugènie GUILLOUX de la Pointe en Mauron. Il y tenait café et recette buraliste qu'on lui avait accordé parce qu'il était grand mutilé de la guerre 1870. Le ménage Louis MAUNY eut dans cette maison quatre enfants : Henri, l'aîné, futur prêtre, Eugène mort à Vannes en 1935, Léontine morte à Concoret en 1897, Marie-Ange devenue dinannaise. Louis MAUNY mourut le 25 janvier 1884. Sa famille quitte la maison le 29 septembre 1886. Elle fut habitée ensuite par un nommé SERGENT, nommé à la recette buraliste de Concoret, venu avec sa mère de Muzillac. En 1888, il se maria à une jeune fille de Telhouët et sa mère mourut en 1890.

Depuis lors cette maison fut habitée par Paul BIRON, cordonnier, marié vers 1888 à Anna ROSSELIN de Trébran et, plus tard, Désiré ALIX, tailleur d'habits, marié le 9 mai 1892 à Joséphine DUBOIS de Lolard qui y vécut de longues années. D'autres locataires y sont venus par la suite, Marie SIMON, la mère NORMAND qui y mourut etc… Elle est maintenant habitée par Berthe MAUNY de la Jeannette, deux fois décorée par la société d'encouragement au bien, et par le ménage ROBIN-PIGOT.

En 1880 cette maison avait été louée à Louis MAUNY avec son jardin qui se terminait en bordure de la route de Brangelin et avec d'importants communs pour… tenez-vous bien : 150 F par an et on acclame le progrès.

Devant la maison de Madame FILY il y a une courette et un escalier de pierres qui conduit à la chambre de Madame GOUELLEU-BARBIER. Cette nouvelle rangée de maisons commence:

1° par l'échoppe du cordonnier BIRON

2° la maison appartenant à Victor ROLLAND comportant, au rez-de-chaussée, l'échoppe du Suc et au premier étage la maison de Madame GOUELLEU

3° une maison nouvellement construite ou restaurée appartenant à la famille ALLAIRE, inhabitée en 1880.

4° La maison RUAUD-JOUAN

En sortant de la maison de Madame FILY nous voyons à gauche une grande cour fermée par un portail et placée devant écuries et cellier puis une autre cour conduisant à la chambre habitée par le ménage SIMON-EON qui y donna naissance à Marie SIMON en 1879. Ce ménage fut donc remplacé en 1880 par Madame GOUELLEU

 

MADAME GOUELLEU

Madame GOUELLEU, née Mathurine BARBIER à la Gourichais, habitait avec son mari place des Brebions. Monsieur GOUELLEU, oncle de Madame Hélé, de Pierre GOUELLEU de Brandeseul et de Mathurin GOUELLEU de Trébian mourut en 1880.

Madame GOUELLEU, lingère et repasseuse, se trouvant trop grandement logée, fit une vente mobilière et se retira pour y continuer son métier dans la chambre de la maison de Victor ROLLAND occupée, jusque là, comme nous l'avons dit par le ménage SIMON. C'est là que la petite jeune fille d'Haligan, Joséphine BESNIER, vint faire son apprentissage de lingère.

Madame GOUELLEU resta avec Joséphine dans cette chambre jusqu'en 1896 époque à laquelle se sentant vieillir elle laissa tomber son métier et se retira aux Chênots près de ses neveux où elle mourut âgée de 75 ans.

Madame GOUELLEU était la sœur de Louis BARBIER des Chênots, mort en 1881, de la femme RELAND de la Gourichais morte en 1888, de Madame MESLE de Gaël et de Monsieur BARBIER-GUYOMARD de la Gourichais.

Elle était la tante de Monsieur BARBIER des Chênots, ordonné prêtre à Vannes en 1876. C'était une personne pieuse et très charitable. En 1881 elle accepta de présider à l'église la récitation du rosaire le dimanche à 1 heure de l'après-midi, remplaçant ainsi les prêtres qui avaient une journée chargée par la célébration des offices, le catéchisme dominical, les confessions etc… Elle remplit cette fonction, jusqu'à sa mort. Elle récitait le Rosaire dans la chapelle de la Sainte Vierge qui était remplie de fidèles chaque dimanche de 1 h à 2 heures. Que de choses édifiantes nous aurions à dire sur ces réunions de piété dont Madame GOUELLEU était l'âme ! Quelle belle récompense elle a dû recevoir là-haut !

 

Revenant sur la route, nous contournons l'échoppe de BIRON qui habitait le Bois Salmon avec sa famille et était un excellent cordonnier. A la mort du père BIRON, cette maisonnette servit d'abattoir à Constant JEHANIN et après, fut surélevée pour être louée à plusieurs locataires.

 

LE MANOIR DE MADAME HELE

Le père de Madame HELE portait le prénom d'Alexis, il était né en 1806. Je connaissais bien ce vénérable vieillard de 1880 à 1886 ou 1887, date de sa mort. Il était très pieux et non seulement assistait aux offices religieux de la paroisse, mais encore venait très souvent en particulier faire une visite au Bon DIEU. Il se plaçait toujours entre l'autel de la Sainte Vierge et la porte intérieure de la sacristie. Tant qu'il le put il prit part aux offices et chants liturgiques. Etant enfant, il avait été élevé par Monsieur l'Abbé HOUSSU, premier recteur de Concoret après la révolution, mort le 19 mars 1820. Sans aucun doute, l'enfant était destiné au sacerdoce mais la mort de son maître dût le désorienter. Il partit au loin, je ne sais où et quand il revint il ne portait plus la blouse paysanne ; c'est la raison qui lui valut le titre de Monsieur qu'il garda toujours. Il se maria avec une jeune fille de Montauban de Bretagne nommée RICHE car je sais que les GOUELLEU étaient apparentés de très près à l'abbé Riche Recteur de Tréffendel né à Montauban. Madame HEDE loua aussi une chambre de son manoir à une vieille demoiselle de Concoret qui avait passé presque toute sa vie comme institutrice à Gaël. On l'appelait la "Bonne Sœur RUAUD" elle était la sœur de Julien RUAUD surnommé "Cadet". Elle avait voulu revenir mourir dans son pays natal, c'est pour cela qu'elle avait demandé une chambre à Madame HELE dans son manoir si favorable au recueillement. Elle s'éteignit très âgée vers la fin du siècle, je sais qu'elle n'était pas morte en 1892, date de mon départ au séminaire, car j'eus avec elle un dernier et long entretien qui m'édifia profondément à cette époque.

En 1902, coup de théâtre, Laurence HELE se maria. Constant JEHANIN né à Bléruais le 31 mars 1861 s'était marié le 7 juillet 1885 à Marie-Rose MORIN de Saint-Malon et le nouveau ménage était venu tenir boucherie et auberge dans la "maison de 1863" actuellement maison Eugène BERSON. Marie-Rose MORIN mourut vers 1901 laissant un grand nombre de d'enfants. Nathalie l'aînée était née le 1er juin 1886, Constant le plus jeune était tout petit quand il perdit sa mère, combien de fillettes entre Nathalie et Constant ?

Le papa Constant se trouva bien désemparé. Se remarier ? Mais qui voudrait donc prendre en charge une famille si nombreuse ? Moi s'écria Laurence. Le mariage eu lieu le 23 juin 1902. Madame HELE mourut le 5 mai 1919.

 

LE SUC

Le Suc, de son vrai nom Mathurin barbier. Il était au rez-de-chaussée, au premier étage, Mathurine BARBIER. Mais la Mathurine d'en haut n'était pas apparentée avec le Mathurin d'en bas, du reste jamais le Mathurin d'en bas n'était appelé par son vrai nom, c'était toujours "le Suc".

Etait-ce parce qu'il était doux et bon du sucre qu'on lui avait donné ce nom ? Je n'en sais rien, en tous cas le Luc était un brave et digne homme, cordonnier consciencieux et ne manquant jamais d'assister à la messe et aux vêpres le dimanche. A la place d'honneur était suspendu un beau crucifix entre l'image de saint Crépin et saint Crépinien, patrons des cordonniers

Dans son échoppe les médisances et les jurons étaient interdits. Le Suc, marié à Reinette GAUTHIER avait sa maison d'habitation passage des brebions. Nous parlerons de Reinette GAUTHIER et de ses allures pittoresques quand nous arriverons dans notre récit au passage des Brebions. Enfant j'allais souvent rendre visite au Suc qui paraissait doué d'une excellente mémoire et me parlait du temps de la révolution dont il avait entendu le récit de la bouche de ses parents, du début du siècle dont il avait été un peu témoin, des châtelains du Louyat, du Bran, des mœurs, des coutumes de l'époque. Hélas ! J'étais trop jeune pour prendre des notes sur ces récits sans cela, que de choses intéressantes j'aurais enregistré concernant toute notre région.

Le Suc avait un ouvrier, François BOURIEN, surnommé "Totaine" et marié à Jeanne GUILLOUX : "Jeanne YOUX" la grande lavandière de la Planche Bouvier.

Totaine était toujours suivi de sa Jeannette, c'est à dire sa chatte qui ne quittait jamais son maître d'une semelle. Le Suc, je ne sais pour quel motif, ferma son échoppe en 1884, rentra à la maison avec sa Reinette et se contenta de remplir pendant ses dernières années les fonctions de savetier et d'aller à ses journées chez l'un et chez l'autre. Il mourut et sa Reinette aussi à peu de jours de différence de Totaine et de sa Jeanne YOUX en 1893. D'aucun disaient que l'accueil du Suc par saint Pierre n'aura pas été le même que celui de sa Reinette, mais les mauvaises langues se trompent souvent, Dieu ne peut séparer ce qu'il a uni.

Au départ du Suc, habitèrent cette maison : Francis SERGENT avant son mariage, Louis DESBOIS sabotier, Victor ROBIN etc…

Après la maison du Suc une maison de construction ou de rénovation récente en 1880 est inhabitée. Elle a longtemps servi de maison de débarras à ses à ses propriétaires ou locataires et, depuis une vingtaine d'années, elle a été habitée par plusieurs locataires dont Madame MESNIL. Elle est maintenant habitée par la famille LUCAS.

 

MAISON RUAUD

Au sortir de la maison habitée par le ménage Lucas et inhabitée en 1880, époque à laquelle on ne connaissait pas la crise du logement, nous abordons la maison RUAUD. Tout d'abord, ici, à gauche de l'entrée, un puits qui rendait de grands services aux ménagères de ce quartier. Il n'a disparu que depuis quelques années, je ne sais pour quelle raison on l'a comblé.

Julien RUAUD était marié à Marie-Claire JOUAN du Bran ou du Gretay. Il pouvait avoir une cinquantaine d'années en 1880. Il était maréchal-ferrant et avait sa forge dans une vieille maison d'en face. Vers 1884/1885 il laissa son métier et sa forge servit d'écurie. Julien RUAUD et Marie-Claire JOUAN sa digne épouse eurent quatre enfants : l'aînée Anne-Marie mourut peu de temps après son mariage, elle s'était mariée avec vers 1895 avec Joseph PONGERARD, tailleur d'habits et cabaretier à la gare de Mauron. Ensuite Virginie qui choisit la profession de cuisinière en maison bourgeoise et se trouvant au château du Boyer en Mauron, se maria en 1891 à Onen GORRE de Saint-Onen, valet de chambre au même château. Puis Marie-Claire qui toute sa jeunesse fut maladive et pour cette raison ne se maria pas. Elle mourut accidentellement dans un réservoir d'eau situé sur le calvaire en mai 1897. Enfin Mathurin qui se maria à Paris avec Amandine ROLLAND de Brangelin et, après quelques années de retraite dans la maison natale est mort presque subitement en février 1952, âgé de 76 ans et 9 mois.

Julien RUYAUD, après son métier de maréchal-ferrant ne s'occupa plus que de travailler la terre. Les enfants du quartier avaient pour lui de la sympathie, car il était toujours gai et de bonne humeur. Les gens du pays l'appelaient "Cadet". Il acceptait très bien cette épithète qui, d'ailleurs, n'avait rien d'infamant. Probablement qu'à quelqu'un qui lui avait demandé s'il était l'aîné de ses frères et sœurs il avait dû répondre non ! Je suis le deuxième, c'est à dire le cadet de la famille et le nom lui resta ; "Cadet" ou "Cadet RUAUD"

Quel brave homme que ce Julien RUAUD ! Quel ardent chrétien surtout ! Lui non plus ne jurait jamais, il se contentait de dire : Satré nom de nom ! Satré affaire, ce qui n'était pas un juron. Etant enfant je vénérais Julien RUAUD car, dans ma petite jugeote, je le considérais comme remplissant d'une façon parfaite ses devoirs de chrétien et ses devoirs d'état. Nous aimions, avec son fils Mathurin, le taquiner parfois ou lui jouer des petits tours de gosse. Il ne se fâchait jamais et prenait toujours les choses du bon côté, calmement quand il le fallait ou à la plaisanterie quand elle était de mise.

Je le voyais chaque dimanche aller à la messe et aux vêpres avec un gros livre sous le bras et de sa place, dans l'église, il prenait part aux cérémonies. Il aimait, comme tous les vieillards, raconter des anecdotes de sa jeunesse mais sur un ton qui lui était spécial et il nous intéressait beaucoup, nous les jeunes, qui l'écoutions.

Son gendre Onen GORRE, avait obtenu la place de garde au château de Comper, succédant ainsi au très digne Monsieur CERCLE et au charentais plutôt léger ARSONNEAU. Marie-Claire JOUAN et sa fille Marie-Claire étant mortes depuis quelque temps, Julien RUAUD loua sa maison et ses champs à un ménage LEBRETON de Muel et s'en alla se reposer chez ses enfants à Comper où il devait mourir quelques années plus tard, entouré d'estime et de sympathie générale de la population.

Il mourut au commencement du XXème siècle. J'ai toujours gardé de ce vieil ami de mon enfance le plus excellent souvenir

 

JOSEPH GICQUIAUX

A la sortie de la maison RUAUD, à gauche un courtil appartenant à Emmanuel ALLAIRE, puis un deuxième jardin RUAUD ensuite on entre dans une grande cour entourant une petite ferme c'est le domaine de Joseph GICQUIAUX.

Joseph GICQUIAUX, né à Mauron ou au Bran était âgé d'une cinquantaine d'années en 1880. Il s'était marié vers 1850 à Angélique ALIX de Trévaye en Mauron, nièce de Monsieur ALIX ancien Recteur de Concoret qui racheta le vieux presbytère lorsqu'il donna sa démission pour s'y retirer et y mourir vers 1840.

Le ménage GICQUIAUX-ALIX avait deux filles : Armandine et Victorine. Joseph GICQUIAUX avait à ma connaissance un frère au Tertre, Armand GICQUIAUX marié avec Victorine PIEDERRIERE de Saint-Onen et un autre au Bran : Marcellin. Celui du Tertre avait trois filles, Maria, Léontine et Philomène. Celui du Bran avait deux garçons : Armand et Marcellin.

Armandine ne se maria pas, elle vécut ses dernières années avec Victorine, institutrice et mourut à Mauron vers 1930 mais elle fut inhumée à Concoret avec ses parents.

Victorine, vers l'âge de 18 ans, fut nommée institutrice et remplit divers postes : la Saudraie, Tréhorenteuc, Saint-Léry, Mauron etc… Elle s'était mariée avec Monsieur GLAIS originaire de Guégon, employé de la régie à Mauron.

Angélique ALIX, leur mère, mourut jeune, une quarantaine d'années vers 1896.

Vers 1896, Joseph GICQUIAUX, se sentant vieillir, quitta sa ferme, qui, depuis lors a toujours été en location. Le fermier actuel est Joseph PEROT.

Quittant sa ferme, Joseph GICQUIAUX loua ou acheta la maison à Virginie (c'est ainsi que les vieillards l'appellent) Il y vécut environ une dizaine d'années avec sa fille Armandine qui, après la mort de son père suivit sa sœur Victorine devenue veuve de bonne heure, dans de divers déplacements.

Victorine (Madame GLAIS) mourut retirée chez ses enfants à Mauron, sa fille Françoise Mariée à Honoré CARRE, notaire. Le nom des GICQUIAUX est éteint mais le famille n'est pas éteinte car Madame CARRE a une belle et nombreuse famille.

 

 

En sortant de la maison GICQUIAUX, juste en face, une rangée de maisons est perpendiculaire au chemin. Trois habitations la composent. Tout d'abord la famille GANDIN. Alexis GANDIN père est marié à Ludivine GLOCHON qui est fille d'Alexis GLOCHON bedeau et sacristain qui habite la maison de l'Audience dont nous parlerons plus loin.

D'où étaient venus ces GANDIN-GLOCHON ? Je l'ignore, sans doute des environs de Mauron ou d e la Trinité-Porhoët où ces noms sont très connus dans un grand nombre de familles. Trois enfants sont nés de ce ménage : Auguste, Alexis et Mathurin. Les deux premiers étaient enfants de chœur en 1880. Vers 1882 ou 1883, Auguste l'aîné s'en va à Rennes, plongeur dans un hôtel et est remplacé comme enfant de chœur par Ambroise BOURIEN né en 1872 et l'année suivante, Alexis est remplacé par son frère.

Le père GANDIN, excellent chrétien, travaille aux carrière du Lohy, sa femme Ludivine tient un petit café. Alexis fils suis son frère à Rennes en attendant que Mathurin à son tour suive ses frères en 1885 et soit remplacé comme enfant de chœur par Mathurin RUAUD né le 5 mai 1876.

Le ménage GANDIN disparut vers 1895 et leur maison, appartenant aux BERHAUT, fut louée à plusieurs locataires successifs, en attendant de devenir écurie ou maison de décharge, ce qu'elle est encore maintenant. C'est encore une des maisons les plus vieilles de Concoret.

A côté des GANDIN, les petites DANETTE, en 1880 Marie Jeanne DANETTE veuve DANDIN, sa sœur Scholastique et sa fille Scholastique DANDIN également. Elles avaient deux ou trois vaches et une chèvre. Ménage féminin très placide, habitant une maison qui, je crois, leur appartenait. A leur mort, elle fut achetée par Pierre PINSON de la Rioterie. Jeanne, Marie et sa sœur moururent vers 1892 et Scholastique, la jeune se maria à BOURGNEUF de la Haie-Goudal vers 1890. Elle habite maintenant à Gaël âgée de 85 ans.

Après les petite DANETTE, Mathurine MARCHAND, veuve RUAUD, belle sœur de Cadet RUAUD et sa fille Marie. Je crois que Mathurine MARCHAND était venue du Breil où elle avait une sœur Marie MARCHAND, comme les petite DANETTE elle était très pieuse. Elle logea pendant longtemps le premier maître d'école de Concoret : Monsieur NORMAND qui n'avait pas d'habitation. Marie RUAUD se maria en 1891 à Jean Marie JOSSE de la Roche, mais les jeunes époux et leur mère ne vécurent pas longtemps. Ils moururent vers la fin du siècle. Leur très vieille, très grande et très vénérable maison fut achetée, sans doute à leur mort par Madame BERHAUT. Elle fut démolie en 1953. Devant cette rangée de maisons, une très grande cour, en face, la ferme DELALANDE et à droite, perpendiculaire à ces maisons, la forge de Julien RUAUD, une écurie de la ferme DELALANDE et une grange avec un four qui se trouvait là où a été bâtie la maison CHESNARD-GOUELLEU. Puis un passage qui existe encore et reliait comme aujourd'hui la cour à la grande route. Enfin à gauche du passage, la ferme DELALANDE dont nous parlerons avant d'arriver à l'une des principales maisons de Concoret : la maison BERHAUT.

Nous sortons de chez Mathurine MARCHAND par le passage qui conduit à la route et à l'église. A gauche, la ferme appartenant à Monsieur BERHAUT, là habite la famille DELALANDE venue de Monterfil. La famille DELALANDE est composée du père, de la mère et de deux jeunes gens : Jean-Marie et François et d'une jeune fille : Angèle. La mère DELALANDE meurt la première en 1881, le père ne la suit pas de loin. Restent les enfants : Jean-Marie se marie vers 1883 à une jeune fille de la Feuvrais nommée Fleur BRIAND qu'on appelle "Fleur Amateur" du nom de son père qui s'appelait Amateur BRIAND. Le ménage DELALANDE-BRIAND s'en va, après leur mariage, prendre une ferme à Saint-Gonlay et y restera. Angèle se marie avec Joseph SEBILLOT des Fossettes le 16 octobre 1883. Reste François qui ne devait pas se marier. Après avoir terminé la ferme il s'en alla domestique au presbytère de Saint-Malon d'où il suivit son recteur nommé à Québriac vers 1890 et y resta sans doute jusqu'à sa mort. Nous dirons ce que devint Angèle femme SEBILLOT quand nous serons arrivés au manoir des SEBILLOT des Fossettes.

Les LOHAT : Pierre LOHAT arrive du village du Bretin en Muel à la saint Michel 1884 avec sa nombreuse famille. Il était marié avec une veuve HERVOT de Muel. De son premier mariage, la femme LOHAT avait eu deux garçons : Baptiste et Eugène. Elle mourut fin mars 1887. Pierre LOHAT se remaria avec une fille de Paimpont et le nouveau ménage continua la ferme jusqu'en 1890. Baptiste se maria à son tour avec Philomène PODMER de la Roche, veuve de Pierre CHESNAIS et fut trouvé mort dans la forêt de Paimpont vers 1930, il fut enterré à Paimpont.

Restaient les enfants LOHAT

1° L'aînée, Marie-Sainte qui arrivait vers sa majorité s'en alla en ville, je l'ai perdue de vue, j'ai su qu'elle était morte vers 1940 dans une maison de santé à Paris.

2° Toussaint qui se maria avec Claire SIMON de Rezel et alla habiter Brangelin puis Telhouët et mourut à Brangelin en 1936. Il était de 1873. Il vint à Concoret à l'âge de 11 ans.

3° Pierre qui était de1875. Il partit en ville et habita Nanterre où il se maria et, d'après ce qu'on m'a dit, est mort ces dernières années.

4° Eugène qui a disparu depuis longtemps vers des régions inconnues

5° Joseph qui fit la guerre de 1914, vint se retirer vieux garçon à Comper et se noya dans l'étang du Moulin vers 1941.

Pierre LOHAT eut encore d'autres enfants : Henri, Louis, Adrien etc… Il changea de ferme et alla habiter la nouvelle ferme des Closiaux où habite la veuve JEHANNEUF maintenant et bâtie par la famille BREHANT vers 1888 ou 1889

Pierre LOHAT, entre temps, avait perdu sa femme, la seconde. Il se remaria, devint conseiller municipal de Concoret et mourut aux environ de 1920

La dernière sœur : Célestine est encore en vie à Telhouët vers 1950, âgée de 90 ans.

La ferme du bourg eut plusieurs locataires et fut vendue à la disparition de la famille BERHAUT vers 1900.

 

FAMILLE BERHAUT

Nous allons maintenant entrer dans le domaine très important de 1880, de la famille BERHAUT. De là, passant devant la maison de 300.000 ans, nous monterons vers la maison ALLAIRE, la maison GUILLON, la maison MATOCHE jusqu'à la place des Chénôts et aux Fossettes d'où nous redescendrons le bourg sur le côté opposé : les Brebions etc...

Madame BERHAUT était une personne très charitable pour l'Eglise. Je me souviens parfaitement que, pour la communion de sa fille Clotilde en juin 1888, elle offrit un superbe devant d'autel, deux beaux candélabres à cinq branches, quatre magnifiques bouquets de fleurs artificielles pour orner les statues de saint Pierre et de saint Laurent, ce qui, avec les admirables fleurs dorées du maitre-autel, contribuait à la décoration splendide du chœur de l'église aux jours de grande solennité. Je sais qu'elle renouvelait souvent ses gestes charitables, ce qui est vraiment à l'honneur de sa mémoire.

Pour entrer dans le domaine FOULON-BERHAUT de la route de Mauron, il y avait deux portes, la porte des piétons qui comportait un petit escalier et la porte cochère pour les voitures.

Une grande cour devant le pâté de maisons, cour qui servait chaque été aux batteries des BERHAUT et de la ferme voisine. Elle existe toujours à l'encontre de la belle grille en fer forgé, placée entre la route et la cour et dont il ne reste que quelques lambeaux. Au fond de la cour, le pâté de maisons, à peu près intact qui comprenait :

1° la maison d'habitation proprement dite avec arrière-cuisine et salle de café donnant sur le jardin.

2° le cabinet de Mademoiselle FOULON, mère de madame BERHAUT, née en 1797 et morte en 1881.

3° le grand magasin épicerie, mercerie, nouveautés, vaisselle etc… avec salle surmontée d'un balcon.

4° écurie aux chevaux

5° écuries aux vaches, lapins et poulailler.

Au pignon de la maison d'habitation, un passage assez large avec grille fermée la nuit. A gauche du passage, une maison dépendante de la ferme comprenant au rez-de-chaussée une écurie à chevaux et au premier étage un grenier à foin. C'est là que mourut le 26 octobre 1877 Eugène ALLAIRE, âgé de 27 ans des suites d'un accident.

Empruntant le passage et la grille, nous entrons dans les jardins. A gauche, une très grande remise de construction récente où l'on dansait les jours de noces, remise qui devait servir d'église provisoire en 1901 et 1902.

A droite, salle de café, cuisine, cellier et grange. Devant nous un jardin superbe, jardin anglais avec de grandes allées bordées de parterres spacieux et une jolie tonnelle de laurier.

Depuis le grille, le passage conduisait jusqu'au pignon de la "Matoche", face à la route de la Bouvraie. Des haies séparaient les jardins. Deuxième jardin, le potager qui prenait naissance au passage Matoche et finissait à la route de la Loriette, avec, prés du dit passage un immense chêne vert et, à la route, une splendide tonnelle et un majestueux sapin. Sapin et chêne vert se voyaient des hauteurs de la forêt de Paimpont et servaient à repérer le bourg de Concoret, mieux que le clocher de l'église qui s'amenuisait en montant vers le ciel.

Troisième jardin, celui de Matoche, locataire des BERHAUT. A gauche du troisième jardin un quatrième immense celui-là s'en allant borde le jardin du presbytère et les jardins des Chênots. C'était le grand potager agrémenté de belles allées, tonnelles, lavoir, fleurs variées, arbres fruitiers de toutes espèces. Le jardinier, Prosper ROLLAND de Trébran, préposé à la culture et à l'entretien de ces jardins, faisait de ceux-ci un véritable paradis terrestre.3

C'était la maison la plus importante du bourg, non pas précisément par sa beauté extérieure (les maisons étaient vieilles et sans style) mais par l'ensemble de la propriété. Cet ensemble, aux yeux de l'observateur avait quelque chose de gracieux parce que propre et bien entretenu.

Joseph BERHAUT était originaire de Tréffendel. Il se maria à Paimpont vers 1870 avec Félicie FOULON, veuve MACE de La ROBINAIS, qui, avec ses parents, tenait un grand commerce d'alimentation à Paimpont. Le nouveau ménage BERHAUT-FOULON acheta sans doute cette propriété du bourg de Concoret, l'aménagea et vint s'installer. Madame MACE de La ROBINAIS avait, de son premier mariage, trois enfants à ma connaissance. Marie, l'aînée, qui se maria à Ploërmel avec Monsieur GIFFARD, frère d'un prêtre professeur au petit séminaire. Félicia qui se mariale 25 mai 1886 avec Monsieur MARIVIN de Saint-Méen-le-Grand, Charles, né vers 1866 qui se maria vers 1890 à une fille d'Evriguet où il s'en alla fonder une famille.

Du mariage avec Joseph BERHAUT naquirent également trois enfants : deux filles et un garçon, Delphine, Clotilde et Joseph. Delphine qui devait se marier à Concoret avec Monsieur RAGOT de Loudéac en 1892, Clotilde mariée vers 1900 avec un autre RAGOT, cousin du premier, Joseph qui se maria avec une jeune fille PIOT commerçante à Mauron.

Monsieur BERHAUT fut maire de Concoret de 1874 à 1878.

En 1874, Monsieur BERHAUT, aire examina, avec son conseil municipal la liste des enfants qui veulent fréquenter l'école gratuitement. La liste des garçons s'élevait à 50 et la liste des filles à 56.

En 1875, le conseil municipal, sous la présidence de Monsieur BERHAUT Maire, fit choix d'un terrain pour le nouveau cimetière dans le champs appelé "le Grand Courtil" de 26 ares, appartenant à Pierre BRIAND pour la somme de mille cinquante francs. Le conseil municipal donne pouvoir à monsieur le maire pour remplir les formalités pour cette acquisition. Monsieur BERHAUT ne fut que 4 ans maire et fut remplacé par Monsieur LAMY.

Les gens de Concoret appelaient toujours Joseph BERHAUT "Monsieur" et son épouse "Madame". Madame BERHAUT avait peut-être porté le costume de Paimpont, mais s'étant mariée à un noble elle se crut sans doute obligée de quitter la coiffe de Paimpont pour mettre un bonnet de dentelle noire. De même pour le reste du costume, elle ne s'habillait pas en paysanne, les gens disaient qu'elle était habillée en dame et l'appelaient "Madame".

Monsieur BERHAUT, d'origine paysanne, ne voulut jamais paraître au-dessus de sa condition. A cause de sa dame et malgré sa blouse on l'appelait toujours "Monsieur".

Monsieur BERHAUT devait mourir en juin 1889 et Madame BERHAUT le 22 août 1893.

Le souvenir que j'ai gardé de Monsieur BERHAUT est excellent. Il était très bon, charitable, juste dans son commerce pour les nombreux ouvriers et domestiques, il était très dévoué, menant sa ferme de main de maître. Il parlait peu avec tous les clients. Il était très aimé à Concoret. Madame BERHAUT était intelligente, active, dévouée, charitable envers les pauvres, pour les humbles et pour l'Eglise et commerçante dans l'âme. Madame BERHAUT s'occupait du commerce d'alimentation, épicerie, œufs, beurre, mercerie, nouveautés, quincaillerie etc… et Monsieur BERHAUT s'occupait surtout de la ferme et des jardins.

 

LA MAISON DE L'AUDIENCE

Sise à côté de la maison HERVE, quel dommage que cette maison ait disparue de Concoret.

Construction très élevée, surpassant de près de deux mètres la hauteur des maisons voisines. Toit couvert de briques rouges, l'Audience ne comportait que deux grandes pièces : une au rez-de-chaussée et une au premier étage à laquelle on accédait par une échelle de meunier. Sur la porte romaine on lisait au frontispice le monogramme du Christ "JHS" ce qui prouve que cette maison avait dès l'origine une destination religieuse.

D'après les traditions orales de vieillards, cette maison fût bâtie pour servir de presbytère au premier chapelain de Notre Dame de la Concorde, c'est à dire vers 1444, date de la fondation de la chapelle.

Concoret n'était pas alors une paroisse, elle n'était qu'une simple chapelle commémorative de la réconciliation des seigneurs de PONTHUS et d'ISAUGOUËT sur la place du "Patis Vert" auprès de laquelle fut construite la maison de l'Audience.

Lorsque cette chapelle fut érigée en église paroissiale, on l'agrandit et construisit deux chapelles latérales, chapelle de la Sainte Vierge côté évangile et chapelle saint Julien côté épître. On construisit également une sacristie et on suréleva le clocher. Alors le presbytère fut appelé "Maison de l'Audience" car un juge de paix venait donner audience aux habitants qui se trouvaient en chicane avec leurs compatriotes. De temps en temps le juge de paix venait de Néant et non de Mauron car Mauron ne prit de l'importance que lorsqu'il fut nommé chef-lieu de canton à la révolution et la salle du juge de paix fut dirigée à Mauron. Après la révolution la maison de l'Audience fut louée par la paroisse à des particuliers et en 1880 elle était habitée par le ménage GLOCHON qui demeurait au premier étage, le rez-de-chaussée servait d'écurie et de débarras. Oh Grandeur et décadence des choses humaines !

Alexis GLOCHON et sa femme semblaient originaires de la région de Mauron à la Trinité où ce nom est assez répandu. On appelait le père GLOCHON "le bonhomme HESIS". Celui-ci vieillard d'environ 75 ans circulait dans les rues coiffé d'un bonnet de nuit et comme il était d'allure pittoresque, les enfants le taquinaient et essayaient de lui jouer des tours. La bonne femme HESIS était de petite taille mais elle avait une immense coiffe, disait-on d'un kilomètre… en tous cas elle avait sûrement 1 mètre de long. C'était l'ancienne coiffe de Rennes devenue, après 100 ans d'existence, un petit papillon pour poupée.

Le père et la mère GLOCHON étaient les parents de Ludivine GLOCHON, la femme GANDIN, aubergiste chemin de Trébran.

Le bonhomme HESIS remplissait les fonctions de bedeau de l'église.

C'est lui qui sonnait les messes du dimanche, les mariages, les baptêmes, les enterrements, les Te Deum, les processions festivales, les carillons. Quand on sonnait les deux cloches, le bonhomme HESIS sonnait la grosse et la bonne femme la petite. Le spectacle était pittoresque et comme il était sourd certaines circonstances prêtaient à l'hilarité. Le bonhomme HESIS mourut en 1886.

La bonne femme dut mourir en 1889 ou 1890. Elle n'était pas morte en 1887 car elle affirma hautement avoir assisté à l'enterrement de monsieur PAILLARD qui mourut au mois d'août 1887

A la mort du ménage GLOCHON, l'audience fut louée par Constant JEHANIN qui en fit une écurie et un grenier à foin, peu à peu cette maison tombant en décadence fut achetée par la commune et disparut au commencement de ce siècle.

 

LA MAISON BOURIEN

Nous voici à l'angle du "Massif Central" formé par la maison BOURIEN, toujours debout avec ses 400 ans d'existence. En 1880, elle était habitée par le ménage BOURIEN-BARBIER qui avait trois enfants : Ambroise, mort ces dernières années aux Fossettes, Maria, mariée à Henri SICOT et morte vers la fin de la guerre14-18 et Victor BOURIEN, marié à Jeannette HERVE, mort peu après son mariage.

A la maison BOURIEN, il y avait le père, la mère, les trois enfants (Ambroise né en octobre 1872, Maria née vers 1878 et Victor né en 1875) et il y avait en outre deux vieillards que les enfants appelaient "Tonton Lepantre" et "Tonton Panca", ce qui me semblait des surnoms car je ne connaissais personne portant ces noms dans le région. Autant que je m'en rappelle, ils étaient apparenté aux BOURIEN par la femme d'Ambroise père qui portait le nom de Thérèse BARBIER des Brebions.

Les vieux tontons ne tardèrent pas à disparaître, ils étaient devenus très vieux et impotents.

Ambroise père mourut lui aussi de bonne heure, laissant sa veuve Thérèse avec ses trois enfants. Ceux-ci grandirent sous l'œil maternel de Thérèse, mère profondément chrétienne. Elle était la sœur du SUC dont plusieurs fois nous avons eu l'occasion de chanter les louanges, sœur aussi de Louis BARBIER qui, vers 1871 s'était marié à Rosalie BERSON de la Dorbelais et était venu fonder une boucherie au bourg vers 1880. Quels braves gens que ces BARBIER des Brebions ! Et quels solides chrétiens ! Sans rien faire d'extraordinaire, Thérèse s'occupait bien de sa maison et des soins de son ménage ainsi que de l'éducation de ses enfants. Elle ne manquait jamais à la charité, elle remplissait avec empressement et ponctualité ses devoirs religieux, ce qui ne l'empêchait pas d'être toujours gaie, je dirais même enjouée.

A tout prendre, je puis affirmer que Thérèse BARBIER avec Eugénie PICARD des Fossettes et plusieurs autres du bourg étaient des femmes modèles.

Ambroise et Victor furent enfants de chœur plusieurs années à l'église de Concoret. Thérèse possédait aussi quelques bons livres qu'elle faisait lire à ses enfants pendant les longues veillées d'hiver. Elle gardait précieusement comme un relique pieuse un catéchisme du diocèse de Saint-Malo dont elle avait sans doute hérité de ses parents car, jusqu'à la révolution Concoret faisait partie du diocèse de Saint-Malo. Elle me le montrait souvent et me le prêtait à lire. J'aimais à le comparer au catéchisme du diocèse de Vannes que j'apprenais.

Ambroise devenu jeune homme se maria à Maria PICARD des Fossettes et eut plusieurs enfants dont l'un, Laurent est prêtre. Victor se maria à Jeanne Marie HERVE qui vient de mourir en janvier 1957, à Paris, âgée de 80 ans. La bonne Thérèse s'en alla au commencement du siècle, près de Dieu, recevoir la récompense céleste promise aux âmes du devoir.

Henri SICOT, employé au presbytère et désireux de se marier jeta son dévolu sur la bonne fille Maria BOURIEN. C'était une famille chrétienne qui se profilait à l'horizon. Hélas ! Ce fut le contraire qui arriva par la mort de Maria, laquelle partit avec la petite fille qu'elle avait mise au monde un an ou deux après son mariage.

La très vieille maison BOURIEN est toujours debout avec la grande porte d'entrée, indice de son vieil âge. Ce n'est qu'au commencement du siècle qu'on eut l'idée de percer une autre petite porte sur la rue de l'Audience, ce qui contribue à l'éclairage intérieur de la maison.

Après la mort de Maria, cette maison fut louée à des particuliers et elle l'est encore. Peut-être sera-t-elle modernisée sur ses vieux jours. Il y aurait à transformer une superbe chambre dans le grenier et cette maison, restaurée, contribuerait encore à l'embellissement du bourg.

 

LA MAISON DE VIRGINIE

Nous allons à la maison de Virginie qui avec son jardin complète le "Massif Central". Virginie s'appelait de son vrai nom Virginie ROLLAND. Elle était née aux Liordais vers le milieu du siècle et avait à peine 30 ans en 1880. Elle était la sœur de la femme ROBIN, mère de Christine du Vaubossard, sœur aussi de Claire ROLLAND, qu'on avait nommée Claire, non pas "l'adorée" mais "la Dorée" car on disait qu'elle avait des cheveux d'or, c'est à dire jaunes et blonds, Virginie était la filleule de Madame BERHAULT. A cause de cela, il lui fallait une certaine hardiesse pour ouvrir un commerce voisin de celui de sa marraine qui, à Concoret était de première importance. Aussi ce fut la première raison pour laquelle le commerce de Virginie ne fit que végéter pendant qu'il fut ouvert et du commencement jusqu'à la fin. Il y avait une autre raison majeure, c'est que Virginie avait le cœur sur la main, elle faisait beaucoup de charité. Par contre les voyageurs de commerce n'en faisaient pas beaucoup envers elle au contraire. La considérant comme un femme de volonté faible, ils lui fourraient de la marchandise à profusion et Virginie qui n'avait pas suivi les maisons de commerce qui l'appauvrissaient. Il n'eut pas fallu payer, comme elle le faisait le café à toutes les clientes. On ne le fait pas habituellement dans le grand monde, aussi le commerce de Virginie végéta de plus en plus.

Elle s'était mariée en 1875 à Jean JUGEL de Mauron que les gens de Mauron appelaient, je ne sais pourquoi, Jean FLAGEUL. Celui ci mourut à Concoret en août 1884 ou 1885, laissant à Virginie un petit orphelin : Eugène.

Eugène qui était né vers 1878, mangea son pain blanc le premier, sous l'aile de sa mère. Après ses communions solennelles il partit de ferme en ferme gagner lui aussi sa vie. Plus tard il se maria à Léontine BLANCHARD de Trébran et partit à la guerre de 1914. Il revint sain et sauf pour vivre ses dernières années à la Bouvrais où Léontine, pendant la guerre avait transporté ses pénates.

Autant sa femme était autoritaire et acariâtre, autant Eugène était doux comme un agneau et bon envers tout le monde, en somme le portrait de sa mère.

Celle ci avait dû laisser tomber son commerce pour se remarier en novembre 1886 à un vieux garçon nommé Lucas qui vivait avec sa vieille tante à Vignouse où, au sein de la belle campagne, de la verdure et des fleurs il finit par s'étioler et disparaître. Virginie ne tarda pas à mourir, victime toujours et jusqu'à la fin de sa grande bonté. Elle fut sans doute inhumée à Paimpont.

La maison de Virginie fut habitée ensuite par Joseph GICQUIAUX qui avait quitté sa ferme avec ses filles Armandine et Victorine. Elle avait été achetée par Jeannette HERVE qui la revendit à Louis SAILLARD de Brangelin. Marie ALLAIRE en hérita et devint propriétaire. De nombreux locataires y ont stationné, notamment Joseph ODIC, Marie SIMON, Victor ROBIN, Vincent PIRON etc…

 

LA MAISON DE 300.000 ANS

La maison dite de 300.000 ans appartenait à une fille DESBOIS, mariée à un nommé POIGNANT de Saint-Malon. En 1880 cette maison était habitée par la famille CHESNAIS venue de Saint-Malon. La famille CHESNAIS était composée du père, de la mère et de 6 garçons : Jean, François, Pierre, Louis, Léon et Victor, pas de fille. Les enfants, déjà grands, se placèrent domestiques dans les fermes et le père et la mère dans une petite maison à Trébran. Le petit Léon mourut en bas âge en 1883. En 1886, le fils POIGNANT de Saint-Malon à qui cette maison était échue en héritage se maria à une fille de Saint-Péran et le nouveau ménage vint à Concoret, dans la maison de 300.000 ans.

Les époux POIGNANT devaient y demeurer jusqu'à leur mort vers 1925. Le ménage POIGNANT eut à ma connaissance trois enfants : Victor né en 1887 et qui mourut à la guerre de 1914, Aurélie qui mourut jeune aussi et mariée à Paris.

A la mort des POIGNANT, cette maison fut vendue et louée à divers locataires. C'est maintenant le mécanicien Jean-Baptiste LUCAS conseiller municipal de Concoret qui l'habite.

 

LA MAISON ALLAIRE

Dans la même rangée de maisons, voici la maison d'Emmanuel ALLAIRE, Marié à Antoinette GERY, ménage avec 3 enfants : Emmanuel, Marie et Louis. EMMANUEL était marchand de bestiaux et faisait toutes les foires et marchés de la région, sa femme et ses enfants s'occupaient de la ferme. Le fils Emmanuel était presque sourd et muet mais avait toute sa raison et travaillait bien à la culture. Marie se maria à Pierre SAILLARD de Brangelin et ce ménage vivant avec les parents eut 3 garçons : Pierre le futur boulanger de Plouha, Louis habitant maintenant au Bois-Salmon et Alexandre marié à la Rioterie. La mère, Antoinette, mourut en juin 1892 et le père Emmanuel quelques années après. Pierre SAILLARD mourut assez jeune et Marie mourut à son tour en 1950. Cette vieille maison, aussi vieille ou presque que celle des POIGNANT (peut-être 100 ans de moins) est maintenant habitée par le ménage LEGENDRE, enfants de Louis SAILLARD.

 

LA MAISON GUILLON

En sortant de la maison d'Emmanuel ALLAIRE et en traversant la cour, nous avons à gauche une maison très vieille ayant l'apparence d'être la plus vieille maison de Concoret. Son pignon donne sur la cour Allaire. C'est ce qu'on appelle la maison GUILLON. En fait elle était habitée par une très vieille femme GUILLON qui y vivait avec son fils Joseph, célibataire et menuisier. La mère GUILLON mourut en 1882 et ses fils, Joseph, vieux garçon et Pierre marié à la Feuvrais, vendirent en 1883 leur vieille maison à Louis MAUNY, buraliste qui habitait la maison de Madame FILY. Louis MAUNY avait l'intention de la restaurer pour y venir habiter mais il mourut le 25 janvier 1884, âgé de 34 ans des suites de la guerre de 1870, laissant sa femme veuve avec 4 enfants dont l'aîné, Henri (le futur Chanoine MAUNY) avait 8 ans. Ce fut la veuve qui, en 1885, entrepris la restauration de la vieille maison. Un nommé PINSON de Guilliers fut choisi comme entrepreneur. La vieille maison fut démolie et on ne garda que le pignon sur la cour Allaire. Elle fut en outre considérablement agrandie, grâce au jardin qui l'entourait et où on trouvait un terrain large. Le jardin lui-même disparut, on en nivela le terrain pour construire dans la cour derrière une seconde maison perpendiculaire à la première en vue d'y installer des écuries. Un puits y fut même creusé en 1886. Ecuries, greniers et puits furent faits par Yves BURLOT.

Le bail de Louis MAUNY pour la maison de Madame FILY finissait le 29 septembre 1886. Dès le 15 août la nouvelle maison fut prête et on commença à l'habiter. En septembre on l'emménagea et la veuve MAUNY, remariée à Pierre BARBIER des Chênots en juin 1885 donnait naissance à Alfred BARBIER le 14 septembre 1886.

Le ménage BARBIER y ouvrit dès la première heure une auberge et le 1er octobre 1888 un commerce d'épicerie, mercerie, nouveautés, vaisselle, quincaillerie etc… Trois grandes pièces composaient le rez-de-chaussée. La première servait de salle d'auberge, la deuxième de salle de vente et la troisième de salle de café. Au premier étage de nombreuses chambres, au deuxième un grenier servait de dépôt pour le magasin de vente. Derrière la maison, un très grand cellier avec un couloir donnant accès à la cour, aux écuries et au puits.

Pierre BARBIER mourut dans cette maison le 6 janvier 1892 et sa veuve séjourna avec ses 5 enfants, continuant auberge et petite culture jusqu'à sa mort le 14 mai 1908.

En 1909 la maison fut vendue à Marie ALLAIRE. Elle loua une partie de la maison à Monsieur LECERF qui, après avoir été exproprié à Coëtquidan s'installa comme maréchal dans la partie plus haut. Dans la pièce côté Allaire, Monsieur PUISSANT tenait le bureau de tabac. Entre Monsieur PUISSANT et Monsieur LECERF Monsieur CORDOBET tenait un café.

A la mort de Marie ALLAIRE, Alexandre SAILLARD en hérita.

LA MAISON DE MATOCHE

Matoche, de son vrai nom Mathurine PONGERARD, était née au Vaubossard comme ses frères : Pierrot de la Rue Eon et Mathurin (qu'on appelait le bon Dieu) ses sœurs Marie (Madame PAILLARD), Vincente et Philomène mariée à RIGOLE.

Elle s'est mariée à Louis LEROUX, menuisier, originaire du Bran. En 1880, le ménage tenait auberge dans une maison sans étage qu'on appelait "l'auberge de Matoche". Ce ménage n'eut pas d'enfant. Louis LEROUX allait à ses journées comme menuiser et Matoche tenait auberge.

Souvent le torchon brûlait dans le ménage, à la grande joie des badauds, notamment des écoliers qui avaient pourtant reçu la défense de stationner devant la maison à la sortie de l'école. Matoche était cependant une brave femme très estimée de la population. D'où venaient les difficultés qui pouvaient provoquer les scènes comico-dramatiques ? D'aucuns les connaissaient.

Au pignon de la maison est un large passage qui permettait aux ménagères de la région de Concoret à la Bouvrais d'aller faire leur commerce chez Madame BERHAUT au lieu de faire le grand tour par la route. Ce commerce de madame BERHAUT se trouvait dans la maison d'Eugène BARBIER face à l'église ce qui explique la porte existant dans le jardin de la nouvelle boulangerie.

Matoche et son époux se retirent au Vaubossard dès 1886. Le ménage LEROUX-PONGERARD fut remplacé par le cordonnier Robert DUNO qui continua l'auberge et qui établit son échoppe dans la maison voisine dite "l'œil-de-bœuf" à quelques mètres plus haut dans la cour des Chênots. On y accédait par un escalier de pierres. Elle était dépendante de la maison de Matoche. Son échoppe se trouvait au 1er étage. Le rez-de-chaussée lui servait de cellier avec porte d'entrée dans le jardin de Matoche. La femme DUNO étant décédée en septembre 1888 après avoir donné naissance à deux enfants : Henri et Antoinette. Victor se remaria vers 1890 à une personne de Plélan dont il eut plusieurs enfants.

A la mort de Victor DUNO la maison fut habitée par un nommé TEXIER, retraité des chemins de fer et marié à Léonie DUNO qui était cuisinière de campagne.

Après leur décès ils furent remplacés par le ménage HAUPAS-BRIAND qui y tenaient le bureau de tabac. A leur départ cette maison fut habitée par la veuve BIRON, Anna ROSSELIN de Trébran avec son gendre et sa fille : Joseph GROSEIL et Louise BIRON qui quittèrent la maison en 1939 afin de la démolir pour construire la boulangerie.

Cette maison avait été achetée par Victor ROLLAND, à la vente des biens des BERHAUT après leur mort. En achetant la maison de Matoche, il trouva dans son lot la maison de "l'œil-de-bœuf".

 

LES CHENOTS

Et nous voici place des chênots, ailleurs on pourrait dire place de l'hôtel de ville mais nous sommes plus modestes, nous parlerons donc des Chênots, puis des Fossettes et de l'illustre José SEBILLOT. D'où vient ce nom des chênots que cette partie porte depuis bien longtemps ? Probablement parce qu'il y avait par-là un champs planté de plein de petits chênes que le propriétaire devait élever en vue de les vendre à des particuliers.

Les Chênots avaient en 1880 beaucoup de ressemblance avec les Chênots de 1954 sauf la maison HERVE qui n'existait pas encore. En dehors de la route de Saint-Malon, Montfort et Rennes qui traverse ce coin de bourg, il y avait d'un côté une grande cour avec murette et une grande porte d'entrée. De l'autre côté, côté sud, la mairie, les écoles construites en 1872.

La cour des chênots semble indiquer l'emplacement d'un vieux manoir ou, en tout cas, d'une maison bourgeoise. En 1880 comme aujourd'hui, au fond de la cour est une rangée de maisons que nous supposons avoir, dans les siècles passés appartenu au même propriétaire, à la mort duquel, sans doute, la rangée de maisons fut vendue en plusieurs lots ; la maison BARBIER et au centre les maisons RUELLAND

Il est probable qu'au cour du siècle dernier la maison de la rangée qui se tient à droite comme on a le dos tourné au portail avait besoin d'une sérieuse réparation, car il est facile de s'apercevoir que cette maison est de construction plus récente que les autres. On dût la construire à peu près entièrement (soit avant, soit après) à l'époque de la révolution française, c'est à dire vers la fin du 18ème siècle.

C'était en 1880, la maison BARBIER. Vers 1850, le recteur de Concoret s'appelait Monsieur RENAUD et était originaire de Trédion. Il avait une sœur, Marie, qui se maria avec un jeune homme de la Gourichais, le menuisier Louis BARBIER, jeune homme très rangé, excellent chrétien et bon travailleur. Le ménage BARBIER-RENAUD s'installa aux Chênots. Au foyer naquirent cinq enfants dont un garçon Louis qui fit ses études au petit séminaire de Ploërmel puis au grand séminaire de Vannes. Devenu prêtre il fut nommé vicaire à ALLAIRE puis à Concoret de 1897 à 1899, ensuite à Rochefort-en-Terre, où il mourut en 1903 à l'âge de 50 ans. Le deuxième enfant fut Pierre qui se maria avec la veuve MAUNY du bourg

La troisième maison avait été achetée par Louis BARBIER père qui en fit un atelier de menuiserie. Elle est maintenant une maison de décharge.

Comme pour refermer le manoir des Chênots, une maison très vieille et perpendiculaire à la rangée s'élève à main gauche. Elle existe toujours en partie. Elle venait jusqu'à la maison de "l'œil-de-bœuf" et appartenait à deux propriétaires.

Il n'y avait point de maison de l'autre côté renfermant le manoir et la cour, comme on pouvait s'y attendre. Peut-être y en avait-il eu autrefois ? Un puits fut creusé au 19ème siècle et existe toujours.

La deuxième partie de la très vieille maison appartenait à la très vieille Madame NOUVEL qui y vivait avec ses deux enfants : Jean et Marie.

Jean se maria et Marie, restée seule se maria également vers 1887 avec Prosper JUMEL, originaire du Loscouët. Prosper allait à ses journées dans le bourg et Marie était couturière. Ce ménage n'est pas d'enfants. Prosper mourut en 1909 et Marie fut transportée à l'hospice de Malestroit où elle mourut après la première guerre.

Ces deux vieilles maisons, les plus vieilles de Concoret furent abattues pour faire place à la maison HERVE.

Le ménage BARBIER-RENAUD disparut de bonne heure aussi. Les deux époux se suivirent de très près dans la tombe et moururent tous les deux âgés d'environ 50 ans en 1881.

A la mort de leurs parents, la maison fut habitée par les enfants. L'abbé Louis BARBIER dont la mauvaise santé l'obligea à se retirer dans son pays natal de 1883 à 1895, puis Jean, Auguste et Marie (ceux-ci jusqu'à leur mariage).

Ensuite Jean qui resta célibataire. Il devait, pendant une vingtaine d'années, être le grand chantre de l'église de Concoret à la disparition de la vieille chorale suite au décès de ses membres : Louison GUILLLOMARD de la Noë-Reculard, Louis DESBOIS du bourg et tant d'autre. Jean BARBIER mourut le 6 novembre 1908 à l'âge de 49 ans et fut universellement regretté à Concoret comme excellent ouvrier, artiste menuisier, chantre de l'église, entraîneur de jeunes et comme homme de bien à tous points de vue.

Auguste qui en octobre 1890 se maria à Eugénie LEDUC de Trébran, ils eurent plusieurs enfants dont il ne reste plus qu'Henri à Paris, Eugène menuisier au bourg et Claire la dévouée servante du presbytère.

Marie se maria à un jeune homme d'Allaire : Victor GRANION et s'en alla mourir de bonne heure à Paris. Sa fille Louise est religieuse franciscaine de Calais et supérieure de l'établissement de Corbie dans la Somme.

La maison centrale de la rangée était habitée en 1880 par Francis RUELLANT qu'on appelait "le Baron" il s'occupait du commerce de la clouterie et avait dû acheter cette maison vers 1850. Il eut un fils François qu'on appelait le "jeune Baron" et qui se maria vers 1886 à une jeune fille de Plélan laquelle est morte comme son mari dans un âge très avancé.

La "Baronne" mère mourut à l'aurore de 1884 ou fin 1883et en 1886 le vieux "Baron" se remaria avec sa domestique Marie-Sainte POLLET originaire de Saint-Malon et le ménage alla habiter la Grande Lande où le "Baron" mourut d'assez bonne heure. Marie-Sainte lui survécu de quelques années après avoir donné naissance à Philomène RUELLANT qui a hérité du nom très poétique de "Baronne de la Grand Lande"

Au départ du vieux et du jeune Baron pour Paimpont et Plélan, la maison centrale fut vendue et ce fut Auguste BARBIER qui l'acheta pour y loger sa belle petite famille.

En 1802, au retour des prêtres de leur exil en Angleterre, Monsieur l'abbé Joseph HOUSSU de Beignon qui était vicaire à Concoret avant la révolution et en fut nommé recteur, Monsieur l'abbé BETAUX recteur étant mort en exil. Le presbytère ayant été volé par l'Etat, Monsieur HOUSSU alla habiter aux Chênots dans la future maison RUELLANT alors que le vicaire demeurait à la Chambre. Monsieur HOUSSU mourut le 13 mars 1820 et ses successeurs occupèrent le presbytère des Chênots jusqu'à quelle date ? Je n'en sais rien. Ensuite le presbytère fut transféré dans une maison centrale du bourg, la "maison de Virginie" qui s'appelait au milieu du 19ème siècle la "maison des TRIBOUILLARD" parce que, au temps de la révolution elle était habitée par les demoiselles TRIBOUILLARD.

Suite à la maison HERVE, la maison D'Alfred BARBIER a été agrandie depuis 1910. C'est là que naquirent tous ses enfants quand il fut marié en mai 1910 avec Marie CLEMENT : Maria, décédée à 13 ans, Alfred, prêtre, Pierre décédé à quelques mois, Louis prêtre mourut en 1948, Anna, religieuse visitandine et Renée mariée à Paris.

 

LE HAUT DU BOURG

A partir de la maison d'Alfred BARBIER, en 1881 ce n'était plus que des champs appelés "le Noyer" appartenant à la famille BARBIER des Chênots et à Joseph DESBOIS jusqu'au chemin du Calvaire et des Closiaux. Entre le chemin des Closiaux et la route de Comper se trouve le jardin potager de Joseph DESBOIS formant triangle et entouré d'un mur par Yves BURLOT en 1888. Après la route de Comper voici la pointe du grand champ SEBILLOT dont plus tard, en 1938, la veuve BIRON achètera un espace assez grand pour y placer une maison d'habitation et un jardin. Ensuite le vieux chemin des Hautes Roches puis voici la première maison des Fossettes en entrant dans le bourg. Trois familles se partagent les Fossettes : Mathurin DUNO, Joseph DESBOIS, Joseph SEBILLOT.

Nous voici donc à la maison de "Thurin DUNO" ainsi qu'on l'appelait. Pour d'autres, le prénom de Mathurin était transformé en "Mathin" ou " Mathaou". Thurin DUNO était ou du moins paraissait bien vieux en 1880. Je suis porté à croire qu'il devait être né en 1830 et qu'il se maria vers 1850. Je crois qu'il était originaire du Bran car il ne parlait pas complètement le patois de Concoret. Il se maria avec Marie-Louise PUISSANT originaire des environs de Mauron. On l'appelait "la Puissante", d'autant qu'elle était grande et forte. Dans leur vieillesse les DUNO-PUISSANT n'avaient pas de métier, peut-être en avaient-il un dans leur jeunesse. Tout ce que je sais c'est que Thurin DUNO allait de famille en famille tuer les porcs et la Puissante se chargeait de faire saucisses, boudins, pâtés, et autre charcuteries. Les DUNO eurent quatre filles et un garçon. Des quatre filles, Anne-Marie se maria à Telhouët, Léonie à Concoret, Léontine et clémentine s'en allèrent au service de Monsieur de GENOUILLAC, ne se marièrent pas et finirent leurs jours à Rennes, dans les nouveaux quartiers comme concierges. Henri pris le métier de cordonnier et fut apprenti et ouvrier chez son oncle Victor dont l'échoppe comme nous l'avons dit était dans la maison de "l'œil de bœuf".

A la mort de Victor DUNO, Henri, qui avait pris le métier de cordonnier, devenu patron, transporta son échoppe à la maison où est actuellement Jean baptiste PIRON. Il se maria avec Scholastique PERRIN de la Ville Danet et s'en alla habiter vers 1900 la maison de 1863, dans le bas du bourg, ceci pour y continuer l'auberge de Constant JEHANIN en même temps que la cordonnerie. Il était né le 27 juillet 1868 et mourut le 27 mars 1907, donc à 39 ans.

La maison DUNO appartenait à Joseph DESBOIS qui fit construire en 1888, par Yves BURLOT, un puits dans le jardin. Cette maison était de construction récente. Elle est toujours debout avec son étage et sa grange que louait Mathurin DUNO, pourtant il n'avait ni bétail, ni foin, ni paille, ni plantes fourragères.

Entre la maison Thurin DUNO et la maison DESBOIS est situé un passage privé. Ce passage conduit aux vieilles maisons DESBOIS, aux cours, aux granges et écuries, au jardin et enfin à une prairie à gauche qui s'en va jusqu'au chemin de la Pipe ou des Longrais. Les gens de la Dorbelais, la Rivière, le Landrais, Gaillarde et le Pertuis du Faux en usaient couramment. C'est dans cette prairie que, le 16 octobre 1888, jour du comice agricole du canton, la municipalité installa, avec d'autres jeux, la course en sac que Jean BARBIER des Chênots gagna, il avait 29 ans.

 

LES FOSSETTES

La maison des Fossettes ou maison centrale, était occupée par le ménage joseph DESBOIS-Eugénie PICARD.

Joseph DESBOIS était né en 1840, probablement à la Roche où habitait sa mère Marianne LAMY vers 1860. Il se maria à Eugènie PICARD de la Dorbelais. Il possédait, sans doute par héritage, les vieilles maisons des Fossettes contiguës au manoir SEBILLOT. Très probablement avant son mariage, il fit construire aussi devant les vieilles maisons, en bordure de la route, une petite maison où habite Maria PICARD.

Quand il vint habiter les Fossettes après son mariage, il fit construire aussi un four qui lui permit de s'installer comme patron boulanger. Dès lors les vieilles maisons de derrière qui jusque là étaient maisons d'habitation, devinrent maisons de débarras et écuries.

Le ménage DESBOIS-PICARD, à ma connaissance n'eut pas d'enfant. Joseph s'occupait uniquement de sa boulangerie et Eugènie, avec des domestiques et journaliers s'occupait des travaux de la ferme et des soins du ménage. Joseph avait deux frères à la Roche, Louis qui fut maire de Concoret pendant de nombreuses années et marié à Rosalie PICARD, sœur d'Eugènie et le deuxième, Jean marié à Marie DESNOES dont le père avait hérité d'un surnom : le "Farceur". Il avait aussi une sœur, Marie-Sainte mariée à Mathurin GOUELLEU de Trébran.

Joseph DESBOIS vendait le pain de 3 livres 9 sous et le pain de 12 livres 36 sous, c'était le bon temps.

Il allait vendre son pain à Mauron tous les vendredi car c'était la foire ou le marché, et Très complaisamment, il se chargeait des commissions des gens de Concoret qui, à cette époque, n'allaient pas souvent à Mauron. La route de Concoret à Mauron était de construction récente et donc en très mauvais état, ressemblant plutôt à un grand chemin avec ornières profondes. Il apportait donc aux gens de Concoret bien des choses, surtout du poisson, des moules, des coques etc…

Le samedi matin il allait régulièrement à la viande dans le bas du bourg, et par complaisance pour les cafetiers il ne se pressait pas de rentrer à la maison, entrant, bien qu'en coup de vent, prendre plusieurs cafés qui coûtaient 3 sous. Il finissait par rentrer aux Fossettes et recevait un petit sermon pas bien méchant qu'il entendait sans pour cela rien changer à ses habitudes. Et, bien restauré, il s'installait à la boulangerie consciencieusement.

Le ménage DESBOIS-PICARD, très estimé à Concoret, finit lui aussi par vieillir tout doucement. C'est alors que leur nièce fut appelée à leur fermer les yeux après leur avoir donné avec un grand dévouement les soins dont avait besoin leur vieillesse. Tous les deux moururent vers la fin du siècle et Maria PICARD qui se maria avec Ambroise BOURIEN hérita, cela se conçoit, de leurs maisons et de leurs champs.

 

MANOIR JOSEPH SEBILLOT

SEBILLOT est né vers 1800 aux Fossettes, c'est à dire que les SEBILLOT originaires de Gaël étaient aux Fossettes dès l'époque de la Révolution. Leur maison, très vieille, avait vraiment l'air d'un très vieux manoir avec ses étages et ses fenêtres grillagées. Elle fut au ¾ abattue en 1882 par le fils SEBILLOT qui s'appelait Joseph.

A la mort de son père vers 1880, José SEBILLOT, comme on l'appelait, devint le seul propriétaire de la maison. Il la fit donc raser en grande partie pour construire à la place une maison neuve, maison très ordinaire d'ailleurs, mais sans doute plu pratique que l'ancien manoir qui semblait tomber en vétusté. La maison terminée, José, déjà vieux célibataire, pensa à se marier. Ayant cherché sa ménagère, il trouva Angèle DELALANDE du bas du bourg, à peu près de son âge et se maria avec elle le 16 octobre 1883. Ce mariage fut solennisé par plusieurs centaines d'invités et fit du bruit non dans Landerneau mais dans Concoret.

Les DELALANDE étaient natifs de Monterfil en Ille et Vilaine. José SEBILLOT, brave homme s'il en faut, était un peu simpliste et d'allure très pittoresque.

Né cers 1840, il fut mobilisé à la guerre de 1870 en n'alla comme soldat que dans le camp de Coulie (Sarthe)qui, pour lui, était le bout du monde, car à cette époque où les chemins de fer ne faisaient que commencer à fonctionner sur les grandes lignes, les gens sortaient peu et restaient volontiers au pays qui les a vus naître. Aussi tout pays en dehors de la région natale leur paraissait extrêmement loin.

Mais cela n'empêchait pas José de parler de ses campagnes de Coulie. Il aimait en parler surtout aux jeunes, il était intarissable quand on lui parlait ou le questionnait sur Coulie.

Angèle, sa femme, de santé chétive, ne survécu pas longtemps au mariage. Elle mourut en 1890 après avoir donné le jour à deux enfants : Eugène et Clémentine. Le voilà donc de nouveau resté seul avec ses deux enfants en bas-âge et à la tête d'une assez grande ferme. Il fut donc dans la nécessité de se pourvoir d'un personnel domestique. Il en eut un : Pierre JOSSE de la Ville de Bas, on l'appelait le "fils PELOT", c'était un bien brave homme aussi mais d'une naïveté incroyable, bon et charitable envers les enfants. Le "fils PELOT" était bien connu partout à Concoret pour sa bonhomie et sa simplicité.

José SEBILLOT eut une servante qu'on appelait Jeanne DADA qui s'appelait de son vrai nom Jeanne HAMON. Celle ci quitta José au bout de quelques années pour aller habiter la Ville Danet. José pris alors une autre domestique : Eugènie MOREL qui devait bien mener sa barque pendant plusieurs années et dirigea la maison tambour battant. Il avait bien besoin d'une domestique de cette trempe. Elle resta aux Fossettes jusqu'à ce que les enfants de José, Eugène et Clémentine, furent en âge de travailler.

José SEBILLOT avait aussi un petit berger qui lui était apparenté, Armand REDO que José appelait "Charmant". Comme José était bon chrétien, il prenait soin d'apprendre les prières à Charmant dont le père était mort. "Charmant, lui criait-il, dis donc un Notre-Père pour ton père". Un jour, lui apprenant le "Je crois en Dieu", Charmant avait oublié le passage de l'Ascension, José lui dit : ""Dis donc qu'il est monté aux cieux, malheureux gueux" et Charmant de répondre : "qu'il est monté aux cieux, malheureux gueux"

José avait aussi une jument qui s'appelait "Poule". Quand il la conduisait aux champs, José SEBILLOT criait sur elle et disait en bon français : "Aîe don poule, tu irais ben si tu v'drais, regard don le monde qui s'moque de nous" et Poule qui semblait avoir appris le français et avoir compris se mettait à marcher plus vite.

José avait plusieurs vaches mais il en avait une qui, un jour, avait dû manquer à la discipline en revenant des champs, José entra en colère et, n'ayant pas de fouet, prit l'instrument qu'il avait avec lui : une faucille. Il tapa si fort que, sans le vouloir, il coupa la queue de la pauvre bête qui dès lors ne put plus s'émoucheter, elle vécut encore quelques années avec cette infirmité, ce qui ne l'empêcha pas de donner du lait à la ferme et de donner aussi de jolis petits veaux.

Les enfants de José SEBILLOT grandirent et s'occupèrent de la ferme mais Clémentine mourut la première, jeune encore. Eugène lui survécut de quelques années. Ce fut la 3ème République qui, avec quelques parents éloignés, recueillirent l'héritage des SEBILLOT à la disparition du dernier descendant de cette famille.

La maison fut achetée par Ambroise BOURIEN, elle est habitée maintenant par Louis PICARD et Marie BOURIEN.

 

L'HÔTEL DE VILLE

Ou

LA MAIRIE ET LES ECOLES

En descendant des Fossettes, nous entrons à l'hôtel de ville comme on dit dans le grand monde. La mairie nouvelle fut construite en 1872 par le maire Mathurin LAMY. Jusque là Concoret manquait d'un local pour la mairie. On n'avait que des locaux de fortune. Elle avait, vers 1870, une chambre de la "maison de 1863" où Monsieur NORMAND faisait l'école des garçons, il prenait pension chez Mathurine MARCHAND au bas du bourg. Mademoiselle LEROUGE fit l'école des filles. De 1863 à 1868 Cette salle fut transférée dans une chambre de la maison LAMY et enfin en 1872, le grand champ des Chênots fut acheté et la mairie construite avec une école des garçons et une école des filles. Le maire y fit adjoindre la chambre de l'horloge avec un cadran qui marquait, je ne sais pourquoi, 11h20 en attendant l'horloge proprement dite qui ne fut jamais achetée.

C'était sur la petite place de la mairie qu'on dressait chaque année le monumental et gracieux reposoir de la Fête Dieu. L'endroit est bien choisi, la rue, depuis la maison à Virginie jusqu'à la mairie étant droite, c'était une avenue ornée d'arcs de triomphe, de bouleaux et grands draps blancs, sapins et guirlandes. De la maison de Virginie, le coup d'œil était féerique.

C'est sur cette place également que chaque année on tirait le feu d'artifice du 14 juillet. Les spectateurs se massaient sur un terrain vague où a été construit la maison des P.T.T.

Comme maire de l'époque j'ai connu Mathurin LAMY qui fut remplacé peu de temps par son fils du même nom, lequel eut pour successeur son cousin : Louis DESBOIS de la Roche. Celui-ci resta de longues années maire de Concoret. Ce fut sous sa magistrature que fut construite la nouvelle église par monsieur l'abbé GAUTHIER de Peillac, laquelle église, à peine sortie, eut les honneur de l'inventaire de 1906. Il y eut à ce moment des incidents comico-dramatiques dont les anciens, qui étaient des enfants à cette époque, se souviennent. Il y eut de quoi payer sa place.

En 1921 Mathurin RUELLAN fut élu maire de Concoret en remplacement de Louis DESBOIS.

J'entrai à l'école à l'âge de 4 ans, mon premier maître d'école fut Monsieur JOSSO qui se maria avec une fille PERRUCHOT de Brangelin vers 1880 et partit instituteur dans un même temps à Porcaro où il devait rester jusqu'à sa retraite. Monsieur BRIEL le remplaça. Il était vêtu d'un costume breton (veste de velours et chapeau à rubans). Monsieur BRIEL portait le costume de Vannes.

Monsieur BRIEL ne fit que passer, comme Monsieur JOSSO. C'est probablement lui et Madame LEROUGE qui ouvrirent deux nouvelles écoles pour classes de petits garçons et petites filles. Ces deux nouvelles écoles furent ouvertes en 1882, bâties par un entrepreneur en maçonnerie de Médréac. On y ajouta, au fond de la cour des filles, une maison d'habitation pour l'institutrice adjointe. Le bâtiment principal fixé entre les écoles comportait comme maintenant :

1° une grande salle au 1er étage, c'était la mairie proprement dite.

2° Beaucoup d'autres chambres qui servaient d'habitation aux instituteurs et institutrices.

En 1882 furent nommés des instituteurs et institutrices adjoints. Au départ de Monsieur BRIEL arriva Monsieur MORINIAUX originaire de Saint-Méen-le-Grand qui le remplaça. Monsieur MORINIAUX avait été marié une première fois, Madame MORINIAUX mourut jeune un fils était né de ce mariage. Ce fils s'en alla aux missions étrangères qui l'envoyèrent en Chine. En arrivant à Concoret Monsieur MORINIAUX s'était remarié avec Jeanne LIMOUX de Saint-Méen-le-Grand comme lui, laquelle devint adjointe comme institutrice. Monsieur MORINIAUX paraissait fort instruit, il avait eu lui-même l'intention d'aller au séminaire (comme ses frères prêtres au diocèse de Rennes) mais ses supérieurs l'en avait écarté à cause de son visible penchant pour la boisson. Je le lui ai entendu dire moi-même et Jeanne LIMOUX n'était pas capable de le modérer, elle lui donnait même le mauvais exemple. Alors vous voyez d'ici le pittoresque de l'école, disons plutôt le désordre. Des plaintes raisonnables furent formulées et l'inévitable arriva, les MORINIAUX furent mis à pied. Ils se retirèrent dans je ne sais quelle maison au Vaubossard et, sans ressources pou ainsi dire ils vécurent bien des années réduits à la mendicité, bien que malgré lui, on continuait à l'appeler "Monsieur", tant on sentait en lui un homme de grande culture intellectuelle, mais sorti de sa voie, de tous côtés on le plaignait, on avait pour lui une grande estime malgré son inaction et on était bon en sa faveur. Les dernières années il parut donner des signes d'aliénation mentale. Jeanne VIGOUX lui survécut plusieurs années et caressant la bouteille jusqu'à la vider quand elle pouvait.

Les MORINIAUX furent remplacés à la rentrée scolaire de 1882 par Monsieur LE QUIDEC, celui-ci était originaire de Plumeliau. Il a laissé à Concoret le souvenir d'un maître d'école très instruit. Il avait fait ses études chez les frères de Ploërmel qui l'avaient envoyé en Amérique. Etant d'un tempérament entier, il quitta les frères de Ploërmel pour une question de discipline et devint instituteur à Concoret.

Il se montra toujours instituteur hors-ligne et ses jeunes élèves étaient magistralement instruits sur toutes les matières de classe et connaissaient même la sténographie Duployé. C'était trop beau pour Concoret. Ce champ n'était pas assez vaste pour sa grande culture. On lui ,donna pour adjoint Monsieur ROQUES originaire d'Albi qui passa peu de temps puis Monsieur SURLOT. Quand il eut en 1883 ouvert sa nouvelle classe il fut nommé à la rentrée scolaire de1884 à Guilliers où je le revis quelquefois. Je sus qu'il s'était marié à une fille GALHERAN de Mauron puis je le perdis de vue.

Monsieur LE QUIDEC fut remplacé par Monsieur BERNARD qui devait rester 5 ou 6 ans à Concoret. Il était morbihanais et avait, je crois, débuté comme instituteur au Temple, près de Carentoir. Là il s'était marié à une fille SIMON, petite paysanne du Temple. De ce mariage naquit un enfant du nom de Adolphe. Madame BERNARD mourut le 30 septembre 1887, l'enfant fut élevé par ses grands-parents au Temple.

Monsieur BERNARD n'était pas mauvais instituteur mais ses élèves sentaient bien qu'il n'arrivait pas à la cheville de Monsieur LE QUIDEC. Il eut comme adjoint Monsieur BOURQUIN, originaire disait-on de la Suisse. Il ne passa à Concoret que quelques années et fut remplacé par Monsieur ETIENNE

Messieurs BERNARD et ETIENNE ne restèrent à Concoret que jusqu'en 1890. Monsieur BERNARD, avant son départ, se remaria à Mademoiselle RANC, institutrice titulaire, originaire des Pyrénées. Sitôt après son mariage, elle emmena son mari dans son pays. Depuis lors, Concoret n'a plus jamais entendu parler d'eux.

Au départ de Monsieur BERNARD ce fut Monsieur JAPPE de Josselin qui devint titulaire à Concoret et devait y rester longtemps. Monsieur COUDE de Saint-Brieuc-de-Mauron fut quelques années son adjoint. C'était un violoniste de talent.

 

LA MAISON DE 1883

Sortant de la mairie, nous traversons la route d'Isaugouët qui fut ouverte en 1872 et n'allait pas plus loin que la limite de Paimpont. La maison de la poste n'étant pas encore construite nous passons tout de suite à la maison de 1883. Elle fut construite par Joseph DESBOIS des Fossettes, dans un jardin qui lui appartenait. Cette maison fut d'abord louée vers 1885 à Monsieur PAILLARD qui était limousin d'origine et faisait son service militaire à Lorient comme adjudant. C'est à Lorient qu'il a connu Marie PONGERARD du Vaubossard, sœur de Matoche. Monsieur PAILLARD ayant décidé de prendre sa retraite, vint se retirer à Concoret, le pays de sa femme. Ayant trouvé cette maison à louer Monsieur et Madame PAILLARD vinrent l'habiter avec leur petite fille Pauline née en 1882, laquelle vient de mourir religieuse au Canada à l'âge de 73 ans.

Monsieur PAILARD mourut en 1887 et Madame veuve PAILLARD loua alors une petite maison à la Rioterie. Elle devait y habiter plusieurs années tout en exerçant les fonctions de domestique au presbytère chez Monsieur NOBLET, recteur, à la mort d'Angélique GUESNEE de Ploërmel. La maison de 1883 fut ensuite habitée par une jeune fille qu'on appelait "Branline" car elle marchait toujours en se dandinant.

Branline qui se maria à PIEDVACHE quitta Concoret et ce fut désiré ALIX, tailleur d'habits d'Haligan qui vint s'y marier le 31 mai 1892 avec Joséphine DESBOIS du bas du bourg. Le ménage ALIX-DESBOIS ne dut pas y rester longtemps et il y eu plusieurs autres locataires, entre autre un nommé BOSCHERIE de Paimpont qui exerçait le métier de boulanger mais aussi un nommé GUILLARD boulanger également, marié à Adélaïde EVEILLARD de Mauron.

A la mort de GUILLARD, sa veuve se remaria avec un jeune homme de Mauron et ils allèrent quelque temps après, habiter Rennes, rue St Melaine. Adélaïde est morte à Rennes il y a quelques années.

J'ignore qui habita cette maison au départ des GUILLARD. Maintenant elle est habitée par Eugène BOURIEN qui y tient une boulangerie avec sa femme Yvonne LUCAS.

Après la maison d'Eugène BOURIEN voici un hangar en planches qui relie la maison de Marie PACHEU

 

MARIE PACHEU

Marie PACHEU était originaire, je crois de Mauron. Elle s'était mariée avec un nommé SIMON de Concoret, frère de Jean-Baptiste de Rezel. De ce mariage était né un fils qu'on surnommait "Joseph CHATET", je ne sais pas pour quelle raison.

Joseph se maria avec une fille du Rocher et le couple eu une fille, Marie SIMON qui a maintenant 76 ans (en 1950). Cette petite fut élevée par sa grand-mère Marie PACHEU qui tenait une modeste auberge dans la très vieille maison, laquelle fut achetée plus tard par Emmanuel ALLAIRE et sert maintenant d'écurie au ménage LEGENDRE. Cette maison date de 1600 environ, elle aurait donc 350 ans.

Au départ de Marie PACHEU ou plutôt à la cessation de son auberge, Marie PACHEU se retira dans une toute petite maison bâtie dans son jardinet, laquelle suffisait à ses vieux jours.

Louis DESBOIS de Comper loua l'ancienne auberge et vint l'habiter le 29 septembre 1889 avec son fils Louis et son commis, le fameux "Bizette", originaire de Muel, qui travaillait les sabots sous le petit hangar. On vit pendant plusieurs années une grande inscription tracée par une main espiègle : "Bizette, saboterie en tous genres" Louis DESBOIS resta là plusieurs années et son fils alla s'installer dans la maison du Suc, à l'entrée du chemin de Trébran.

Marie PACHEU qui était devenue très vénérable grand-mère était très charitable et très serviable. Elle gardait volontiers les enfants du quartier, tout en tricotant devant le hangar de Bizette avant qu'il ne disparaisse. Quels doux souvenirs pour les enfants du bourg confiés à la houlette de Marie PACHEU par les mamans obligées d'aller au travail ! Celle-ci remplaçait Julienne PRESSE qui gardait les enfants du bourg et mourut en 1883.

Marie PACHEU entra en fonction précisément en 1885 et jusqu'en 1890. Brave et digne femme unanimement regrettée à sa mort en 1890.

La maison de Marie PACHEU, devenu écurie LEGENDRE à été démolie par la commune.

A la sortie de cette maison, nous passons à la maison GUILLEMEOT qui, actuellement, est habitée par Jean-Baptiste PIRON.

 

LA MAISON GUILLEMOT

En 1880, cette maison appartenait aux BERHAUT et était habitée par un nommé GUILLEMOT marié à une fille HERVE du Pertuis-Néanti. Sa mère était une RUELLAND de la Bouvrais que tout le monde appelait je ne sais pourquoi "Tantine BETTON" et son frère était meunier au moulin d'à-bas d'Isaugouët. Combien de temps demeura GUILLEMEOT dans cette maison où il installa une auberge ? Je l'ignore. Il en partit vers 1882 pour aller habiter à Plélan. Un nommé ROSSELIN de Trébran, boucher de campagne installa sa boucherie "A bon marché". Devant sa maison, chaque dimanche, il débitait de la viande aux passants heureux de trouver à l'étalage des prix très bas.

Cette petite maison à un étage ne paraît pas très vieille à côté de ses deux voisines. Tout au plus elle datait en ce moment d'une centaine d'années et remplaçait, de toute évidence, une maison tombée en ruines et démolie. Pierre CHEVALIER de Rezel vint s'y installer au départ de GUILLEMOT. Marie Claire THEBAUT, femme de Pierre CHEVALIER n'ouvrit pas d'auberge, son mari était carrier au Lohit. Il y eut beaucoup d'enfants dans ce ménage de braves gens : Pierre qui vers 16 ou 18 ans se noya dans le grand étang de Comper, Victorine qui partit en Beauce et se maria à un nommé DECOURTY et, âgée de 75 ans, habite maintenant Chateaudun, Isidore, mort cantonnier il y a quelques années, Mélanie, qui habite à la Loriette. D'autres sont morts sans doute, peut-être y a-t-il encore des vivants. La famille CHEVALIER dut rester là jusqu'en 1895. Henri DUNO, ouvrier cordonnier chez son oncle Victor (maison de Matoche) y transféra son échoppe de cordonnier

Qui habita cette maison au départ d'Henri DUNO ? Sans doute Marie RUELLAND, institutrice en retraite qui l'avait achetée à la vente des propriétés BERHAUT. Mais Marie préférais la Bouvrais à la maison du bourg. Elle y construisit une belle maison et quitta le bourg, louant sa maison au ménage GROSEIL-BIRON qui y installa la première cabine téléphonique de Concoret. Au départ sans doute du ménage GROSEIL, Marie RUELLAND loua sa maison à Jean baptiste PIRON qui y ouvrit une auberge.

MAISON DESBOIS

En 1880 cette maison était habitée par Félicité DESBOIS appelée "Cité" et son frère Louis, célibataire et chantre à l'église. Louis mourut en 1883 à l'âge de 50 ans. Cette maison, très vieille était agrémentée, sur son derrière, d'une écurie à vaches, d'une cour et d'un grand jardin qui s'étendait jusqu'à la route de la Bouvrais, près de laquelle était une grange couverte en chaume, faisant partie de la même propriété. Le jardin existe toujours mais la grange a été démolie. Cité survécut à son frère d'une vingtaine d'années, restant seule dans sa maison. Il me semble qu'elle ne s'était jamais mariée.

Louis et Cité avaient une sœur mariée à un nommé POIGNANT de Saint-Malon où elle habitait. Cette famille DESBOIS était née, je crois, à la Roche, apparentée à Joseph DESBOIS des Fossettes et Louis DESBOIS Maire de Concoret, Jean DESBOIS de la Roche et Marie-Sainte DESBOIS mariée à Mathurin GOUELLEU de Trébran. Elle était apparentée aussi, par leur mère, à la famille LAMY du bourg. J'ai toujours pensé que Louis et Cité avaient hérités de cette maison contiguë à la maison LAMY du bourg et que cet héritage remontait à la mort de leurs parents vers 1840.

Cité DESBOIS était une personne très sérieuse, excellente chrétienne et très charitable. Elle avait plusieurs vaches et exploitait sa petite ferme toute seule. Elle conduisait souvent ses vaches dans la prairie des "Maligaines" à laquelle on avait accès par la route d'Halligan. Cette prairie est arrosée par le ruisseau qui relie la "Planche-Bouvier" à "Tuboeuf" avant d'arroser les prés du Rox et de traverser la route de Mauron au pont de la Claie, d'alimenter ensuite le moulin du Pigeon et, par la campagne de Saint-Léry, d'aller se déverser dans la rivière de Mauron qui va, elle même, se jeter dans l'étang de Ploêrmel.

Entre temps, vers 1886, Victor POIGNANT, neveu de Félicité DESBOIS, marié à Anne-Marie DELAUNAY de Saint-Péran, était venu habiter la "maison de 300.000 ans" dont il avait hérité de sa mère, sœur de Félicité. A la mort de Cité il hérita aussi de sa maison. Au bout de quelques années, il la vendit à Constant JEHANIN, boucher, qui, plusieurs années plus tard, la revendit à BERSON commerçant à Paimpont, lequel le revendit à son tour à Vincent PIRON, marié à Emilienne GORTAIS de Gaël qui y tient un commerce de légumes, fruits et poissons.

Elle a l'apparence d'être une des plus vieilles maisons de Concoret mais elle est encore bien solide et, à n'en pas douter, elle abritera encore plusieurs générations.

 

MAISON LAMY

La maison LAMY paraît avoir appartenu dès l'origine à la même famille puisque les deux familles LAMY DESBOIS étaient apparentées. Les deux maisons LAMY-DESBOIS furent construites à peu près à la même époque. La maison LAMY fut construite en 1610, la même année que celle de Marie PACHEU et probablement celle de Cité et celle que remplaça la maison PIRON-RISSEL. Seule la maison PACHEU qui se trouve au bout de la rangée était destinée à finir ses jours comme écuries, les autres sont encore maisons d'habitation, âgées de 350 ans.

La maison LAMY a toutes les apparences d'une maison bourgeoise et d'un petit manoir avec sa belle porte cintrée qui vient d'être rajeunie, avec son premier étage, avec ses fenêtres au rez-de-chaussée surmontées d'une sculpture remarquable. De fait la famille LAMY, qui en était propriétaire, l'habita dès l'origine. Elle ne fut érigée en ferme qu'à la mort de Mathurin LAMY et maintenant, rajeunie, elle a repris son allure de maison bourgeoise d'antan.

Le 12 Prairial an II (c'est à dire en 1803) naissait là Mathurin-Marie LAMY qui, âgé de 27 ans fut élu maire de Concoret en 1830. En 1841,le 10 juin, il se maria à Thérèse MORFOUESSE-DESBOIS. Ce mariage eu 4 enfants que j'ai tous parfaitement connus. Il y eu l'aîné, Mathurin-Ange-François né le19 juillet 1842, ensuite vinrent deux filles, Alexandrine qui se maria à Jean BRIAND de la Roche, Antoinette, morte célibataire le 8 juin 1888 et Victor qui se maria à Paris et fut père de Roger LAMY, actuel propriétaire.

Mathurin-Marie LAMY-MORFOUESSE est mort le 31 mai 1874. Son fils Mathurin-Ange resté célibataire lui succéda comme maire, il le resta jusqu'à sa mort le 27 juillet 1884.

Antoinette resta seule à la tête de la ferme pendant un an ou deux et se retira dans la petite maison voisine, transformée de ce fait en maison d'habitation. Sa mort eu lieu pendant la retraite de Communion et tous les retraitants dont j'étais, vinrent lui jeter de l'eau bénite et faire une prière pour elle.

A sa mort, la grande maison fut louée à Placide GLAIS du Rocher marié à Angelique EON du même village qui durent rendre la ferme à la St Michel de1885 ou 1886. Le pavillon d'Antoinette fut loué plus tard à Henri GOUELLEU qui, à la mort de Victor DUNO, y transporta son échoppe de cordonnier.

Les GLAIS restèrent dans cette ferme assez longtemps. Ils eurent trois garçons : Armand, Joseph et Henri, qui, sans doute comme leurs parents sont partis pour leur éternité.

Au départ des GLAIS, sans doute, la grande maison fut louée à Emile ALLAIRE marié à Marie COLLET d'Iffendic, de vénérée mémoire ils élevèrent quatre garçons : Alphonse, Henri, Emile et Léon. Au bout de quelques années ils s'en furent habiter au Vaubossard dans la maison de "Marie-Sainte au bon Dieu" où Emile mourut le premier, Marie mourut à la Pentecôte de 1942.

Depuis la mort de Henri GOUELLEU, Monsieur Victor LAMY s'était réservé la petite maison pour y passer chaque année ses vacances avec sa famille. Au départ du ménage ALLAIRE-COLLET, la grande maison fut louée à Jean PICARD marié à Rosalie BRIAND qui y son restés jusqu'en 1956, date à laquelle Roger, fils de Victor, a cessé la location, fait d'heureux aménagement à toute cette propriété dont il est devenu l'héritier et l'habite maintenant avec sa sympathique famille.

Ainsi vont les choses, les unes tombent en discordance et en ruines, les autres retrouvent, de temps à autre, nouvelle jeunesse, pour finir en beauté et sortent dans un âge très avancé. La maison LAMY, d'une construction fort solide défiera de nouveaux siècles.

 

LES BREBIONS

En sortant de la maison des LAMY, nous tournons vers la gauche et nous voici au quartier des Brebions. Aux Brebions sont construites trois maisons : la maison de Jean-Marie JOSSE, la maison de monsieur GOUELLEU et la maison de la famille BARBIER

A la rue de l'audience qui longe le cimetière, contournant l'Eglise paroissiale, au midi prend naissance le passage des Brebions qui conduit à la place des Brebions qu'il traverse. A partir de la Rioterie il prend le nom de "chemin du Pont Rébaux".

Venant du haut du bourg par la maison LAMY, nous entrons tout de suite place des Brebions avec, à gauche, l'écurie de Jean-Marie JOSSE à laquelle est associée la maison d'habitation, maison qui paraissait avoir une centaine d'années tout au plus.

Jean-Marie JOSSE, sa femme et ses trois filles : Thérèse, Claire et Marie habitaient là faisant de la culture et tenant une boulangerie. Le 30 novembre 1878, Thérèse, que je crois était l'aînée, se marie à Victor ROLLAND de Comper. Marie mourut jeune fille d'une vingtaine d'année en 1883, Thérèse en 1896, seule Claire survécu à ses sœurs et demeura de longues années dans la maison paternelle et, après la mort de ses parents, de ses sœurs et de son beau-frère, alla finir ses jours dans un âge très avancé chez sa nièce Thérèse ROLLAND mariée à Mathurin GOUELLEU, dans la nouvelle maison que Victor ROLLAND avait fait construire vers 1890 à l'angle de la route de Mauron et Brangelin.

Jean-Marie JOSSE et son épouse moururent dans les années de leur fille Marie et la maison s'appela dès lors "Maison de Victor ROLLAND". Victor ROLLAND et Thérèse JOSSE eurent deux enfants ; Victor et Thérèse. Victor devait succéder à son père comme boulanger dans la maison familiale des Brebions et Thérèse se maria à Mathurin GOUELLEU et alla fonder une maison de commerce dans la nouvelle maison, route de Brangelin.

Victor, né en décembre 1881 se maria avant la guerre de 1914 avec une fille du Loscouët : Léontine PERTEL. Ce mariage fut certainement béni de Dieu et eu un assez grand nombre d'enfants dont l'un, Maxime, est boulanger au Loscouët. L'aîné, André est boulanger aux Chênots et a été élu maire de Concoret. Victor a maintenant 75 ans et nous lui souhaitons de vivre encore longtemps pour la joie de ses enfants, de ses petits enfants et de ses nombreux amis. Il eut la douleur de perdre son épouse entre les deux guerres et dû se dévouer seul à l'éducation de sa nombreuse famille.

Thérèse, qui avait été en pension chez les sœurs de l'Immaculée conception de St Méen eut aussi un grand nombre d'enfants, parmi lesquels l'abbé GOUELLEU recteur de St Léry. Etant devenue d'une santé chétive, elle mourut en août 1940.

La maison natale des Brebions a été restaurée d'une façon heureuse. C'est maintenant une des plus belles de Concoret, habitée toujours par Victor ROLLAND, devenu grand-père et par Henri ALLAIN son gendre.

 

LA MAISON GOUELLEU

En 1880, depuis plusieurs années, habitait là le ménage Mathurin GOUELLEU, Mathurine BARBIER. La famille GOUELLEU (nom bien breton) était originaire de Gaël.

Mathurin GOUELLEU avait voyagé plusieurs années. Quand il revint, il se maria avec Mathurine BARBIER de la Gourichais, sœur de Louis BARBIER des Chênots.

"Monsieur" GOUELLEU avait quitté la blouse paysanne et, ayant un certain prestige dans son entourage, reçu le titre de "Monsieur" et son épouse Mathurine, bien que revêtue d'habits paysans hérita du titre de "Madame". Seules les paysannes de son âge l'appelaient Mathurine, comme la "Papillonne" de Trébran, à un tel point que j'en étais choqué et je demandais à ma mère pourquoi ces vieilles femmes l'appelaient Mathurine alors que presque tout le monde l'appelait "Madame GOUELLEU". Monsieur et madame GOUELLEU Habitèrent là je ne sais combien d'années mais assez longtemps je crois avant 1880, année de la mort de monsieur GOUELLEU. Madame GOUELLEU devenue veuve, pris la décision de se retirer dans la chambre de l'échoppe du Suc, route de Mauron, qu'elle prévoyait lui suffire pour son habitation net son travail (elle était lingère et repassait les coiffes). Elle vint donc, je crois vers la St Michel 1880, année de la mort de Monsieur GOUELLEU, habiter sa nouvelle demeure, après avoir fait une vente aux enchères, du mobilier dont elle n'avait pas besoin. Mes parents achetèrent un beau fauteuil qui, depuis 76 ans, porte encore le nom de fauteuil de Madame GOUELLEU.

Au départ de Madame GOUELLEU de la maison des Brebions, cette maison fut habitée par Pierre GOUELLEU et Anne Marie GORTAIS son épouse, ses beaux-parents grand-père GORTAIS et grand-mère PICHOT pour lesquels on construisit une petite maison dans la cour.

Grand-père GORTAIS était âgé de près de 80 ans et grand-mère PICHOT son épouse avait 74 ans.

Le ménage Pierre GOUELLEU-Anne-Marie GORTAIS avait comme enfants : Mathurin né le 31 mai 1869, Alexis né le 31 janvier 1871, Henri né en 1783, Laurent né le 2 mars 1877 et Marie-Anne née le 5 avril 1879. Un sixième enfant naquit au bourg en 1881 : Maxime

Le ménage venait de Brandeseul, Mathurin, l'aîné, avait 11 ans en 1880. Montrant beaucoup de bonnes dispositions pour l'étude il fut placé par ses parents en pension à l'école très florissante des frères de Gaël où il reçu une excellente éducation et fit de rapides progrès très remarqués à Concoret. Il revenait chaque année aux vacances avec des brassées de beaux prix à tranches dorées que Mathurin, mon grand ami, me prêtait à lire. Je les ai tous dévorés de 1885 à 1889.

Mathurin et Alexis, au sortir de l'école, grandirent près de leurs parents qui les employaient aux travaux agricoles.

En janvier 1890, Mathurin partit soldat en Algérie pour 3 ans car sa classe fut une des premières bénéficiaires de la loi du 23 juillet 1889 abaissant le service militaire de 5 ans à 3 ans.

Alexis, né le 31 janvier 1871 se maria au commencement du siècle à Judicaëlle SEBILLOT de Gaël. Il s'établit à Trébran où il fonda une belle famille. L'un de ses enfants, Maxime, est actuellement conseiller municipal de Concoret. Il mourut en novembre 1953 âgé de 82 ans.

Henri né en 1873 fut élevé chez sa tante Madame HELE à Concoret et était estropié, probablement de naissance. Il prit le métier de cordonnier, resta célibataire et mourut vers 1913 à Concoret.

Laurent né le 2 mars 1877 prit le métier de boulanger qu'il exerça plusieurs années à Dol de Bretagne où j'allais le voir en 1902, il est mort à Concoret ces dernières années.

Marie-Anne, née le 5 avril 1879 est la seule survivante des enfants GOUELLEU-GORTAIS. Nous lui souhaitons une vieillesse prolongée et heureuse.

Maxime, né au bourg en 1881, mourut à la guerre de 1914. Monsieur le chanoine MOISAN, vicaire général de Vannes, qui avait été témoin de sa belle conduite au front, ne tarissait pas d'éloges à son sujet.

Le père Pierre GOUELLEU mourut âgé de 72 ans et son épouse Anne-Marie GORTAIS à 69 ans. Ils furent à mon avis d'excellents chrétiens qui durent là-haut avoir une belle récompense pour les bons exemples qu'ils avaient toujours donné notamment dans l'éducation de leurs enfants.

Mathurin GOUELLEU, au service militaire en Algérie avait su garder ses sentiments religieux, contrairement à tant d'autres. Il rentre dans sa famille à l'automne de 1893. Son retour coïncida avec mon entrée au collège de Chantepie près de Rennes, mais je revenais en vacances de temps en temps, surtout à Pâques et en août, j'avais souvent l'occasion de le voir. Aussi bien il ne se passait pas de jour où j'avais l'occasion d'avoir avec lui quelque entretien et c'est dans l'intimité que je constatais avec un plaisir immense combien la caserne lui avait permis, non seulement de développer sa belle instruction mais aussi d'acquérir une grande expérience des hommes et des choses. Aussi au moment des élections de 1896, j'étais convaincu qu'il était l'homme le mieux qualifié pour devenir maire de Concoret. C'était un jeune homme intelligent, droit, juste en toutes circonstances, bon, charitable, ami du progrès. J'étais sûr que s'il devenait maire, la commune de Concoret serait une des mieux administrées dans le Morbihan. Ce jeune homme était un modèle à tous points de vue. Il avait alors 27 ans.

Mais je ne sais au juste pour quelle raison il ne présenta pas aux élections. Aux élections suivantes il était sur la liste des candidats et il fut élu à la presque totalité des voix ce qui montre bien l'estime dans lequel le tenaient les gens de Concoret. Il fut choisi comme adjoint. Le maire habitait la campagne, c'est Mathurin GOUELLEU qui remplissait presque toutes les fonctions de maire. Il resta adjoint de nombreuses années.

A 60 ans de distance je suis heureux et fier de décerner à sa douce mémoire, la palme de mon estime profonde et d'une amitié sincère qui dure toute sa vie, palme bien méritée par celui qui fut l'honneur de la paroisse et de la commune de Concoret. Il fut de longues années président du conseil paroissial.

Marié à Thérèse ROLLAND, il fonda une belle famille, l'un de ses fils est recteur de Saint Léry. Thérèse est morte en août 1940. Mathurin mourut en décembre 1956. Des circonstances indépendantes de ma volonté m'empêchèrent d'assister aux obsèques mais il eut, par mon entreprise une messe aussitôt après sa mort et depuis dans mes visites au cimetière je ne manque jamais d'aller sur sa tombe en souvenir de notre amitié.

En sortant de la maison GOUELLEu nous empruntons le passage des Brebions, bordé à sa droite par le jardin de Virginie et l'atelier de Joseph HERVE (pas de maison d'habitation) à sa gauche par l'écurie HERVE où couchait Papa Jeannette, c'est à dire le grand-père maternel des enfants HERVE qui était heureux de trouver là, en hiver, la chaleur qui convenait à son grand âge. On l'appelait "Papa Jeannette" parce qu'il était né à la Jeannette. En réalité il s'appelait HAUPAS père de la femme HERVE. Enfin après Papa Jeannette habita dans la maison du Suc, c'est à dire Mathurin BARBIER, cordonnier, ce qui occasionnait au Suc de pratiquer la patience et la bonté au plus haut degré.

 

LE MASSIF CENTRAL

On appelait Massif central, un groupe d'arbres et d'arbustes séparés par d'autres plantations. . On peut aussi appeler de ce nom un groupe de maisons séparées des maisons voisines lesquelles s'alignent sur des rangées.

C'est ici le cas : 4 maisons groupées sans faire de rangées, donc construites sur un terrain indépendant : l4Audience, Maison de Madame HELE, Maison BOURIEN, Maison de VIRGINIE. Oh ! ce n'est pas un massif bien étendu il y avait là sans doute un grand terrain vague dont on aurait pu faire une place ou un square mais on y construisit ces maisons qui font le centre du bourg.

En sortant du passage des Brebions nous tournons à droite et nous trouvons la maison très vieille appartenant à Madame HELE et louée par Joseph HERVE, charron.

 

MAISON HERVE

Joseph HERVE, né à l'illustre village du Perthuis–Néanti près de Barenton pouvait avoir une quarantaine d'année en 1880. Marié à Reinette HAUPAS de la Jeannette qu'on appelait je ne sais pourquoi Jeannette la Houssais, il vint, après son mariage s'installer charron en cette maison et y tenir auberge. Le ménage HERVE- HAUPAS eut plusieurs enfants. D'abord Marie qui devait se marier à Joseph GUILLOTIN du Vaubossard où elle s'y fixa comme cultivatrice et devait y mourir d'assez bonne heure après une vie bien chrétienne. Ensuite vint Elisa qui se plaça comme cuisinière à Rennes, resta célibataire et vint mourir dans son pays natal aux Chênots. Puis Auguste né en février 1876 qui continua le métier de son père, se maria à Rosalie DANDIN de Trévaye aux environ de 1900. Puis Jeannette qui se maria avec un cordonnier, Victor BOURIEN à la mort duquel elle partit à Rennes où elle habite encore, âgée de 77 ans environ. Enfin Augustine, née en février 1886, qui se maria avec un mauronnais et alla tenir une boucherie à Ménéac où elle est décédée depuis quelques années.

Nous ne pouvons, en parlant de la famille HERVE, oublier cet excellent jeune homme, ouvrier charron, qui pendant de longues années, travailla chez Joseph HERVE, c'était Auguste MEREL né à Beauvais vers 1860. C'était un jeune homme modèle à tous points de vue et donnait l'exemple aux jeunes de son temps. Vers 1888, se sentant malade, il rentra dans sa famille à Beauvais où il mourut en octobre 1888. Il fut inhumé à Paimpont.

Auguste HERVE ayant acheté vers 1900 la maison BARBIER des Chênots, il y fit construire au bord de la route, une nouvelle maison à l'emplacement de la forge du vieux BARON, maison qu'il agrandit plus tard quand il acheta la maison de Marie NOUVEL. C'est là que mourut sa mère Reinette et sa sœur Elisa et qu'il mourut pieusement le 2 novembre 1854 à l'âge de 78 ans.

Famille HERVE, belle famille de Concoret, disparue sauf Jeannette. Heureusement la famille fondée par Auguste HERVE la remplaça.

 

LE QUARTIER DU BAS DU BOURG

A la jonction de la rue de l'Audience et de la route du Tertre qu'on commence à appeler la route du cimetière, se tient la maison de commerce de la veuve GUERIN. Derrière cette maison, voici la cour de la ferme et la longue rangée des Rues Robin

 

LES RUES-ROBIN

D'où vient ce nom ? Il est bien difficile de le savoir. De date immémoriale les Rues-Robin portent ce nom. Il est simplement vraisemblable que dans les siècles passés un fermier du nom de ROBIN, nom très connu dans la région y édifia sa ferme et que depuis lors, après la disparition de cette famille ROBIN, le nom resta à ce coin du bourg où cet illustre inconnu, sans le savoir, sans le vouloir allait immortaliser son nom.

La rangée de maisons, toute entière, paraît originaire du 16 ou 17ème siècle. On y distingue :

1° Une grande maison d'habitation

2° D'autres maisons mornes, grandes, pouvant servir d'écuries et de commun. Le ménage COUDE avait acquis cette maison avec ses dépendances, sans doute par héritage.

Lorsque le ménage BARBIER-BERSON vint en 1880, habiter la maison de la Gicqueloire qui n'était là qu'en location, il alla installer sa boucherie et son auberge aux Rues Robin, bien que cette nouvelle habitation ne favorisa pas le commerce, mais sitôt la maison de la rue de l'Audience terminée BARBIER-BERSON alla s'y installer et Augustin COUDE-LEFOIX reprit sa maison d'habitation et comme elle était mise en vente, COUDE l'acheta. C'était vers 1883. Il prit un locataire comme fermier aux Rues-ROBIN, ce fut PINEL du CLIOT en Mauron. Le successeur de PINEL fut AUBIN de Muel qui arriva à Concoret vers 1891 et devait y rester jusqu'à sa mort. Les fermiers, dans les premiers temps de leur arrivée avaient trouvé le moyen de louer une des maisons secondaires de la rangée à une fille originaire de Mohon qui, sans doute s'ennuyant dans cette cour renfermée, retourna dans son pays et fut remplacée en 1883 par une famille de Bédée, composée de deux vieux garçons : Toussaint et Ange GREGOIRE et de leur sœur Jeanne qui, au bout de peu de temps émigrèrent à leur tour dans une petite maison de la Rioterie appartenant à Pierre PINSON grand-père d'Anna RAFFRAY. Ange mourut le premier soit à la Rioterie, soit aux Rues-Robin. Jeanne et Toussaint partirent prendre leur retraite définitive à la Chambre, route de Trébran.

Dans la suite, les Rues-Robin devaient tomber en héritage à Félix HILLION, fils de Thalie COUDE et marié à Philomène CHICOINE.

 

VERS LE BAS DU BOURG

Nous tournons cette fois à gauche et nous allons vers le bas du bourg. De suite à notre gauche nous trouvons une sorte de terrain vague composé d'un jardinet et d'un appentis appartenant à Louis BARBIER des Brebions, frère du Suc (Mathurin) et de Thérèse, femme BERSON.

Louis BARBIER s'était, vers 1871, marié à Rosalie BERSON de la Dorbelais qui habitait ce village. Il était boucher de campagne et en même temps journalier au presbytère. Vers 1879 il conçut le projet de fonder une boucherie au bourg. En attendant de se construire une maison sur le terrain vague de la rue de l'Audience, il loua la maison habitée par Augustin COUDE, maison appartenant à une jeune fille de Gaël qu'on appelait "la GICQUELLOISE". Il avait à ce moment trois enfants : Rosalie née en 1872, Anna née en août 1874 et Edouard né en avril 1876. Anna grandit et, devenue jeune fille, elle se maria au commis boucher de son père, Joseph CHESNARD de Mauron. Edouard fut tué d'un coup de pied de cheval dans le jardin de la mairie. Vers 1883, louis BARBIER qui avait fait construire sa maison rue de l'Audience y transporta son auberge et sa boucherie. A l'automne 1893, il eut le malheur de perdre sa femme. Resté veuf avec ses deux enfants, il garda son commerce et c'est vers cette époque qu'il choisit un commis qui devait devenir son gendre.

Le Suc et sa femme moururent aussi à l'automne 1893. Louis, soit par héritage, soit par achat, acquit la petite propriété de son frère avec l'intention d'agrandir sa maison personnelle, ce qu'il fit peu de temps après.

Louis mourut à son tour, après avoir marié sa fille Anna et la maison BARBIER s'appela dès lors maison CHESNARD.

A la suite de cette maison, la rue de l'Audience va se terminer avec, à sa droite, le vieux cimetière qui contourne l'église et à sa gauche, le jardin de Philomène TROCHU, veuve GUERIN. La rue de l'Audience je jette alors sur la route d'Haligan qu'on appelait alors la route du Tertre car elle n'allait pas plus loin que le Tertre.

Au bas du jardin de Philomène, à l'endroit précis où la rue de l'Audience se jette sur la route du Tertre, il y avait un puits profond qui alimentait, depuis des siècles, le bourg tout entier en eau potable. Mais en 1890 on s'aperçut que l'eau était mauvaise et le puits contaminé. Alors les habitants du bourg s'abstinrent d'aller à ce puits qu'on appelait le puits de la Générale ("communal" et "général" ont alors sans doute la même signification). La municipalité pense à le boucher puisque personne ne l'utilisait mais ce puits avait sans doute la vie dure, il ne disparut que vers le milieu du nouveau siècle.

 

LA VEUVE GUERIN

Philomène TROCHU, originaire de Mauron, s'était mariée avec un dénommé GUERIN, mais je ne l'ai jamais connu. Il avait du mourir très jeune entre 1870 et 1875.

Personne ne l'appelait "Madame GUERIN", on l'appelait de son vrai nom : Philomène TROCHU ou simplement Philomène. Elle tenait un grand magasin qui rivalisait avec la maison de commerce de Madame BERHAUT pour le haut du bourg. Quant à la maison de Virginie elle n'arrivait pas à la cheville des maisons de Philomène et de Madame BERHAUT.

Philomène était commerçante dans l'âme et avait une belle clientèle. Elle était assistée d'une très vieille tante Florine TROCHU, de sa jeune sœur et de sa mère Constance TROCHU, toutes les trois de Mauron comme Philomène. Elle avait de plus une factrice et une domestique.

Malgré son travail dans sa maison de commerce, elle trouvait le moyen d'assister les malades. C'est elle qui, sur la fin de sa vie, offrit à la nouvelle église la belle statue de sainte Philomène, sa patronne, dont la dévotion était recommandée par le saint Curé d'Ars.

Philomène mourut au commencement du 20ème siècle et la maison de commerce alla tout naturellement à sa nièce Constance qui se maria à Mathurin CHICOINE d'Illifaut, lequel mourut jeune. IL avait alors une petite fille Philomène, qui se maria à Félix HILLION de Saint-Malon. Ce sont eux qui continuent la maison de commerce florissante de leur grand-tante Philomène TROCHU.

 

TOTAINE ET JEANNE JOUX

Totaine, de son vrai nom François BOURIEN, était cousin d'Ambroise BOURIEN, marié à Thérèse BARBIER des Brebions et de Joseph BOURIEN de Rezel marié à Fanchette SOUFFLET , comme eux née à Rezel vers 1820.

Totaine était cordonnier et travaillait chez son ami Mathurin BARBIER des Brebions qu'on appelait le Suc. Quand le Suc ferma sa boutique pour se retirer impasse des Brebions avec sa femme Reinette GAUTHIER, Totaine, trop vieux pour lui succéder devint simplement journalier dans les maisons du bourg. "Jeanne JOUX", sa femme de son vrai nom Jeanne GUILLOUX, était à peu près du même âge que son mari et était originaire de Mauron ou St Léry. Elle était blanchisseuse pou les ménages du bourg et allait chaque jour laver le linge à la "Planche Bouvier" Par son assiduité elle avait acquit sa place au lavoir, près du pont, du côté de la Bouvrais, place que nulle laveuse n'eût osé se hasarder à lui ravir de crainte de déclencher une révolution parmi les blanchisseuses car, bien qu'excellente personne, Jeanne JOUX avait un franc parler et il n'eût pas fait bon lui ravir sa place.

Si je parle de Totaine et de Jeanne JOUX, c'est parce qu'ils habitaient la maison surélevée sise tout près de Madame GUERIN, entre celle de Madame HELE. Ils durent même y habiter depuis leur mariage jusqu'à leur mort. Cette maison appartenait à Madame GUERIN. A la mort de ses locataires en octobre 1893, les héritiers de Madame GUERIN reprirent la maison et firent disparaître l'escalier extérieur qu'ils remplacèrent par un escalier intérieur et, de la grande pièce unique qu'elle comportait, ils firent un magnifique salon de réception ou salle à manger pour les circonstances solennelles et fêtes familiales. Totaine et Jeanne JOUX étaient de braves gens, toujours de bonne humeur, toujours gais et charitables envers tout le monde. Ils avaient dans le bourg beaucoup d'amis et par conséquent beaucoup de travail.

A l'automne de 1893 la mort planait sur tout ce quartier du bourg. En octobre elle fauchait Le Suc et Reinette puis la femme de Louis BARBIER des Brebions, son vieux père BERSON de la Dorbelais et enfin Totaine et Jeanne JOUX. Ce furent des morts presque subites non accompagnées d'épidémies ni de grippe ni autre maladie. Six morts qui paraissaient jusque là bien portants. Il ne faut pas confondre Totaine avec Totaine deux, fils de Victor BOURIEN et de Jeanne Marie HERVE et cordonnier aussi dont l'échoppe était placée dans la maison de la GICQUETTE. Totaine deux est toujours vivant en 1957 et habite la banlieue de Paris.

Laissant la maison BARBIER, la dernière des Brebions avant le chemin de la Rioterie, nous revenons vers la place en longeant à notre gauche une espèce de grange qu'on appelait le "grenier au Suc". C'est dans cette grange que mourut vers 1881 une octogénaire du nom de Marie RAMEL. Cette pauvresse habitait en 1880 une chambre de la maison de Madame FILY, qu'elle louait aux BERHAUT pour la somme de 15 F par an. Ne pouvant plus payer son loyer, elle se réfugia dans le grenier du Suc où, au bout de quelques mois, elle mourut dans une misère noire.

Ensuite toujours à gauche voici le champ appelé le "courtil matinal" qui s'étendait des Brebions à la route d'Haligan, loué en ce moment par mas parents. C'est de là qu'un jour de 1879, accompagnant mon père, j'aperçus en bordure de la route d'Haligan, des constructions neuves qui entouraient un champ ou, du moins, elles me paraissaient l'entourer, je demandais à mon père ce que c'était, il me répondit : "C'est le nouveau cimetière, c'est là que, maintenant, on va enterrer les morts de Concoret". De fait, quelque temps après, en 1880, le cimetière ayant été solennellement béni, le premier enterrement qui s'y fit fut celui d'un enfant à Pierre PINSON de la Rioterie, mort âgé de quelques mois et les inhumations continuèrent dès lors le long du mur postérieur, jusqu'au haut du cimetière.

 

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